Étiquette : histoire américaine

Franklin D. Roosevelt

Cette recension est issue de Politique étrangère 3/2013. Laurence Nardon propose une analyse de l’ouvrage d’Yves-Marie Péréon, Franklin D. Roosevelt (Paris, Tallandier, 2012, 576 pages).

00-PéréonL’historien Yves-Marie Péréon nous offre ici la première biographie en français de Franklin D. Roosevelt (FDR) depuis celle d’André Kaspi en 1986. Il s’agit d’un ouvrage à la fois agréable à lire, la langue y étant d’une grande élégance, et de référence, car l’analyse est toujours solide et les sources d’une grande richesse. L’intérêt de cette biographie est de pouvoir appréhender la trajectoire et le rôle de FDR depuis un cadre de réflexion français. Avec d’abord la présence dans l’ouvrage de nombreuses comparaisons avec la situation française de l’époque et

Les cultures régionales des Etats-Unis

Cette recension d’ouvrage est issue de Politique étrangère (2/2012). Laurence Nardon, responsable du programme Etats-Unis de l’Ifri, propose une analyse de l’ouvrage de Colin Woodard, American Nations: A History of the Eleven Rival Regional Cultures of North America (New York, Viking Press, 2011, 384 pages).

Colin Woodard propose une histoire des États-Unis vue sous l’angle de ses cultures régionales. Il postule que les différentes aires culturelles d’Amérique du Nord (Mexique et Canada inclus) ont été établies par les premiers pionniers sur la base de leur religion, de leur gouvernement et de leur économie. Aux siècles suivants, les immigrants qui se sont installés dans ces régions, loin d’imposer leur propre culture, se sont adaptés à celle des premiers arrivés. Les frontières de ces zones culturelles ont pu bouger mais leurs identités sont restées les mêmes. Parmi les 11 régions identifiées, voici les plus intéressantes.
La région yankee : les premiers colons arrivés dans le Nord des États-Unis étaient des puritains d’une grande intolérance religieuse, organisés en communautés politiques fortes pour assurer le bien de tous. Les démocrates qui dominent la région aujourd’hui sont toujours perçus comme donneurs de leçons et favorables au rôle de l’État.
Les quakers de Pennsylvanie montraient en revanche un grand respect pour les autres ethnies et religions, ainsi qu’un fort antimilitarisme. Ils constituent aujourd’hui les États modérés des Midlands, qui décident souvent de l’élection présidentielle.
New York, l’ancienne New Amsterdam, a été peuplée de commerçants hollandais, ouverts à un multiculturalisme total pour peu que le commerce soit respecté : une assez bonne définition de la Grosse Pomme aujourd’hui.
Le Sud fut peuplé d’aristocrates anglais venus non de la nation mère mais de la Barbade, où ils avaient développé des plantations fondées sur un cruel esclavagisme. Ils importèrent leur système dans le Sud des États-Unis, avec les conséquences qu’on sait.
Le respect des Amérindiens et la créolisation aujourd’hui observés au Québec et à La Nouvelle-Orléans renvoient sans doute aux relations égalitaires mises en place par les premiers colons français dans ces régions.
Les Appalaches, peuplées d’immigrés écossais et irlandais héritiers de siècles d’histoire violente, sont encore aujourd’hui les plus favorables aux interventions armées extérieures.
Les plaines de l’Ouest des États- Unis étaient trop arides pour le développement agricole : individualistes, parfois extrémistes, les descendants des premiers colons affichent encore aujourd’hui leur rancœur contre un État fédéral dont ils n’ont jamais pu se passer.
La côte ouest, de la Colombie britannique au nord de la Californie, fut peuplée des mêmes pionniers individualistes, ici accompagnés d’un certain nombre de Yankees : sa culture se caractérise par un individualisme idéaliste et innovateur, mâtiné d’une grande confiance dans l’État pour améliorer la situation sociale.
Si C. Woodard reprend les thèses d’autres chercheurs (David Hackett Fischer, Albion’s Seed, ou Joel Garreau, The Nine Nations of North America), il les étend à tout le continent et à toute l’histoire moderne. Il étaie sa démonstration par une analyse poussée des élections locales, des recensements et des sondages des dernières décennies.
Il propose au final une thèse captivante, qui revisite les événements de l’histoire américaine sous un angle nouveau (par exemple la guerre du whisky des années 1790). On peut cependant regretter l’absence de réflexion sur la culture des Noirs américains en tant que groupe : peut-être l’objet d’un prochain ouvrage ?

Laurence Nardon

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