Mois : août 2014 Page 1 of 3

The Rise of the People’s Bank of China. The Politics of Institutional Change

people bankCette recension d’ouvrage est issue de Politique étrangère (2/2014). Norbert Gaillard propose une analyse de l’ouvrage de Stephen Bell et Hui Feng, The Rise of the People’s Bank of China. The Politics of Institutional Change, (Cambridge, MA, et Londres, Harvard University Press, 2013, 384 pages).

Alors que de nombreux ouvrages et manifestations viennent de célébrer les 100 ans de la Federal Reserve (Fed) américaine, il manquait aux économistes et politologues un livre de référence sur la Banque centrale chinoise. C’est chose faite.

S’appuyant sur les rapports et statistiques de la Banque populaire de Chine (BPC) mais également sur de nombreuses interviews avec des hauts fonctionnaires de la BPC, de la Commission de régulation bancaire et du ministère des Finances, Stephen Bell et Hui Feng nous offrent une étude impressionnante de la Banque centrale chinoise depuis le tournant des réformes de 1978.

Les auteurs décrivent tout d’abord une institution en manque de légitimité et relativement marginalisée dans le système de planification en vigueur dans les années 1980. C’est pourtant au cours de cette décennie que la politique monétaire chinoise commence à se moderniser via l’introduction d’un système de prêts à court terme aux établissements de crédit et une gestion des taux d’intérêt plus flexible.

Les Reflets du Temps consacrent une chronique au n°2/2014 de PE

Dans Les Reflets du Temps, Martine L. Petauton livre son analyse du n°2/2014 de Politique étrangère.

logo_Reflets du TempsEn géopolitique, il est des temps où, tel Etat, telle zone, revient en boucle dans nos infos, plus « fortissimo », plus dangereux, ou, au contraire, plus « allegro » : ils sont les « moments géopolitiques ». Ni allègres – hélas – particulièrement sonores, voire tonitruants, sont les moments de cet été finissant, partageant la vedette avec le Moyen-Orient : Ukraine – encore –, Kurdistan(s), à nouveau. Voilà les deux dossiers majeurs de la revue PE/IFRI, de l’été 2014. Comme d’usage, riches, nourris, à la pointe, mais, en plus, percutants sur ces sujets, abordés par des faces originales et bienvenues n’enlevant rien à la qualité du savoir proposé.

Bien que rédigé avant les graves évènements qui agitent la scène Irakienne ces dernières semaines, le copieux dossier sur les Kurdistans propose un éclairage des plus précieux sur ce qui se joue actuellement. Ces entités « s’approchant de structures étatiques », sans parvenir à « un espace politique unique », tout en se manifestant comme langue, culture, usages et armée (autant dire, civilisation), se partagent des « morceaux » que l’Histoire croisée avec les faits les plus contemporains a posés en Irak, en Syrie et en Turquie – l’Iran étant un peu laissé en dehors de cette étude. 4 articles solides se divisent le thème, articulé souvent autour des frontières et des dynamiques (ainsi, évidemment, que des obstacles) de ces « pseudo-Etats ». « Éternels oubliés de l’Histoire, les Kurdes s’imposent partout sur les cartes régionales, mais pas comme on l’attendait ». Leur quête d’autonomie au sein des Etats « hébergeurs » se fait de plus en plus entendre, facilitée par la géopolitique tourmentée des régions concernées, et validée par un rôle visible et très actif – via, par exemple, la reprise de service des armées Peshmergas, au point que les revendications visant à un État propre apparaissent comme une hypothèse de travail recevable.

Trois modèles de Kurdistans sont repérés : celui d’Irak, son statut fédéral, ses 100.000 soldats, sa gestion propre du domaine énergétique… marche vers un statut étatique, freiné ou avantagé par la guerre actuelle ? Mais, avec aussi, des frontières « introuvables » et incertaines, nous dit la revue PE. Le « Rojava » Syrien largement autonome, immergé peu ou prou dans la terrible guerre civile syrienne – affrontant les intégristes Al-Qaïda, sous la conduite du parti Kurde PYD, prolongement du PKK Turc. Ici, comme en Irak, les Kurdes sont acteurs sur le terrain de la suite de leur propre histoire. Enfin, en Turquie (entre 15 et 20% de Kurdes) où les municipalités Kurdes constituent de « réels contre-pouvoirs ». Ayant fait du chemin depuis la décennie particulièrement violente, pour eux, des années 80, le mouvement Kurde Turc en est à l’heure du « processus de paix », et peut légitimement jouer dans les évènements irakiens actuels un rôle extérieur important, gardant un œil sur les intérêts kurdes en gestation. Au cœur de l’évolution : l’AKP Turc souhaitant unir Kurdes et Turcs, en une même nation, un parti qui devra choisir électoralement entre la frange nationaliste de son électorat et la poursuite du rapprochement avec les « Kurdes d’ailleurs ». Problème de taille : où arrêter l’« enveloppe kurde » de son programme ??

