Mois : février 2014 Page 1 of 3

Pour Le Monde, ce blog « mérite le détour »!

Dans son supplément « éco et entreprise », Le Monde recommande la lecture du blog de Politique étrangère. Voici l’article d’Adrien de Tricornot paru dans l’édition du 27 février.

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Fort de plus de trente chercheurs et d’autant de chercheurs associés ou invités, l’Institut français des relations internationales, présent à Paris et à Bruxelles, est l’un des centres de réflexion les plus renommés sur les enjeux géopolitiques et géo-économiques dans le monde. Partenaire de nombreux think tanks dans le monde, l’institut, présidé par Thierry de Montbrial, publie notamment le rapport annuel Ramses et la revue Politique étrangère.

La visite de son site permet d’accéder librement à de très nombreuses publications et analyses, intéressant un public très large : des étudiants aux professeurs d’université, des décideurs dans les entreprises comme dans les administrations ou la politique. On peut accéder notamment à la lecture d’« E-notes », des études très riches qui couvrent un large spectre de sujets, comme « Chine-Asean [Association des nations de l’Asie du Sud-Est] : une diplomatie tous azimuts rondement menée » (38 pages), de Sophie Boisseau du Rocher, publiée en février ; « Les Investissements verts dans l’agriculture au Maroc » (60 pages, janvier), de Najib Akesbi ; ou encore « L’Influence de l’Etat sur l’expansion des multinationales russes : atout ou handicap ? », d’Andreï Panibratov (21 pages, décembre 2013).

Du site, on peut aussi accéder au blog de la revue Politique étrangère qui mérite le détour, avec ses nombreuses recensions de livres et ses entretiens avec des experts. Bref, le site offre un contenu de choix à tous les curieux des évolutions du monde.

All the Missing Souls. A Personal History of the War Crimes Tribunals

k9520Cette recension d’ouvrage est issue de Politique étrangère (4/2013). Isabelle Depla propose une analyse de l’ouvrage de David Scheffer, All the Missing Souls. A Personal History of the War Crimes Tribunals (Princeton, Princeton University Press, 2012, 568 pages).

À travers son propre parcours, David Scheffer couvre dix ans d’histoire de la justice pénale internationale dans la vie politique et diplomatique américaine, de l’instauration du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) aux tribunaux spéciaux pour la Sierra Leone et le Cambodge. David Scheffer en a été l’une des chevilles ouvrières, occupant des postes clés auprès de Madeleine Allbright, dans l’administration Clinton, notamment comme ambassadeur itinérant des États-Unis chargé des crimes de guerre de 1997 à 2001.

Construit chronologiquement, chapitre après chapitre, le livre décrit son travail d’infinies négociations, ses patients combats contre les obstacles de tous ordres pour faire progresser cette justice. David Scheffer fait aussi part de ses aveuglements face au génocide au Rwanda, des échecs de l’administration Clinton ou des siens propres, lorsqu’il a été mis sur la touche pour sa détermination en faveur de cette justice, lâché par son gouvernement ou placé dans des situations politiquement intenables et contraires à ses convictions, notamment lors des négociations pour le traité de Rome instaurant la Cour pénale internationale (CPI).

Presidential Leadership and the Creation of the American Era – Foreign Policy Begins At Home. The Case For Putting America’s House In Order

Cette recension d’ouvrage est issue de Politique étrangère (4/2013). Martin Michelot propose une analyse des ouvrages de Joseph S. Nye, Presidential Leadership and the Creation of the American Era (Princeton, NJ, Princeton University Press, 2013, 200 pages), et de Richard Haas, Foreign Policy Begins at Home. The Case for Putting America’s House in Order (New York, Basic Books, 2013, 208 pages).

