La rédaction a le plaisir de vous offrir à lire en exclusivité l’article de Clément Beaune, secrétaire d’État chargé des Affaires européennes, « L’Europe, par-delà le COVID-19 », publié dans le nouveau numéro de Politique étrangère (n° 3/2020), à paraître le 7 septembre. Dans cet article, Clément Beaune pose un diagnostic précis des défauts de l’Europe et indique la marche à suivre afin de redonner du souffle au projet européen.

« Quelques semaines après un accord budgétaire d’une ambition inédite, acté par le Conseil européen le 21 juillet 2020, il serait tentant de dire que le COVID-19 a tout changé dans l’Union européenne (UE), selon le principe savamment répété : « L’Europe n’avance que dans les crises. » Comme tout cliché, cette simplification a du vrai. Le saut d’intégration réalisé avec l’endettement commun de l’Union est l’étape d’intégration européenne la plus importante depuis l’euro ; elle aurait été impossible sans cette crise. Mais il est vrai, surtout, et moins visible, que cette avancée majeure doit beaucoup au retour d’un triangle d’or qui n’avait plus connu pareille vigueur depuis le début des années 1990 : le couple franco-allemand, étroitement associé à une Commission européenne ambitieuse.

Élément de continuité sous-estimé et combiné à une réelle nouveauté, elle aussi minimisée : les attentes des citoyens à l’égard de l’Europe ont augmenté. Ils ne la critiquent pas tant pour son intrusion dans les compétences nationales que pour son inaction face aux défis communs : hier les migrations, aujourd’hui la santé, du manque d’harmonisation des mesures de quarantaine à la recherche commune d’un vaccin. Aujourd’hui, on s’attend à ce que l’Europe agisse, on la critique quand elle ne le fait pas, ou peu, ou tard.

La crise a d’ailleurs montré que son efficacité semblait corrélée à ses compétences : réactive dans le champ économique (suspension des règles budgétaires ou d’aides d’État, soutien monétaire massif), en large partie impuissante pour la coordination des restrictions aux frontières et presque inexistante dans le cœur sanitaire de la crise. Enfin, il n’est pas anodin de noter, avec la nécessaire prudence liée à toute fiction politique, que si le Royaume-Uni était encore membre de l’Union, l’accord sur le budget et un tel plan de relance aurait certainement été inaccessible.

Ces trois éléments – la nécessité d’un logiciel européen commun, les attentes croissantes des citoyens et la pertinence renouvelée du moteur franco-allemand – dessinent la matrice d’un projet européen qui doit revoir ses méthodes comme sa substance pour incarner une puissance ferme, rapide et audible dans un monde brutal que les Européens redécouvrent, tel l’empereur de Chine des Nouvelles orientales de Marguerite Yourcenar s’apercevant avec rage que le monde réel n’est pas celui des toiles superbes que son vieux peintre Wang-Fô lui avait idéalement décrit.

Quel projet européen pour Emmanuel Macron ?

Commençons par la méthode européenne du président de la République, non seulement car elle dit beaucoup du fond, mais aussi car elle marque la nouveauté la plus importante dans l’action européenne des présidents français depuis François Mitterrand. Cette rupture méthodologique a été encore peu perçue ou commentée. Elle repose sur la combinaison permanente de trois éléments. […] »

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