 L’Ukraine a tenu le haut des pages d’infos quasi non-stop depuis le début 2014. L’hiver fut ukrainien en termes d’audience, et ce conflit revient visiter nos magazines TV, de ci de là, bruyant, militaire, infiniment triste, et… particulièrement difficile à comprendre, selon le « camp » et l’argumentaire présenté. Un véritable État en termes juridiques, certes, mais si bizarrement cousu en un étrange patchwork, que le mot « entité » utilisé pour les Kurdistans nous vient à l’esprit… L’Ukraine serait-elle « une » ou « plusieurs » ? et n’est-ce pas là le nœud de la guerre civile à consonances étrangères (Russie, UE, USA) qui donne de la voix actuellement ? Son, tellement fort cette fin d’été, qu’on entend parler de menace de troisième guerre mondiale – à tout le moins de renaissance de la Guerre Froide…

Plusieurs angles d’attaque de la revue de l’IFRI, qui a titré son dossier, très judicieusement, « Ukraine, premières leçons », avec la modestie qui sied à une telle complexité. Le conflit ukraino-russe vu de Kiev, d’abord. « La volonté constante et continuée de Moscou d’accrocher l’Ukraine à son Union eurasiatique, en échange d’avantages économiques et financiers, et, énergétiques » avec la carte-gaz, représente pour Kiev et son nouveau gouvernement un leurre dangereux, aux intérêts, certes immédiats, et aux sacrifices ultérieurs considérables. On peut résumer cet article par : « la liberté et le gaz ». La main mise de la Russie sur la Crimée, fallacieuse, insidieuse, représentant un ballon d’essai visant à jauger la capacité de refus de l’opinion internationale, est posée comme un début et non un point d’orgue. Donetz, Kharkov, puis ensuite Odessa pourraient suivre.

Vladimir Tchernega, un diplomate russe, examine quant à lui une autre face de la montagne-guerre d’Ukraine : « Pourquoi Russie et Communauté européenne doivent coopérer en Ukraine ».

« Enjeu stratégique d’une vaste lutte géopolitique, doublée d’une guerre de propagande acharnée. Jamais le danger d’une guerre civile et d’une désintégration du pays, apparu dès sa naissance, n’a été aussi grand ». Contradictions soigneusement expliquées d’une mosaïque construite de façon disparate, aménagée selon les besoins – notamment soviétiques et staliniens. Drôle d’Etat-faux-semblant, ayant par exemple traversé la Seconde guerre mondiale différemment ; à l’Ouest collaborateur de l’occupant nazi, et à l’Est profondément engagé dans la lutte « patriotique et prolétarienne ». Ligne de partage Est/Ouest si visible, si suivie tout au long de l’Histoire, que l’Ukraine actuelle en action est bien duale, comme peu de régions dans le monde peuvent l’être. C’est du coup d’ailleurs – de l’extérieur – que la machine à arrêter la guerre et à produire des projets de paix peut être relancée. De Russie, qui par le maintien dans son orbite même passive de la grande Ukraine slave et orthodoxe, peut espérer freiner la puissance de cet Orient anciennement soviétique, dont la démographie, la potentielle concurrence énergétique et surtout la coloration religieuse et culturelle islamisante hantent Poutine. De l’UE, tellement rêvée par les populations ukrainiennes (ou fantasmée parfois), qui peut représenter un avenir possible et réaliste, à condition que la volonté d’arracher l’Ukraine ne soit pas obsessionnelle, que la réal politique économique prenne le pas sur les promesses informelles et démagogiques. Hors de cet axe Russie/UE, pas de sortie !

…Sur l’échiquier du monde, ce été, ces bruits forts et prégnants : Kurdistan(s), Ukraine. Pour mieux lire et appréhender les contours mouvants de ces graves crises, la revue PE de l’IFRI, rédigée en amont, à l’épreuve des faits récents : un viatique plus que conseillé par les temps qui courent.

