Suite au sondage réalisé sur ce blog, nous avons le plaisir de vous offrir l’article du numéro d’automne 2016 de Politique étrangère que vous avez choisi : « Brésil : plus dure sera la chute », par Joao Augusto de Castro Neves et Bruno Reis.

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Le Brésil subit actuellement l’une des plus graves crises politique et économique de son histoire moderne – et certainement la plus sévère depuis le retour de la démocratie au milieu des années 1980. Enfant chéri de la mondialisation pendant une bonne partie de la dernière décennie, le pays est brutalement tombé de son piédestal. L’accès de pessimisme tient en partie à la tendance des experts en relations internationales et des commentateurs du marché à voir le monde comme inexorablement pris dans un mouvement – toujours plus rapide – de transfert de puissance d’un grand marché à un autre. Hier encore, les BRICS apparaissaient comme la pierre de touche d’un nouvel ordre mondial et un eldorado de l’investissement ; aujourd’hui, les caprices des vents de la finance veulent accorder à un autre acronyme son quart d’heure de célébrité.

Sur le plan économique, le Brésil connaît sa plus sévère dépression depuis de nombreuses décennies. Son produit intérieur brut (PIB) a baissé de près de 10 % en quatre ans, le taux de chômage a explosé et le déficit budgétaire tend à se creuser. Sur le plan politique, le pays est confronté à une procédure de destitution de la présidente, à un gigantesque scandale de corruption touchant la totalité de la classe politique et, dernièrement, à une vague de contestation dans les rues des grandes villes où des millions de citoyens ont dénoncé le manque de réactivité – et parfois de responsabilité – de la classe politique.

Ces événements ont conduit le système politique à une quasi-paralysie et manifesté l’incapacité des dirigeants à répondre aux nombreux défis auxquels le pays doit faire face.

Il y a encore quelques années, le Brésil connaissait une des périodes les plus « dynamiques » de son histoire, avec un taux de croissance « à la chinoise » (7,5 % en 2007), un développement social considérable permettant à des millions d’habitants de sortir de la pauvreté et de rejoindre le marché de la consommation. Luis Inacio « Lula » da Silva était alors le président le plus populaire qu’ait connu le pays, avec un taux d’approbation de 73 % en 2010.

Alors, qu’est-il arrivé au Brésil ? Comment et pourquoi la situation économique et politique s’est-elle détériorée aussi rapidement ? Où va le pays ? Le Brésil a connu plusieurs cycles d’expansion-récession. Pour savoir s’il est affecté aujourd’hui par un nouveau cycle, un examen précis des récents événements politiques et économiques doit être réalisé. La mise au jour de certains des facteurs qui ont influé sur ces événements nous donnera peut-être une vision plus claire de la trajectoire empruntée par le pays. Pour tenter de répondre à nos interrogations, on situera ce qui arrive au Brésil dans le cadre d’un scénario plus large, qu’on pourrait nommer la « grandeur et décadence du supercycle politico-économique de l’Amérique latine ».

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La situation économique du Brésil est incontestablement moins favorable qu’elle ne l’a été, et la croissance devrait y rester faible dans les prochaines années. Pour un pays doté de ressources militaires limitées, et situé dans une région relativement non stratégique (d’un point de vue américain), le niveau de puissance est principalement fonction de l’activité économique de long terme. S’il faut toujours rester prudent lorsqu’on parle de puissances émergentes, on peut raisonnablement penser que le pessimisme actuel concernant le Brésil est excessif. En dépit de tous ses problèmes, ce pays reste une démocratie vivante. Son avenir est prometteur aussi en ce qui concerne les ressources énergétiques – fossiles ou renouvelables. En outre, si la croissance est poussive pour l’instant, la majorité de la population est mieux lotie qu’elle ne l’était il y a une décennie.

Dans les années à venir, les dirigeants brésiliens devront rendre le système politique plus efficace et plus réactif aux attentes de la société. La mise en œuvre de réformes structurelles pour lever les obstacles aux investissements constituera une étape cruciale pour remettre le pays sur la voie d’une croissance économique soutenable. Pour cela, un leadership robuste et une stratégie à long terme seront nécessaires. Une fois ces ingrédients réunis, le futur du Brésil pourrait être rayonnant.

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