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Jean-Christophe Ploquin, dans les colonnes de La Croix du 04/01/13, fait place au nouveau numéro de Politique étrangère (hiver 2012-2013), dont le dossier principal porte sur les relations franco-allemandes à l’occasion du 50e anniversaire du traité de l’Élysée.

Et maintenant ? Que faut-il faire ? Cinquante ans après le traité de l’Élysée qui créa le couple franco-allemand, le 22 janvier 1963, les chemins nouveaux que pourrait emprunter ce tandem unique au monde semblent tantôt obstrués, tantôt négligés. Les quatre articles consacrés à cet anniversaire par la revue Politique étrangère, notamment celui de l’historien Georges-Henri Soutou, égrènent la litanie des occasions manquées, des espoirs échaudés, des arrière-pensées déjouées… Dans une analyse proche du pamphlet, le député UMP Pierre Lellouche, fugace secrétaire d’État aux affaires européennes (2009-2010), dissèque ses frustrations. Il s’agace, d’une part, du retard économique de la France par rapport à sa voisine, à la fois partenaire et rivale ; d’autre part, du refus de Berlin de s’engager dans « le grand dessein français d’une Europe capable d’agir politiquement et stratégiquement ».

Ulrike Guérot, depuis Berlin, résume avec audace le prochain marchandage : l’Allemagne n’aidera la France à éponger ses dettes qu’en échange d’une réforme renforçant le rôle des institutions européennes en matière économique, fiscale et financière – pour encadrer les États dépensiers. « Êtes-vous, Français, prêts à suivre l’Allemagne aujourd’hui vers une véritable union politique ? Si oui, Berlin acceptera peut-être, par étapes, une mutualisation des dettes, en commençant par l’union bancaire, un fonds commun de remboursement, pour aboutir aux euro-obligations. » La classe politique et les intellectuels allemands réfléchissent aussi au contrôle démocratique de ces nouveaux pouvoirs. Ils envisagent la création d’une assemblée pour la zone euro et des capacités renforcées pour le Parlement européen : droit d’initiative, droit d’élire le « gouvernement européen », droit de créer un impôt…

Le débat serait animé si la France s’en emparait. Mais Paris refuse d’échafauder des scénarios audacieux. « Français et Allemands ne se comprennent pas », soupire le politologue Hans Stark. Reste que, comme disait Bismarck : « Quand on est trois, l’important est d’être l’un des deux. » Dans une Europe à 27, France et Allemagne veulent toujours faire partie des deux.

Jean-Christophe Ploquin

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