La rédaction a le plaisir de vous offrir à lire ce second article, « Le crépuscule de l’universel », écrit par Chantal Delsol, professeur émérite de philosophie politique et membre de l’Académie des sciences morales et politiques, et paru dans notre nouveau numéro de Politique étrangère (n° 1/2019), un numéro spécial 40 ans de l’Ifri, « 2019-2029 – Quel monde dans 10 ans ? ».

Après la saison révolutionnaire, autrement dit pendant deux siècles, la culture occidentale a revendiqué son statut universel pour s’étendre sur toute la Terre. Nos conquêtes se donnaient des allures de mission, dans le sillage de notre tradition – depuis Périclès apportant la démocratie aux villes sujettes, jusqu’aux Chrétiens menant la croisade au nom de la Vérité. Les droits de l’homme représentaient le nouveau discours prosélyte, porté par ses apôtres. Et le message passait. Après Pierre le Grand occidentalisant de force la Russie, on vit le Japon ou la Turquie en faire autant. L’ensemble des cultures extérieures, en l’espace de deux siècles, non seulement s’occidentalisait plus ou moins volontairement, mais bien souvent revendiquait nos principes et vocables.