Cette recension a été publiée dans le numéro de printemps de Politique étrangère (n°1/2017). Jean-Loup Samaan propose une analyse de l’ouvrage de Paul Rogers, Irregular War: ISIS and the New Threat from the Margins (I.B. Tauris, 2016, 224 pages).

Irregular War

Auteur prolifique, Paul Rogers propose ici une réinterprétation du phénomène Daech comme conséquence des dysfonctionnements du système international contemporain. Si la majeure partie des travaux consacrés au groupe terroriste a jusqu’ici étudié sa genèse irakienne et syrienne, Paul Rogers affirme que l’État islamique (EI) est aussi l’expression de ce qu’il nomme « les révoltes de la marge » (revolts from the margins). Les formes du terrorisme moderne tel que l’EI seraient un symptôme du dérèglement du système international, un système marqué par l’aggravation des inégalités économiques, le renforcement d’élites transnationales déconnectées des réalités locales et une dégradation des conditions environnementales. « D’autres exemples [que l’EI] incluent des groupes islamistes tels que Boko Haram, le front Al-Nosra, mais aussi la rébellion néomaoïste naxalite en Inde ainsi que dans un passé récent, les néomaoïstes du Népal et le Sentier lumineux au Pérou », précise-t-il dans le premier chapitre.