Suite au sondage réalisé sur ce blog, nous avons le plaisir de vous offrir en avant-première l’article du numéro d’automne 2020 de Politique étrangère (n° 3/2020) – disponible dès lundi 7 septembre – que vous avez choisi d'(é)lire : « La coopération sanitaire internationale à l’épreuve du COVID-19 », écrit par Didier Houssin, président du Comité d’urgence de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans le cadre de l’épidémie du COVID-19.

Au cours des derniers mois, l’espèce humaine a été confrontée à un nouveau et dangereux membre de la famille des virus à couronne : après le coronavirus SARS-CoV-1, responsable de l’épidémie de Syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) qui a débuté en Chine en 2003, puis le MERS CoV apparu en 2012 en Arabie Saoudite, le SARS-CoV-2 est responsable de la pandémie de COVID-19 dont les premières manifestations ont été identifiées fin 2019 en Chine.

Après environ six mois de transmission d’un virus dont le tropisme est l’appareil respiratoire des êtres humains, le bilan au 8 juin 2020 fait état de près de 7 millions de cas recensés et de plus de 400 000 décès, principalement dans les zones Europe et Amériques de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

La pandémie est encore en cours. La trajectoire et l’intensité de la transmission du virus peuvent réserver des surprises. Toutefois, il est possible de faire quelques premiers constats sur la gestion de cette épidémie. Le moins que l’on puisse dire est qu’elle s’est d’emblée révélée peu propice à la coopération internationale en matière sanitaire.

L’internationalisation de l’épidémie liée au virus SARS-CoV-2

L’épidémie due au virus SARS-CoV-2, qui s’est déclenchée en Chine dans les dernières semaines de 2019, n’est pas apparue comme une totale surprise. Les risques zoonotiques afférents à la mise en contact de populations humaines denses avec de nombreuses espèces de la faune domestique et sauvage, en particulier dans les marchés d’animaux vivants, sont connus. Les précédentes épidémies à coronavirus en ont déjà été l’expression.

Le premier signalement de cas groupés de pneumonies de cause inconnue à Wuhan, dans la province chinoise du Hubei, a été fait à l’OMS le 31 décembre 2019. Un nouveau coronavirus a vite été mis en cause. Son génome a rapidement été séquencé à partir de plusieurs prélèvements faits en Chine chez des malades, en particulier dans le Hubei.

Dès le 12 janvier 2020, les autorités sanitaires chinoises ont rendu publique la séquence génétique de ce nouveau coronavirus, en introduisant cette séquence dans la base de données GISAID qui recueille les séquences génétiques des virus influenza. Cette rapidité traduit, à la fois, les progrès faits en matière de génétique moléculaire virale, et la volonté de partager des informations génétiques utiles à la compréhension de ce virus. Les connaissances progressent aujourd’hui plus vite sur la nature d’un virus émergent que sur les effets de celui-ci sur la population, ou sur ses modes de transmission.

Dès le 13 janvier 2020, la portée internationale de l’épidémie liée au virus SARS-CoV-2 est apparue avec un premier cas signalé en Thaïlande. La dimension internationale de l’épidémie était sans doute plus précoce, mais cela reste encore à bien documenter à l’heure où sont écrites ces lignes.

Face à un risque sanitaire nouveau susceptible de concerner le monde entier, l’OMS devait avoir un rôle de chef de file. Cette agence de l’Organisation des Nations unies (ONU) est à la fois un organisme muni de compétences techniques en matière de santé, et un organisme politique composé de la quasi-totalité des États existant dans le monde. Sa gouvernance s’appuie sur l’Assemblée mondiale de la santé, qui réunit l’ensemble des 193 États membres de l’Organisation, et un Conseil exécutif composé de 34 membres. Face au risque de diffusion internationale d’une maladie, l’action de l’OMS et des États membres s’appuie sur un instrument juridique international essentiel : le Règlement sanitaire international (RSI), dont la dernière version a été adoptée en 2005. Quand point un risque nouveau, le directeur général de l’OMS doit, selon le RSI, convoquer un Comité d’urgence ad hoc, composé de scientifiques, et dont le rôle est, avant tout, de donner un avis au directeur général : l’événement en cours doit-il être qualifié d’« urgence de santé publique de portée internationale », ce qui, selon le RSI, renvoie alors à des droits et devoirs spécifiques pour l’OMS et ses États membres ?

Aucun pays ne souhaite être la source d’une urgence de santé publique de portée internationale, en raison notamment des effets qui en résultent, en termes d’image et sur le plan économique. À l’inverse, l’image de ce même pays sera fortement dégradée s’il apparaît que l’OMS a été prévenue avec retard d’un événement sanitaire de ce type. En 2003, cette critique justifiée avait été faite à la Chine lors de l’épidémie de SRAS.

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