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L’Algérie ou les faux dilemmes, Jacques Berque (1956)

En cette période de confinement liée à l’épidémie de coronavirus, la rédaction de Politique étrangère vous offre de (re)lire des textes qui ont marqué l’histoire de la revue. Nous vous proposons aujourd’hui un article de Jacques Berque, intitulé « L’Algérie ou les faux dilemmes », publié dans le numéro d’hiver 1956 (n°6/1956).

La crise algérienne divise la France entre partisans de la violence ou de la négociation. On nous propose de combattre sans nous dire en vue de quoi, ou de traiter sans dire sur quoi. Sans doute, ces incertitudes traduisent-elles une juste émotion. Vous optez pour l’une ou pour l’autre attitude, selon qu’en vous prévaut l’horreur de l’attentat ou celle de la répression. Vous optez aussi entre deux raisons, mais ce ne sont que deux instincts : celui de préserver, sur cette terre algérienne, ce que nous y avons mis de notre être, ou celui d’approuver, dans l’adversaire du moment, l’élan vers cette liberté qui nous tient, en quelque sorte, par obligation de famille. De façon plus calculée, les uns pensent que la force, les autres que la concession sera plus propre à « sauver ce qui peut être sauvé ». Ces attitudes sont toutes deux légitimes. Je ne leur reproche pas d’être contradictoires, de se laisser dominer à l’excès par la tendance ou l’événement. Je ne veux les juger et, partant, décider entre elles que sur l’argument de leur adhérence au réel, donc de leur valeur constructive.

L’Algérie ou les faux dilemmes

Découvrez cette semaine un autre texte marquant de la revue Politique étrangère, qui éclaire rétrospectivement les dilemmes et contradictions de la guerre d’Algérie : Jacques Berque, « L’Algérie ou les faux dilemmes », publié dans le numéro d’hiver 1956 (n°6/1956).

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La crise algérienne divise là France entre partisans de la violence ou de la négociation. On nous propose de combattre sans nous dire en vue de quoi, ou de traiter sans dire sur quoi. Sans doute, ces incertitudes traduisent-elles une juste émotion. Vous optez pour l’une ou pour l’autre attitude, selon qu’en vous prévaut l’horreur de l’attentat ou celle de la répression. Vous optez aussi entre deux raisons, mais ce ne sont que deux instincts : celui de préserver, sur cette terre algérienne, ce que nous y avons mis de notre être, ou celui d’approuver, dans l’adversaire du moment, l’élan vers cette liberté qui nous tient, en quelque sorte, par obligation de famille. De façon plus calculée, les uns pensent que la force, les autres que la concession sera plus propre à « sauver ce qui peut être sauvé ». Ces attitudes sont toutes deux légitimes. Je ne leur reproche pas d’être contradictoires, de se laisser dominer à l’excès par la tendance ou l’événement. Je ne veux les juger et, partant, décider entre elles que sur l’argument de leur adhérence au réel, donc de leur valeur constructive.

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