Mois : novembre 2011 Page 1 of 2

Égypte : le PND au cœur du dispositif de succession

Alors que les premières élections de l’ère post-Moubarak ont actuellement lieu en Egypte, nous vous invitons à relire le dossier « Moyen-Orient: instabilités internes » publié dans Politique étrangère en 2007. Ce dossier comprenait notamment un article de Sophie Pommier intitulé « Egypte: le PND au coeur du dispositif de succession ». Cet article se terminait de la sorte: « Si la jeune génération se contente d’instrumentaliser le PND pour accéder au pouvoir, sans en maîtriser les mécanismes qui assurent le maillage et le contrôle du pays, le parti perdra sa principale raison d’être. La nature et le fonctionnement du régime en seraient profondément transformés et l’on entrerait dans une ère nouvelle, avec les risques afférents. Si, de plus, le pari de la réforme économique met trop de temps à se révéler gagnant, la situation pourrait devenir intenable. Que ferait alors Hosni Moubarak ? ».

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L’échéance de la succession se profile en Égypte, dans le contexte d’une réforme, dans les faits limitée à la libéralisation économique. L’influence de Gamal Moubarak s’exprime dans un renouvellement des cadres du régime, et au premier chef dans le contrôle du Parti national démocratique, cœur de la vie politique égyptienne. Le congrès de 2006 du PND a marqué une étape dans l’ascension du fils du président, tout en mettant en relief des lignes de clivage au sein de l’appareil.

En accord avec l’air du temps, le régime égyptien affiche une politique de réforme, de fait limitée à une libéralisation économique. Comme dans les pays arabes voisins, cette mutation lui permet de se recentrer autour des seuls changements nécessaires à sa survie. Mais en Égypte, cette période de mutation s’est juxtaposée à d’autres contraintes qui ont contribué à électriser le climat. En 2005 en effet, il a fallu passer le cap de deux élections, présidentielle et législatives, au moment où, dans le cadre de leur politique de remodelage du Grand Moyen-Orient, les Américains multipliaient les pressions en faveur de la démocratisation. Dans le même temps, le discours sur la réforme est porté par une génération nouvelle – conduite par le fils du président, Gamal Moubarak –, et suscite tensions et lignes de clivage au sein des équipes dirigeantes, d’autant que l’échéance de la succession se profile : septuagénaire, le président a été victime ces dernières années de deux accidents de santé qui ont alimenté la rumeur.

L’ère post-électorale et la question de la succession

Si les consultations électorales ont été plus ou moins maîtrisées, le bilan reste mitigé. Certes, Hosni Moubarak a été réélu avec 88,6 % des suffrages exprimés, et le Parti national démocratique (PND) a maintenu sa très confortable majorité à l’Assemblée du peuple avec 323 sièges sur les 444 soumis au vote. Pourtant, le régime a été quelque peu malmené : les hautes sphères du pouvoir, et notamment la famille du président, ont été critiquées en des termes très sévères lors d’une campagne dont la liberté de ton fut inédite. Le taux de participation est resté très faible – aux alentours de 23 % selon les sources officielles –, et la percée des Frères musulmans a pris des proportions que les autorités n’avaient manifestement pas prévues, si bien que la fin des consultations a été entachée par un regain de fraude et de répression. Pour maintenir la suprématie du parti présidentiel, il a fallu réintégrer in extremis des candidats indépendants, comme en 2000, en dépit des promesses de ne plus recourir à cet expédient. Mais la manière sera vite oubliée : au final, le régime a réussi à se donner à moindres frais une apparence de démocratisation puisqu’il a autorisé la constitution d’un groupe d’opposition au Parlement (88 députés islamistes). Celui-ci ne dispose pas des moyens d’infléchir le cours de la vie politique et sert par ailleurs de repoussoir pour les Occidentaux dans la mesure où la confrérie apparaît comme la seule alternative au pouvoir en place. Le décor politique ainsi planté laisse le champ libre pour peaufiner le scénario de la succession.

