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Géopolitiques de la culture

Cette recension a été publiée dans le numéro d’hiver 2021-2022 de Politique étrangère (n° 4/2021). Antoine Pecqueur propose une analyse de l’ouvrage de Bruno Nassim Aboudrar, François Mairesse et Laurent Martin, Géopolitiques de la culture. L’artiste, le diplomate et l’entrepreneur (Armand Colin, 2021, 320 pages).

Après une pause forcée pendant plusieurs mois du fait de la crise sanitaire, le secteur culturel se relance, au cœur d’enjeux géopolitiques et géoéconomiques. Forte du succès de Squid Game, la Corée du Sud affirme sa puissance en matière d’industries culturelles. Et la France cherche à améliorer son lien avec les pays africains en lançant le processus de restitution d’œuvres d’art pillées pendant la colonisation ; vingt-six statuettes viennent ainsi d’être rendues au Bénin. Deux exemples qui montrent que la culture est loin d’être anecdotique dans les relations internationales. Le sujet n’ayant été que peu étudié, on ne peut que se réjouir de la publication de cet ouvrage signé de trois professeurs de Sorbonne-Nouvelle, au titre qui interpelle par son choix de mettre le terme géopolitique au pluriel.

Nacht über Europa. Kulturgeschichte des Ersten Weltkriegs

Cette recension d’ouvrage est issue de Politique étrangère (1/2014). Hans Stark propose une analyse de l’ouvrage de Ernst Piper, Nacht über Europa. Kulturgeschichte des Ersten Weltkriegs (Berlin, Propyläen, 2013, 592 pages).

Ernst PipecoverHistorien à l’université de Potsdam, Ernst Piper signe un ouvrage magistral consacré à l’histoire culturelle de la Première Guerre mondiale : « Nuit sur l’Europe ». Il n’entre pas dans la polémique sur le degré de responsabilité du Reich dans la crise de juillet 1914, mais se consacre entièrement aux ravages politiques, culturels et humains que ce conflit a provoqués. Il se focalise sur les destins individuels des peintres, écrivains, poètes, compositeurs, intellectuels et politiques qui ont combattu, et sur leurs souffrances. L’auteur, s’il ne revient pas sur la crise de juillet, consacre un chapitre à « l’esprit de 1914 » en Allemagne, qui ne laisse aucun doute sur l’attitude des représentants politiques et culturels du Reich. Avec la conviction d’avoir été attaqués, et donc du caractère « défensif » de leur action (alors que les troupes allemandes occupent la Belgique et le Nord-Est de la France), Max Weber juge la guerre « grande et magnifique », l’économiste Werner Sombart qualifie les Allemands de « peuple élu », tandis que pour Thomas Mann l’éclatement de la guerre constitue un « orage purificateur ».

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