Cette recension est issue de Politique étrangère 4/2013. Frédéric Charillon propose une analyse de l’ouvrage de Gilles Kepel, Passion arabe. Journal, 2011-2013 (Paris, Gallimard, 2013, 496 pages).

cv-KepelIl existe plusieurs postures possibles pour appréhender ces soulèvements arabes qui nous ont pris par surprise voici bientôt trois ans. La première consiste à développer a posteriori de nouvelles spéculations sur les causes qui ont conduit à la destitution des régimes, depuis l’immolation de décembre 2010 à Sidi Bouzid jusqu’aux actuelles déchirures syriennes ou égyptiennes. La deuxième, renonçant à ouvrir l’insondable boîte noire des processus déclencheurs, se cantonne à l’élaboration de scénarios prospectifs sur ce qu’il pourrait advenir, désormais, de cette région Méditerranée-Moyen-Orient sens dessus dessous. Gilles Kepel en choisit une troisième : revenir, encore et toujours, sur le terrain, pour faire parler les acteurs, les observer, les écouter.