Cette recension d’ouvrages est issue de Politique étrangère (1/2015). Hélène Quénot-Suarez propose une analyse de l’ouvrage coordonné par Hubert Védrine, Lionel Zinsou, Tidjane Thiam, Jean-Michel Severino et Hakim El Karoui, Un partenariat pour l’avenir. 15 propositions pour une nouvelle dynamique économique entre l’Afrique et la France  (Paris, Pluriel, 2014, 352 pages).

Partenariat pour l'avenir_FR_AfriqueFruit d’un rapport commandé par le ministère de l’Économie et des Finances, cet ouvrage présente un panorama complet des potentialités économiques du continent africain, et les analyse avec un point de vue très « afro-optimiste ». C’est donc un document de référence utile, une compilation rassurante et variée, qui sont proposés dans la première partie de l’ouvrage. La deuxième propose des pistes pour mettre en œuvre un agenda économique propre à développer un « partenariat » renouvelé. La dernière partie, plus stratégique, se concentre sur la position de la France sur le continent.

La thèse soutenue par les auteurs est que Paris n’a pas pris l’entière mesure des changements à l’œuvre en Afrique. La croissance économique très rapide du continent, son urbanisation croissante ou sa forte résilience lors de la crise de 2008 en font pourtant une zone particulièrement adaptée pour saisir de nouvelles opportunités économiques et créer de la richesse, tant en France – les auteurs y annoncent la création possible de plus de 200 000 emplois en lien avec les activités africaines – qu’en Afrique. Mais, faute de se renouveler, la France perd logiquement des parts de marché sur le continent, face aux nouveaux grands acteurs économiques comme la Chine, mais aussi face à des partenaires plus traditionnels comme l’Allemagne.

Si l’état des lieux a le mérite de l’enthousiasme et de la nouveauté, les propositions sont, elles, beaucoup plus classiques, et l’on pourra regretter que la puissance d’analyse habituelle des auteurs ne s’y exprime pas plus largement. Le fait que le rapport ait été commandé par le ministère de l’Économie et des Finances peut être une première limite. En pratique, la diplomatie économique française est portée à la fois par Bercy et par le ministère des Affaires étrangères, qui en a fait un axe majeur de sa politique internationale[1]. Il aurait alors été intéressant de lire une analyse et des propositions sur la rationalisation possible de l’action de ces deux institutions. Les présentes analyses ne mentionnent d’ailleurs que peu les réalisations en place depuis 2012.

Enfin, on pourra regretter que la compilation – utile par ailleurs – de chiffres économiques sur le continent ne soit pas soumise à la critique, quand les difficultés pour y établir des données fiables sont fort bien connues des praticiens.

Les chercheurs et analystes spécialisés sur l’Afrique ne trouveront donc pas d’analyses nouvelles ou critiques dans cet ouvrage. Ce dernier est d’abord un outil utile pour les acteurs économiques privés français qui, au-delà des propositions techniques, pourraient y puiser un enthousiasme nouveau pour un continent jusqu’ici mal perçu. Au-delà des solutions proposées, c’est bien cette perception qui est au cœur de l’évolution des relations économiques avec l’Afrique.


[1]. A. Leboeuf et H. Quénot-Suarez, La Politique africaine de la France sous François Hollande. Renouvellement et impensé stratégique, Paris, Ifri, « Études de l’Ifri », novembre 2014, disponible sur : <www.ifri.org/fr/publications/ouvrages-de-lifri/politique-africaine-de-france-francois-hollande-renouvellement>.

 

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