Depuis le début des années 2000, Gamal Moubarak est au premier plan de la scène politique, au point de passer aujourd’hui pour le candidat le mieux placé. Né en 1963, le fils cadet du président a fait ses études à l’université américaine du Caire, en administration des entreprises, avant d’intégrer la Bank of America dont il a assuré pendant quelques années la direction de la branche londonienne. Dans le même temps, il a fondé Medinvest, une société d’investissements privés. Rentré en Égypte en 1995, il s’est entouré d’un aréopage de jeunes hommes d’affaires aux profils similaires au sien, familièrement appelés les « Gamal boys ». En 1998, il crée la Fondation pour les générations futures, qui vise à « soutenir et favoriser le secteur privé en Égypte, en contribuant à la croissance économique et à la compétitivité dans le pays ». La Fondation s’emploie à compléter la formation professionnelle de jeunes diplômés et manageurs égyptiens. Les membres de son conseil d’administration essaiment dans les différentes sphères d’influence du jeune Moubarak : au secrétariat général du PND, aux conseils d’administration du Centre égyptien d’études économiques et du Conseil d’affaires égypto-américain. Entré en politique, Gamal Moubarak a d’abord été chargé du dossier de la lutte contre la corruption mais ses activités d’homme d’affaires – voire d’affairiste aux yeux de nombre d’Égyptiens – ont porté atteinte à sa crédibilité en ce domaine. Il est aujourd’hui le héraut de la politique de libéralisation économique mise en œuvre depuis l’arrivée aux affaires, en juillet 2004, du Premier ministre Ahmed Nazif. En mars 2006, il s’est fiancé à Khadija el-Gamal, diplômée de l’université américaine du Caire, fille de l’homme d’affaires Mahmoud el-Gamal qui a fait fortune dans le tourisme et le bâtiment.

Il est de notoriété publique que les ambitions de Gamal Moubarak sont relayées par sa mère, la très influente Suzanne Moubarak. De son côté, le président égyptien a nié, à plusieurs reprises, envisager de céder le pouvoir à son fils, rappelant que l’Égypte était une république. De nombreux éléments révèlent pourtant une stratégie de positionnement pour accéder à la fonction suprême, à commencer par la véritable OPA sur le parti présidentiel réalisée au profit de Gamal Moubarak.

Le choix de l’option dynastique sous-tend l’amendement de l’article 76 de la Constitution, annoncé en février 2005 et adopté par référendum en mai de la même année, qui a modifié les modalités de l’élection présidentielle. Si le scrutin admet plusieurs candidats soumis au suffrage universel direct, ne pourront concourir aux futures élections – en 2011 mais peut-être avant – que ceux qui seront présentés par un parti disposant d’au moins 5 % des sièges au Parlement et légalisé depuis au moins cinq ans ; les candidats indépendants devront pour leur part recueillir au moins 250 signatures d’élus nationaux ou régionaux4. Or, dans le paysage politique égyptien, seul le PND offre à la fois ce préalable et les moyens de promotion indispensables pour remporter l’élection.

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Maroc : l’émergence de l’islamisme sur la scène politique

A la suite de la victoire des islamistes du Parti de la Justice et du Développement (PJD) aux élections législatives marocaines, nous vous invitons à relire l’article intitulé « Maroc: l’émergence de l’islamisme sur la scène politique« . Cet article, paru dans Politique étrangère en 2005, a été rédigé par Khadija Mohsen-Finan.

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Voici une dizaine d’années, il paraissait incongru d’évoquer l’islamisme marocain, tant était ferme la conviction que la fonction religieuse du roi mettait le pays à l’abri de ce phénomène. Les attentats de Casablanca (2003) ou de Madrid (2004), impliquant nombre de Marocains, ont brisé cette croyance longtemps cultivée par le pouvoir marocain. Au-delà de cette actualité, un parti islamiste s’est progressivement imposé sur la scène politique marocaine en l’espace de huit ans, représentant aujourd’hui la première force de l’opposition reconnue.

