
Lisez l’article de Pierre Grosser ici.
Retrouvez le sommaire du numéro 3/2022 de Politique étrangère ici.
La rédaction a le plaisir de vous offrir à lire ce second article du numéro d’automne 2022 de Politique étrangère (n° 3/2022), « Guerre d’Ukraine : un modèle coréen ? », écrit par Pierre Grosser, historien et spécialiste des relations internationales.

La guerre en Ukraine renforce les pratiques du pouvoir russe l’instrumentalisation et de manipulation de l’histoire, notamment de la Grande Guerre patriotique, devenue une source majeure de légitimation. À l’Ouest, l’agression russe ravive des analogies historiques déjà surutilisées. Ceux qui appellent à des discussions avec Moscou et à un règlement rapide évoquent le risque d’une escalade tragique, comme en 1914 à cause de dirigeants « somnambules ». Tandis que ceux qui s’alarment d’un retour à un monde de puissances autoritaires expansionnistes insistent sur la nécessité de contrer l’agresseur aux intentions génocidaires, assimilé à Hitler, ce qui n’avait pas été fait dans les années 1930, de ne pas lui faire de concessions dans des négociations (de type « Munich ») et d’obtenir la chute de son régime. La guerre de Corée (1950-1953) peut aussi nourrir des analogies, à la fois dans son déroulement et dans ses conséquences. Ses enjeux étaient alors eurasiatiques : on craignait que l’URSS n’en profite pour attaquer en Europe. La guerre en Ukraine l’est également : elle a immédiatement fait craindre une offensive chinoise dans son voisinage, en particulier sur Taïwan.
Cette recension a été publiée dans le numéro d’été 2022 de Politique étrangère (n° 2/2022). Dominique David, rédacteur en chef de Politique étrangère, propose une analyse de l’ouvrage de Tiziano Terzani, Bonne nuit, Monsieur Lénine (Éditions Intervalles, 2022, 336 pages).

Pourquoi lire, trente ans après, un livre de voyage dans les derniers jours de l’Union soviétique ? Le journaliste voyageur Tiziano Terzani entreprend, au moment du putsch anti-Gorbatchev d’août 1991, de descendre le fleuve Amour, puis de rejoindre Moscou à travers l’Asie centrale et le Caucase. Avec les moyens du bord : taxis sauvages, billets négociés, avions en sursis, hôtels décadents même par rapport au douteux confort soviétique, avec l’appui de fugitives amitiés locales – un voyage partout scandé des chutes des statues de Lénine.
Suite au sondage réalisé sur ce blog cette semaine, nous avons le plaisir de vous offrir en avant-première l’article du numéro d’automne 2022 de Politique étrangère (n° 3/2022) – disponible en librairie le 5 septembre – que vous avez choisi d'(é)lire : « La politique de défense de l’Allemagne : un tournant historique ? », écrit par Hans Stark, professeur de civilisation allemande contemporaine à Sorbonne Université et conseiller pour les relations franco-allemandes à l’Ifri.

Face à l’invasion de l’Ukraine, l’Allemagne a amorcé une mue spectaculaire,
abandonnant sa « culture de la retenue » pour décider d’augmenter substantiellement ses dépenses de défense. Berlin a même renoncé à ses principes en matière d’exportation d’armements dans des pays en guerre, annonçant l’envoi de milliers d’armes antichars et antiaériennes à Kiev, puis de chars et de lance-roquettes multiples.
Ce tournant – les Allemands parlent de Zeitenwende – marque la double fin d’une illusion (prolonger l’Ostpolitik sur fond de partenariat énergétique avec Moscou) et d’un jeu de rôle (se réconcilier avec l’histoire et les Européens comme puissance résolument « civile »). Fondé sur le refus de considérer la force comme un des piliers de toute politique étrangère, le concept de « puissance civile » a fini par miner la force militaire allemande et la contribution de Berlin à l’effort de défense occidental, affaiblissant donc fortement la capacité des Européens à se défendre sans le concours des États-Unis. La réduction des dépenses de défense allemandes avait été drastique : d’environ 60 milliards de dollars en 1990 à près de 45 milliards de dollars en 2010, soit 1,2 % du produit intérieur brut (PIB).
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