Boutros Boutros-Ghali vient de disparaître. Secrétaire général de l’Organisation des Nations unies, il était intervenu à l’Ifri le 21 mars 1996. Le texte de son intervention, « Le Secrétaire général des Nations unies : entre l’urgence et la durée », avait été publié dans Politique étrangère (n°2/1996). Nous vous proposons de le relire.

Boutros

© Nations Unies, 2016

« La Charte de San Francisco a créé, pour le Secrétaire général de l’Organisation des Nations unies, un poste bien singulier. S’il reste trop prudent, les États membres commencent à murmurer et s’interrogent entre eux sur le bien-fondé de leur choix. À l’inverse, s’il mène une diplomatie trop active, ils ont tôt fait de lui rappeler qu’il n’est que l’humble serviteur d’une organisation composée d’États souverains. Les États le veulent donc tout à la fois effacé et entreprenant, soumis et dynamique, discipliné et imaginatif. Il y a là un beau défi pour celui qui accepte de vivre, en permanence, de telles contradictions. Cela est d’autant plus net que s’y ajoutent les contradictions mêmes du monde actuel et celles de l’organisation mondiale.

Le monde est, en effet, secoué aujourd’hui par un double mouvement de globalisation et de fragmentation. Il est clair, tout d’abord, que nous sommes entrés dans l’ère de la société globale. Qu’il s’agisse de la circulation des marchandises ou des capitaux, de la diffusion de l’information, de la protection de l’environnement, de la maîtrise de l’avenir démographique, de la répression du crime transnational ou de la lutte contre le terrorisme, il est désormais évident que ces questions se posent à l’échelle planétaire et ne peuvent que très partiellement être appréhendées à l’échelle de l’État-nation. Mais, dans le même temps, le monde est déchiré par de nouveaux conflits qui se déroulent non pas tant entre les États qu’à l’intérieur même des nations. Chaque jour, l’ONU doit faire face à des guerres civiles, des sécessions, des partitions, des affrontements ethniques, des luttes tribales. »

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