Le Parti de la justice et du développement (PJD) s’est réellement imposé par le biais des élections législatives. La présence remarquée de ses députés contribua à sortir le Parlement de sa longue léthargie. Mis à l’index pour sa « responsabilité morale » dans les attentats de Casablanca par une société traumatisée et hantée par le spectre algérien, les cadres du PJD réussirent à braver les stigmates, en affichant une attitude consensuelle sur nombre de questions. Progressivement, le PJD semblait perdre son caractère particulier de parti d’opposition, supposé tiède dans son attachement à la monarchie. Quel est donc le sens de cette entrée de l’islamisme dans l’espace politique marocain ? Et dans quelle mesure l’existence d’une composante islamiste dans le jeu politique influe-t-elle sur le jeu international du Maroc ?

UN ISLAM ANCRÉ DANS L’ESPACE POLITIQUE

Plus que dans tout autre pays de la région, au Maroc, islam et politique sont intrinsèquement liés. L’histoire de la monarchie marocaine ne saurait être dissociée de la sacralité qui lui a été octroyée. Avant l’indépendance, le sultan était déjà considéré comme chérif — descendant du prophète Mohamed par sa fille Fatima. L’origine chérifienne de la dynastie, revendiquée par le monarque, est intériorisée par la majorité de la population. Cette filiation supposée de la dynastie alaouite, s’accompagne d’une piété affichée. La monarchie, qui entretenait de bonnes relations avec les confréries ou Zaouias, s’est également entourée des oulémas, ces fameux docteurs de la foi. Ce n’est qu’en 1962 que le roi se voit attribuer le statut de commandeur des croyants. Progressivement, la monarchie marocaine s’est approprié la sphère religieuse, par un travail minutieux, entamé par Mohamed V et consolidé par Hassan IL Ce dernier réforme les institutions religieuses en profondeur avec un double souci : la religion lui est nécessaire pour légitimer son pouvoir, mais la sphère religieuse ne doit en aucun cas devenir une tribune concurrente, incontrôlable par la monarchie.

Mohamed Tozy note que « le roi, dont la légitimité est essentiellement religieuse, ne peut, de par son statut de commandeur des croyants (Amir al-mouminin), accepter de reconnaître explicitement les expressions concurrentes de l’islam, car cela équivaudrait à reconnaître un schisme dans la communauté, qui entamerait sa vocation monopolistique et affaiblirait la légitimité chérifienne ». En dépit de la centralité du religieux dans le système politique marocain, il serait vain de croire que ce religieux se limite à une institution homogène. Malika Zeghal explique que Hassan II a beaucoup oeuvré à la « fragmenter » pour mieux l’affaiblir, et que la véritable institution religieuse reste au final la monarchie. Mais « celle-ci ne peut fonctionner autour d’un seul homme — le roi —, ou de sa lignée : il lui faut l’apport de ces hommes de religion éparpillés dans l’espace que la monarchie a fragmenté ».

L’émergence de l’islamisme politique remet en cause le monopole de la monarchie sur le religieux. Les islamistes tentent de dissocier l’islam de la monarchie marocaine. Dès le début des années 1990, Hassan II tentera de contrôler l’islamisme marocain, en isolant sa composante radicale et en intégrant au système politique ceux qui lui paraissent les plus respectables et susceptibles d’être l’interface entre le mouvement islamiste et le palais. La reconnaissance du primat de la monarchie étant bien sûr la condition d’entrée dans l’espace politique à la faveur d’une alternance.

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[revue des livres] L’arrogance chinoise

Cet article, rédigé par Gilbert Étienne, est issu de la revue de lecture de Politique étrangère volume 76, n°3, paru à l’automne 2011, portant sur l’ouvrage d’Erik Izraelewicz  « L’arrogance chinoise » (Grasset, 2011).

Le palmarès des Chinois se profile tous azimuts : performances des exportations, recherche dans le high- tech, montée des classes moyennes, poids des réserves de change, etc. Et les Chinois commencent à concurrencer nos TGV… collectionnant au plan mondial les places de numéro un, ou deux.

L’ouvrage d’Erik Izraelewicz montre comment, après les zones côtières, la nouvelle ville de Shenzhen au Guangdong et Shanghai, ce sont la Chine du Nord-Est (l’ancienne Mandchourie) et plus récemment l’Ouest, en particulier Chongqing au Sichuan, qui se développent, attirant capitaux nationaux et étrangers en quête de travaux d’infrastructures et de nouveaux marchés. Non moins satisfaisantes sont les pages de ce livre sur les banques, ou le monde si important de l’immobilier.

