Dans l’édition des Échos du 30 mars, Jacques-Hubert Rodier analyse la position diplomatique de la Turquie. Il cite l’article d’Aurélien Denizeau , « La Turquie entre stabilité et fragilité », paru dans le n°1/2016 de Politique étrangère.

Les echosDans un paradoxe de l’Histoire, l’Union européenne et la Turquie ont dû se rapprocher pour faire face à la crise des réfugiés syriens. Un rapprochement qui semblait improbable il y a peu, tant les deux entités semblaient s’éloigner l’une de l’autre. Il intervient au moment où le président Recep Tayyip Erdogan glisse de plus en plus vers l’instauration d’un régime autoritaire marqué à la fois par une répression accrue contre les journalistes, les universitaires et l’instauration lente de la charia. Mais la guerre civile en Syrie et l’exode massif de Syriens fuyant à la fois les bombardements du régime de Bachar Al Assad et les exactions de l’État islamique sont en train de rebattre les cartes géopolitiques. Après avoir boudé la Turquie, l’Europe a finalement accepté d’ouvrir un nouveau chapitre des négociations d’adhésion qui font du surplace depuis 2005. De plus, Bruxelles a accepté d’examiner l’une des demandes d’Ankara : la suppression des visas pour les ressortissants turcs circulant dans l’espace Schengen. Deux promesses qui semblent faire partie d’un jeu de dupes. Sur les 35 chapitres prévus dans le processus d’adhésion, quinze sont ouverts aux négociations, mais un seul (le 25e, sur la science et la recherche) a été à ce jour refermé. Et la non-reconnaissance de la République de Chypre continue de bloquer l’évolution des négociations. De même, la Turquie doit répondre à 72 critères pour la levée des visas, dont la généralisation du passeport biométrique. On en est loin. En échange, l’arrangement entré en vigueur dimanche 20 mars prévoit de renvoyer en Turquie les migrants rentrés illégalement en Grèce depuis lors ; et pour chaque Syrien renvoyé des îles grecques un autre Syrien sera réinstallé légalement dans l’Union européenne depuis la Turquie, qui accueille 2,7 millions de réfugiés. Le « marchandage » de Bruxelles, qui a déjà conduit à un certain tarissement du flot de réfugiés vers la Grèce, a comme principale conséquence de remettre au centre du jeu diplomatique une Turquie de plus en plus isolée, par rapport à ses alliés traditionnels, américains et européens ou à ses rivaux comme la Russie et l’Iran.

Pourtant après quatorze années de pouvoir de l’AKP (le Parti de la justice et du développement), la Turquie aurait dû être l’un des acteurs clefs de la stabilisation au Moyen-Orient. La nouvelle victoire aux élections législatives anticipées de novembre du parti fondé par Recep Tayyip Erdogan, président de la République depuis 2014 après avoir été Premier ministre pendant dix ans, donne certes une impression de stabilité politique. « Le parti et ses dirigeants peuvent compter sur la fidélité d’un bloc électoral qui leur assure à chaque scrutin un seuil minimum de quelque 40 % », note ainsi Aurélien Denizeau dans la revue de l’Ifri « Politique étrangère » du printemps 2016. Mais on est loin de la stabilité espérée au niveau régional.

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