Étiquette : rivalité sino-américaine Page 1 of 4

La guerre des mondes

Cette recension a été publiée dans le numéro de printemps 2024 de Politique étrangère (n° 1/2024). Amélie Ferey, chercheuse au Centre des études de sécurité de l’Ifri, propose une analyse de l’ouvrage de Bruno Tertrais, La guerre des mondes. Le retour de la géopolitique et le choc des empires (L’Observatoire, 2023, 288 pages).

Pour Bruno Tertrais, nous sommes entrés dans une « guerre des mondes », soit le « troisième choc en cent ans entre le monde des autocraties et celui des démocraties, dans laquelle des États révisionnistes, insatisfaits du statu quo, seront responsables de conflits indirects et de crises majeures ».

Cette guerre oppose deux familles partageant des ressemblances économiques, stratégiques et politiques. La notion, plus souple que celle de bloc, permet à Tertrais de rendre compte des mouvements internes allant vers l’un ou l’autre pôle, par exemple de pays ayant des intérêts économiques les rattachant à l’Occident mais tentés par des politiques autoritaires, comme c’est le cas de la Hongrie. Dans cette guerre – qui sera donc « tiède » –, l’Occident est bien placé. Ses idées attirent plus que celles des régimes autoritaires, et il conviendrait de repenser son fameux « déclin » davantage comme une stagnation.

Interview : 3 questions à John Seaman

Chercheur au Centre Asie de l’Ifri, John Seaman a écrit l’article « Minerais critiques : une diversification problématique » dans le n° 4/2023 de Politique étrangère. Il répond ici en exclusivité à 3 questions pour politique-etrangere.com.

1. De quelles manières la transition énergétique bouleverse-t-elle la géopolitique des matières premières ?

D’abord, il faut noter l’effet de la demande – une plus grande quantité pour une plus grande diversité de matières premières – essentiellement des métaux. Les technologies de la transition énergétique – éoliennes, panneaux solaires, véhicules électriques, systèmes à hydrogène – font déjà appel à une grande diversité de métaux, dont le lithium, le cobalt, le nickel ou le graphite pour les batteries, le néodyme ou le dysprosium (qui font partie du groupe dit des « terres rares ») pour les aimants permanents, et même des métaux de base comme le cuivre, nécessaire en grandes quantités pour soutenir une électrification massive. La demande pour ces matières premières augmente déjà et va vraisemblablement continuer de s’accroître de manière exponentielle dans les années à venir – de l’ordre de 40 fois pour certaines matières comme le lithium.

Plus la transition énergétique s’accélère – avec celle du numérique en parallèle –, plus on bascule d’un âge des hydrocarbures vers un nouvel âge des métaux, créant de nouvelles relations de dépendance et de nouveaux jeux de pouvoir. Il est clair que certains pays sont mieux lotis que d’autres : l’Indonésie avec ses réserves de nickel ; le Chili, l’Argentine ou même le Mexique avec des sources de lithium ; la République démocratique du Congo avec le cobalt ; ou encore des pays comme l’Australie et le Canada qui bénéficient de richesses minérales importantes dans leurs sous-sols.

[CITATION] Pacifique Sud : les Îles Salomon entre Pékin et Washington

« L’approche américaine de l’influence dans les Îles Salomon de 2019 à 2023 doit être comprise avant tout comme une réponse à la politique d’influence chinoise. » (p. 130)

Lisez l’article de Sophie Perrot ici.

Retrouvez le sommaire du numéro 3/2023 de Politique étrangère ici.

L’autre guerre froide ? La confrontation États-Unis/Chine

Cette recension a été publiée dans le numéro d’automne 2023 de Politique étrangère (n° 3/2023). Benoît Joulia propose une analyse de l’ouvrage de Pierre Grosser, L’autre guerre froide ? La confrontation États-Unis/Chine (CNRS Éditions, 2023, 392 pages).

Dans un ouvrage d’une grande érudition, Pierre Grosser critique la dimension performative des discours annonçant l’éclatement inéluctable d’une guerre États-Unis/Chine. Sur le temps long, il rappelle que l’opposition sino-américaine fut déjà une composante majeure de la guerre froide. Particulièrement marqué de 1946 à 1979, l’antagonisme s’est transformé en une « apparente lune de miel » de 1980 à 2007, grâce à l’ouverture économique d’une Chine s’efforçant alors de faire « profil bas », et à la certitude américaine que cette ouverture conduirait à la démocratisation. La période 2007-2013 marque une première rupture : forte de sa richesse nouvelle et de l’affaiblissement d’une Amérique frappée par les crises, la Chine étend ses « prétentions stratégiques », son « assertivité géopolitique » s’accroît, tandis qu’elle déploie un narratif contestant la supériorité et l’universalité des valeurs occidentales, aggravant par là « l’anxiété géopolitique » des États-Unis. L’arrivée au pouvoir de Xi Jinping en 2013 marque une nouvelle rupture, avec la fin de l’« ascension pacifique ». L’élection de Donald Trump en 2016, puis la guerre commerciale et technologique initiée à partir de 2018 ont depuis accéléré le retour de la « compétition entre grandes puissances ».

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