La question du leadership présidentiel aux États-Unis ne cesse d’être posée, que ce soit en matière de politique intérieure ou d’affaires étrangères, et revient toujours sur le devant de la scène, que le pays soit en période d’expansion ou de repli sur soi-même. Cette question de leadership, qui est au centre de Presidential Leadership and the Creation of the American Era de Joseph S. Nye Jr et de Foreign Policy Begins at Home de Richard Haass, porte en soi une autre dimension, qui est celle de l’influence, et plus particulièrement de la mesure de l’influence. Quelle est l’influence d’un président sur le déroulement des événements qui structurent sa présidence, et comment peut-on la mesurer ? Cette question est au centre de ces deux ouvrages, qui posent chacun les jalons d’une réflexion sur l’impact du leadership, une réflexion qui trouve un écho particulier en ces temps où le système politique américain semble être fortement remis en cause, de par son incapacité chronique à légiférer et les luttes partisanes intraitables entre républicains et démocrates au Congrès, avec en toile de fond un président Obama au leadership absent, qui semble incapable d’influer sur les débats et de participer au nécessaire travail de compromis.

Avant de juj9933ger le travail du président Obama, Joseph Nye essaye de quantifier le rôle des présidents dans les différences phases d’expansion de la puissance américaine. En étudiant huit présidences différentes, de Theodore Roosevelt à Ronald Reagan, Nye nous offre une grille de lecture novatrice des types de présidence qui apporte une vraie valeur ajoutée aux études précédentes. Nye catégorise les présidents par leur style de leadership et pose par là même la question de l’efficacité de certains modes de direction, tout en ne perdant pas de vue l’importance de la variable de l’« attribution erronée au leader » (de succès ou de torts). Derrière cette notion d’efficacité se cache le désir d’aller au fond du problème : dans quelle mesure le président a-t-il influé sur le déroulement de certaines situations ?

Ici, Nye prend à rebours les grands sondages menés auprès de spécialistes de la présidence sur les « meilleurs présidents américains de l’histoire », en mettant en avant l’impact du leadership de présidents aux méthodes transactionnelles comme Dwight Eisenhower et George H. Bush, par rapport aux présidents « transformationnels » qu’ont été Franklin Roosevelt ou Ronald Reagan, qui ont cherché à être à la base de changements majeurs, sans toutefois y parvenir – Nye considérant notamment que Reagan n’a fait qu’accélérer le processus de chute de l’URSS. À l’appui de sa démonstration, Nye fait intervenir deux véritables nouveautés – à l’apport contrasté – dans les études sur la présidence : l’auteur cite l’« intelligence contextuelle » comme facteur différenciant les présidents qu’il juge comme ayant été influents, mettant ainsi en avant la capacité des présidents à prendre des décisions en fonction de situations données et à les mettre en œuvre ; de manière plus controversée, Nye essaie de renforcer l’importance de cette intelligence contextuelle en imaginant des scénarios d’histoire contrefactuelle. Sur le mode de Niall Ferguson, Nye réécrit et réinterprète l’histoire, en imaginant par exemple ce qui se serait passé si Harry Truman n’avait pas été élu. Cet exercice, mené avec brio même s’il reste méthodologiquement contestable, contribue à mettre au centre du livre l’importance du processus décisionnel, renforçant par là même la centralité du leadership et de la présidence au sein du système politique américain. Surprenante d’un point de vue historique et méthodologique, la démonstration de Nye est complétée par un travail argumenté de notation de la dimension éthique des présidences étudiées.

Être soldat. De la révolution à nos jours

Cette recension d’ouvrage est issue de Politique étrangère (4/2013). Guillaume Garnier propose une analyse de l’ouvrage de François Cochet, Être soldat ; De la révolution à nos jours (Paris, Armand Colin, 2013, 288 pages).

être soldatFrançois Cochet est professeur d’histoire contemporaine, spécialiste de l’histoire des représentations militaires et de l’expérience combattante ainsi que de l’histoire de la captivité de guerre. Il nous propose ici une étude fouillée sur le métier militaire, considéré principalement sous les angles éthique et sociologique.

La première qualité de l’ouvrage réside dans son esprit de synthèse, qui ne le cède en rien à la précision : l’auteur peut voyager à travers plusieurs siècles en seulement quelques pages, sans s’abandonner aux simplifications abusives. François Cochet, à l’évidence, connaît bien le monde militaire, y compris dans son intimité sociétale. Il en résulte une analyse très fine sur les valeurs de ce milieu, sa culture en tant qu’institution, ses rapports avec le reste de la société, ses écoles de formation. Il y a quelque chose du Vigny de Servitude et grandeur militaires dans ce livre.

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