Les investissements de la Chine en Afrique, en Amérique latine et en Asie la mettent également en vedette, avec parfois d’importants projets d’assistance. Le rôle des investissements privés étrangers est ici tout aussi bien mis en lumière : moteur des exportations, source d’emplois et de revenus pour l’État. L’investissement étranger suscite aujourd’hui des controverses au sein de certaines multinationales occidentales. Jeffrey Immelt, président-directeur général de General Electric, se plaint ouvertement, comme d’autres, de discriminations, de piratage – même si ces critiques n’empêchent pas de nouveaux investissements, y compris de la part de General Electric. Autre source de différends : « Pékin néglige sans complexe les engagements pris lors de son adhésion à l’Organisation mondiale du commerce [OMC] en 2001. »

L’ouvrage s’attache particulièrement à décrire le changement de cap des Chinois. C’en est fini des bons élèves du monde capitaliste à profil bas sur la scène mondiale, selon les recommandations de Deng Xiaoping. Les Chinois se veulent, à juste titre, forts de leurs succès, de leurs nouvelles élites, du recul de la pauvreté : un sentiment accentué par le spectacle peu édifiant du monde occidental depuis la crise financière… Comment, dans ces conditions, ne pas se sentir sûr de soi, voire arrogant ?

Dans le même temps, les dirigeants chinois ne cachent plus leur inquiétude. De graves faiblesses subsistent et sont dénoncées par de hautes autorités : la corruption, les inégalités, toutes sortes d’abus comme les saisies de terres suscitent des incidents parfois violents. En 2010 ont été menées des grèves qui ont conduit à de tardives hausses de salaires. Depuis des années, les autorités ne parviennent pas à encourager la consommation, freinée par les surinvestissements et les exportations.

Pour conclure, E. Izraelewicz s’interroge sur l’avenir de la classe politique chinoise, la montée des nouvelles générations, les discussions au sein du Politburo entre ceux qui préconisent de nouvelles réformes, de nouveaux assouplissements du régime, et les partisans d’une ligne dure. Autre question : quel avenir pour les relations entre la Chine et le monde occidental ? « Comment vivre avec cet éléphant de plus en plus encombrant, de plus en plus sûr de lui ? » Les risques de « casse » peuvent être évités, moyennant lucidité réciproque, bonne connaissance de l’autre, compétences… et aussi plus de cohésion du côté occidental. Un remarquable tour d’horizon.

 

Surpeuplement chinois et ses conséquences

En 1965, date à laquelle René Dumont rédige cet article pour Politique étrangère, la Chine compte environ 700 millions d’habitants, soit deux fois moins qu’aujourd’hui. L’agronome estime que la Chine est surpeuplée au regard de ses capacités agricoles. Il prévoit une catastrophe humanitaire si les autorités chinoises ne parviennent pas à réguler la croissance de la population et à augmenter la productivité des agriculteurs. En 1979, la Chine met en place la politique de l’enfant unique.

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 Le surpeuplement domine l’histoire de la Chine, de longue date. On comprend mieux les différences d’évolution de l’agriculture indienne et de l’agriculture chinoise quand on se rappelle que l’Inde fut longtemps un pays dépeuplé, où se prolongèrent tardivement des spéculations d’élevage extensif, d’agriculture très extensive, tandis que très tôt la Chine connut, dans certaines parties de son territoire, notamment dans le débouché de la vallée de la Weï sur le Fleuve Jaune, un surpeuplement qui l’obligea à pratiquer, bien avant l’Europe occidentale, l’agriculture intensive ; c’est-à-dire la quête acharnée de tous les éléments fertilisants possibles, la maîtrise de l’eau, de l’aménagement hydraulique pour améliorer l’irrigation et le drainage et se défendre contre les crues.

La rareté du sol, par rapport à la population, a incité à une appropriation foncière relativement précoce, donc à une rente foncière prélevée par le propriétaire ; donc à des difficultés avec les paysans sur lesquels était prélevée cette rente. Certains ont pu dire que l’histoire de la Chine est parsemée de révoltes paysannes qui, souvent, aboutirent à abattre le pouvoir, sans en constituer un autre.

