Mois : mars 2011

[L’actualité revisitée] « Ingérence » et « intervention »: la guerre en Libye en perspective

L’actuelle opération militaire en Libye a été présentée par le président de la République comme une opération à vocation humanitaire. Il s’agissait d’empêcher que l’armée du Colonel Kadhafi n’écrase  les rebelles retranchés dans Benghazi. A l’argument moral s’est joint un argument juridique : l’autorisation du Conseil de sécurité des Nations unies. L’opération militaire apparaît donc non seulement comme légitime mais aussi comme légale. Depuis le déclenchement des frappes, des voix discordantes se font toutefois entendre, critiquant notamment  l’interventionnisme occidental et remettant en cause le « droit d’ingérence ». Les notions d’ « intervention », d’ « ingérence », d’«action humanitaire »  ne sont pas neuves, et elles ont fait l’objet de multiples articles dans Politique étrangère, à lire ou à relire. Pour consulter les articles que nous avons sélectionnés, cliquer sur les titres ci-dessous :

– Dominique Moïsi, « L’intervention dans la politique étrangère de la France » (n°1, 1986)
– Mario Bettati, « L’ONU et l’action humanitaire » (n°3, 1993)
– Thierry de Montbrial, « Interventions internationales, souveraineté des Etats et démocratie » (n°3, 1998)
– Sylvie Brunel, « Les Nations unies et l’humanitaire: un bilan mitigé » (n°2, 2005).

[Les grands textes] Le déclin (relatif) de l’Amérique (P. Kennedy, 1987)

Au moment où l’on s’interroge sur les futurs équilibres de puissance, et la place qu’y tiendront les pays émergents, il est temps de relire la brillante analyse de Paul Kennedy. Il y questionne la possibilité pour les Etats-Unis de demeurer une puissance dominante écrasante : « Il n’a jamais été donné à aucune société de rester en permanence en avance sur toutes les autres en réussissant à figer les différences d’évolution des taux de croissance, du progrès technologique et du développement militaire des pays qui ont existé depuis des temps immémoriaux ». Une bonne occasion de s’interroger, plus généralement, sur les critères de la puissance au XXIème siècle.

 

En février 1941, quand le magazine Life d’Henry Luce titra que le monde vivait le « siècle américain », cette déclaration correspondait aux réalités économiques. Les Etats-Unis, avant même que de participer à la Seconde Guerre mondiale, fabriquaient un tiers des produits manufacturés du monde, soit plus du double de la production de l’Allemagne nazie et près de dix fois celle du Japon. En 1945, après la défaite des pays fascistes, les alliés des Américains étant économiquement exsangues, cette proportion approchait de la moitié, soit un pourcentage jamais atteint jusque-là ni depuis par une seule nation. Les Etats-Unis, plus qu’aucun autre grand empire — empire romain, espagnol ou britannique de l’époque victorienne — , semblaient alors destinés à dominer la politique internationale sur des décennies, voire des siècles.

Dans ces circonstances, il parut naturel (quoique parfois malaisé) aux détenteurs du pouvoir de décision de faire bénéficier de la protection militaire des Etats-Unis les pays qui leur demandaient leur aide dans les années turbulentes de l’après-guerre. Citons leur engagement d’abord en Grèce et en Turquie, puis, à partir de 1949, leur contribution massive à l’OTAN, leurs relations privilégiées avec Israël et, souvent, à l’opposé, avec l’Arabie Saoudite, la Jordanie, l’Egypte et de petits pays arabes, leurs obligations à l’égard de leurs partenaires des organisations régionales de défense comme l’OTASE, le CENTO et l’alliance de l’ANZUS. Plus près de chez nous, il y eut le traité de Rio et les plans de défense spéciaux de l’hémisphère avec le Canada. Au début des années 70, comme le souligne Ronald Steel, les Etats-Unis « avaient plus d’un million de soldats cantonnés dans 30 pays, étaient membres de 4 pactes régionaux d’alliance défen sive et participaient activement à un cinquième, avaient signé des traités de défense mutuelle avec 42 nations, appartenaient à 53 organisations internationales et fournissaient une aide économique ou militaire à près de 100 pays du monde entier ». A la fin de la guerre du Vietnam, l’effectif des troupes américaines stationnées à l’étranger diminue certes énormément, mais la totalité des obligations américaines qui subsistaient aurait sans nul doute époustouflé les pères fondateurs.

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Politique étrangère : une revue, un anniversaire, un blog

Politique étrangère (PE) est la plus ancienne revue francophone consacrée aux relations internationales. Créée en 1936, elle fête en 2011 son 75ème anniversaire. De la montée des tensions ayant mené à la Deuxième Guerre mondiale aux révoltes du monde arabe, en passant par les soubresauts de la guerre froide, la chute de l’Union soviétique ou encore les attentats du 11 septembre 2001, tous les grands événements de ces 75 dernières années ont fait l’objet d’analyses originales dans Politique étrangère.

La revue

Politique étrangère (PE) est la plus ancienne revue francophone consacrée aux relations internationales. Créée en 1936 et publiée par l’Ifri depuis 1979, elle fête en 2011 son 75ème anniversaire. De la montée des tensions ayant mené à la Deuxième Guerre mondiale aux révoltes du monde arabe, en passant par les soubresauts de la guerre froide, la chute de l’Union soviétique ou encore les attentats du 11 septembre 2001, tous les grands événements de ces 75 dernières années ont fait l’objet d’analyses originales dans Politique étrangère.

A l’heure où la révolution numérique questionne le fonctionnement traditionnel de l’édition et annonce, pour certains, la fin des livres et des revues, PE se porte bien. Pour PE, le numérique apparaît comme un support complémentaire, plutôt que comme un support de substitution. La revue est déjà présente sur Internet : chaque sommaire est annoncé sur le site de l’Ifri, où deux articles de chaque numéro sont accessibles gratuitement ; les textes publiés depuis 2005 sont disponibles sur le portail Cairn et les archives, intégralement numérisées, sont accessibles sur Persée.

Alors, pourquoi lancer un blog ? La volonté de créer un blog pour PE part d’un constat simple : en 75 ans, plusieurs milliers d’articles ont été publiés et il est très difficile de s’orienter dans cette masse. Et pourtant, nombre d’articles mériteraient d’être relus aujourd’hui. Certains d’entre eux ont été écrits par des personnalités passées à la postérité – Raymond Aron, Claude Lévi-Strauss ou Jean-Paul Sartre… D’autres, par des auteurs moins connus mais parfois visionnaires. Grâce à ce blog, des textes écrits il y a 10, 25, 50 ou même 75 ans auront droit à une seconde vie et pourront contribuer à enrichir les débats d’aujourd’hui.

Ce blog, fondé sur le principe d’un dialogue entre le passé et le présent, comprendra aussi des textes plus récents, ou repris des numéros en cours. Nous mettrons ainsi en avant deux ou trois articles de chaque numéro et diffuserons des notes de lecture sur des ouvrages venant de paraître.

Dialogue entre le passé et le présent, avons-nous dit. Mais aussi dialogue entre les concepteurs d’une revue et ses lecteurs. Le blog vous offre en effet la possibilité – à vous, lecteurs – de faire part de vos commentaires sur les articles publiés. N’hésitez-pas non plus à nous faire parvenir vos remarques sur le blog lui-même puisqu’il est susceptible d’évoluer tant sur le fond que sur la forme. Flexible, évolutif, ce blog est aussi éphémère. Conçu pour durer le temps d’un anniversaire, il devrait prendre fin en décembre 2011. D’ici là, place aux textes à découvrir… ou redécouvrir.

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