Étiquette : salafisme Page 1 of 2

Les territoires conquis de l’islamisme

Cette recension a été publiée dans le numéro d’automne de Politique étrangère 
(n° 3/2020)
. Marc Hecker, rédacteur en chef de Politique étrangère, propose une analyse de l’ouvrage dirigé par Bernard Rougier, Les territoires conquis de l’islamisme (Presses universitaires de France, 2020, 416 pages).

En 2002, Les Territoires perdus de la République – ouvrage dirigé sous pseudonyme par Georges Bensoussan – avait fait grand bruit. Les contributeurs y dénonçaient le recul des valeurs républicaines et la progression de l’antisémitisme dans certains quartiers sensibles. Moins de vingt ans plus tard, ces territoires auraient été conquis par l’islamisme, que Bernard Rougier définit comme « le refus assumé de distinguer l’islam comme religion, l’islam comme culture et l’islam comme idéologie », couplé au « souci de soumettre l’espace social, voire l’espace politique, à un régime spécifique de règles religieuses promues et interprétées par des groupes spécialisés ».

Salman’s Legacy:The Dilemmas of a New Era in Saudi Arabia

Cette recension a été publiée dans le numéro d’automne de Politique étrangère 
(n° 3/2020)
. Fatiha Dazi-Héni propose une analyse de l’ouvrage dirigé par Madawi Al Rasheed
, Salman’s Legacy: The Dilemmas of a New Era in Saudi Arabia (Hurst, 2020, 384 pages).

L’ouvrage dirigé par Madawi Al Rasheed, historienne reconnue et opposante notoire du royaume saoudien, a le mérite d’éviter le piège du choix entre les deux écoles qui s’opposent sur l’analyse de ce pays. Les tenants de la thèse sur la résilience du Royaume soulignent sa capacité à affronter les défis, quand les « collapsologues » spéculent sur la disparition imminente de la maison Al-Saoud. Cette controverse s’impose de nouveau depuis que le roi Salmane a dérogé aux mécanismes de la succession, en privilégiant son lignage au détriment de celui des autres descendants directs du roi fondateur.

Le Ben Laden du Sahara

Cette recension d’ouvrages est issue de Politique étrangère (1/2015). Alain Antil propose une analyse de l’ouvrage de Lemine Ould M. Salem , Le Ben Laden du Sahara. Sur les traces du jihadiste Mokthar Belmokthar  (Paris, Éditions de La Martinière, 2014, 208 pages).

BenLadenDuSaharaParmi les différents ouvrages parus ces dernières années sur le terrorisme dans la zone saharo-sahélienne, le livre de Lemine Ould M. Salem est particulièrement stimulant. L’auteur, qui couvre cette zone depuis des années pour plusieurs journaux européens, a été l’un des rares journalistes à s’être rendu dans le nord du Mali en 2012, alors que la région échappait à l’autorité de Bamako et que ses principales villes étaient administrées par trois mouvements islamistes : Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) et Ansar Dine.

Du Golfe aux banlieues. Le salafisme mondialisé

AdraouiDans cette recension, Amel Boubekeur propose une analyse de l’ouvrage de Mohamed-Ali Adraoui, Du golfe aux banlieues. Le salafisme mondialisé  (Puf, 2013, 248 pages).

Privilégiant une approche ethnographique, Mohamed-Ali Adraoui analyse la manière dont le choix du salafisme par de jeunes musulmans français habitant en banlieue transforme leurs expériences de relégation sociale, politique et économique. De manière judicieuse, l’auteur démontre que le salafisme est capable de s’adapter à divers environnements en proposant à ses adeptes des modes de politisations idoines.

Pour Adraoui, ce sont les facteurs sociaux, plus que l’attrait pour des normes religieuses spécifiques, qui expliquent le choix du salafisme en France. En devenant salafis, les adeptes substituent au sentiment d’impuissance né de leur exclusion des espaces majoritaires une désocialisation assumée et valorisante. Plutôt que d’accepter l’étiquette de banlieusards culturellement inadaptables, ils choisissent de devenir des musulmans véridiques, persécutés car leur foi authentique contrevient à l’ordre majoritaire impie. Les controverses cycliques sur le voile, l’islamophobie ou les caricatures du prophète Mohammed seraient les manifestations probantes de ce complot. Le mode de vie salafi, avec ses phrases ponctuées de mots arabes et ses longues tuniques orientales, devient un moyen de renouer avec la culture de leurs parents – majoritairement originaires d’Afrique du Nord – dépréciée par l’expérience migratoire. Pour les convertis salafis d’origine antillaise, portugaise et espagnole, pouvoir être ostensiblement croyant est aussi une occasion d’assumer la continuité d’un engagement postchrétien souvent raillé dans l’espace séculaire. Le caractère ultra-minoritaire du salafisme face à la masse de musulmans ayant délaissé le vrai islam devient le signe que l’on est à l’avant-garde du vrai islam, élu de Dieu. Contrairement aux autres mouvements islamiques, les salafis savourent le fait d’être des happy few et, en conséquence, ne s’engagent pas dans une prédication de masse visant à convaincre l’humanité du bien-fondé de leur pratique.

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