 

La Croix recommande de lire le n°2/2014 de PE

Dans son édition du 4 août 2014, le journal La Croix met en avant les articles sur l’Ukraine et le dossier « Kurdistan(s) » parus dans le n°2/2014 de Politique étrangère.

Logo_La_CroixL’Ukraine est depuis longtemps « un enjeu stratégique d’une vaste lutte géopolitique, doublée d’une guerre de propagande acharnée». En novembre 2013, le président ukrainien Viktor lanoukovitch a cédé aux pressions russes et refusé de signer l’accord de partenariat avec l’Union européenne (UE). Une décision vue comme le point de départ du conflit russo-ukrainien qui est l’objet du dernier numéro de la revue Politique étrangère. Les auteurs du dossier tentent d’éclairer les sources du conflit qui secoue l’Ukraine et délivrent des pistes de sortie de crise. « L’Ukraine est traversée de divisions historiques, idéologiques, économiques, religieuses, linguistiques » depuis sa naissance et les pressions russes ont aggravé l’instabilité du pays, faisant craindre une guerre civile. Cette situation fait dire à Vladimir Tchernega que le «mouvement de l’Ukraine vers l’Union européenne est inévitable » mais qu’il ne doit pas se faire dans un contexte de confrontation avec la Russie, d’où une nécessaire coopération entre les deux parties. Philippe Lefort attribue l’origine de la crise à « un choc de deux malentendus sur les représentations russes et occidentales » et à « un déficit de communication entre Moscou et l’Occident». A noter que l’autre dossier de ce numéro est consacré aux ententes et inimitiés entre les différents acteurs kurdes d’Irak, de Turquie et de Syrie. Le chapitre consacré à la politique kurde de l’AKP (parti du premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan) est particulièrement intéressant à l’aube de la première élection présidentielle au suffrage universel direct Turquie, le 10 août.

Anaïs Brosseau

Willy Brandt

Willy

Politique étrangère (2/2014). Yann-Sven Rittelmeyer propose une analyse de l’ouvrage d’Hélène Miard-Delacroix, Willy Brandt (Paris, Fayard, 2013, 350 pages).

Rythmée par l’histoire de l’Allemagne du xxe siècle, la vie de Willy Brandt a elle-même fortement marqué l’histoire de son pays, même s’il ne resta chancelier qu’un peu plus de quatre années. Outre la République fédérale, il a laissé une forte empreinte sur la ville-État de Berlin dont il fut maire de 1957 à 1966, mais aussi sur le Parti social-démocrate (Sozialdemokratische Partei Deutschlands, SPD) qu’il dirigea pendant 23 ans.

Plus d’un siècle après sa naissance, Brandt reste l’une des principales figures de l’histoire du plus ancien parti allemand. S’il contribua à transformer le SPD lors du tournant de Bad Godesberg, puis parvint à le ramener au pouvoir après plusieurs décennies d’opposition, ses rapports avec son parti ont souvent été difficiles. L’image de Brandt est liée à la social-démocratie, à l’Ostpolitik, ou encore au symbole fort que constitua son agenouillement devant le mémorial du ghetto de Varsovie. Pour autant, sa trajectoire fut particulière à bien des égards. Dans cet ouvrage, Hélène Miard-Delacroix, professeur à l’université Paris-Sorbonne et spécialiste de l’histoire de l’Allemagne contemporaine, souligne remarquablement les revirements, les combats et les doutes qui ont façonné son parcours. Dissident à gauche du SPD dans sa jeunesse puis acteur d’une politique économique très au centre, résistant exilé durant la Seconde Guerre mondiale qui fut déchu de la nationalité allemande et abandonna son nom de naissance (Herbert Frahm), anticommuniste qui décida de tendre la main à l’Union soviétique et de nouer des accords avec la « partie Est » de l’Allemagne…

La lecture de cette biographie, au-delà des enseignements sur la vie d’un homme, illustre les problématiques traversant l’identité allemande et le rapport des Allemands à leur passé. Les critiques et attaques dont Brandt fut l’objet au cours de sa carrière politique (pour s’être exilé, avoir trouvé soutien et attache dans un autre État, ou pour ses penchants marxistes de jeunesse) font écho à la difficile reconstruction identitaire des Allemands après la Seconde Guerre mondiale. Brandt contribua lui-même à ce débat en rejetant l’idée d’une culpabilité collective pour lui préférer la responsabilité personnelle de chacun des Allemands et les obligations qui en découlent.

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