Ce surpeuplement, selon les démographes, semble s’être accentué, au début du XVIIe siècle. On s’étonne et l’on recherche pourquoi cette expansion démographique est devenue plus rapide, à partir de 1600, alors que la Chine ne connut pas de révolution technique, comparable à celle qui détermina l’explosion démographique de l’Europe, au XIXe siècle. On ne voit pas de révolution agricole, même avec le riz repiqué – méthode ancienne – et l’introduction du maïs et sa généralisation. On constate des progrès, mais rien qui amène un bouleversement, ni dans la médecine, ni dans les techniques industrielles et agricole.

Si l’on accepte, avec des réserves, la définition d’Yves Lacoste, dans sa géographie du sous-développement, celui-ci est caractérisé par une croissance démographique qui dépasse la croissance économique dans l’ensemble du Tiers-Monde. On pourrait dire, dans ce sens, que la Chine fut un précurseur du sous-développement, puisqu’elle répondait à cette définition dès le XIXe siècle.

Il semble en effet qu’au XIXe siècle, la croissance démographique ait, à certains moments, débordé la croissance économique. D’où l’affaiblissement de cette Chine. D’où les interventions européennes ; d’où les révoltes prolongées, et la rareté de la terre et celle de l’argent ; ce qui augmente le loyer du sol, et l’intérêt de l’argent, et rend encore plus difficile la situation paysanne et provoque un sentiment non seulement de misère, mais une absence d’espoir de sortir de cette misère, et conduit à la révolte. On pourrait dire que le communisme en Chine, est la conséquence d’un surpeuplement qui ne s’est pas accompagné d’un développement économique satisfaisant, ni d’une industrialisation. Ceci a provoqué des difficultés entre les paysans et les éléments dirigeants. Schéma de choses en réalité plus complexes.

Le fait nouveau, depuis la prise du pouvoir le 1″ octobre 1949, par le gouvernement communiste, c’est que des mesures sérieuses doivent réduire la mortalité, améliorer l’instruction et l’hygiène. Or, voici que l’explosion démographique prend des dimensions inconnues. Avant 1960, la croissance démographique n’avait jamais atteint ou dépassé seulement légèrement le 1 % l’an. Elle a dépassé 2,3 % pendant le premier plan. Ce sont les chiffres donnés, qui tous sont incertains. La certitude, c’est que l’accroissement démographique est plus rapide depuis 1949 jusqu’en 1964. La Chine est confrontée à des difficultés alimentaires croissantes.

Dans la première phase de la prise de pouvoir, 1949/1952, une reconstruction assez rapide permet d’améliorer la situation. Il semble que la courbe d’accroissement de production commence à s’infléchir légèrement pendant le premier plan quinquennal, c’est-à-dire, de 1952 à 1957 ; d’où la décision du gouvernement de chercher à augmenter l’écart entre la production alimentaire et la population, écart sur lequel on fonde l’équipement ; écart grâce auquel on achète des biens d’équipement, pour accélérer la croissance de l’agriculture.

Ce furent alors les grands travaux hydrauliques de l’hiver 1957/1958, puis le grand bond en avant et les Communes populaires de 1958. Mais, deux années auparavant, une action avait été entreprise sur l’autre courbe. On avait cherché à réduire la natalité. Première série des campagnes pour le contrôle des naissances, 1956/1957, qui s’est prolongée plus ou moins, suivant les provinces. Une propagande, qui recommandait les moyens contraceptifs, choquait, par sa crudité, une pudibonderie des paysans chinois.

1958 marque un complet retour de bâton, un changement politique à vue. Le slogan de l’époque est alors : « une bouche nouvelle, ce sont deux bras de plus ». Les bras étant capables de produire la nourriture nécessaire à ladite bouche, le problème de la population ne se pose plus. Il suffit de briser les lois du développement économique en l’accélérant. Et c’est le grand bond en avant, qui s’accompagne d’une condamnation formelle de toutes les mesures de contrôle des naissances.

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