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The ISIS Reader

Cette recension a été publiée dans le numéro d’été de Politique étrangère (n° 2/2020).
Myriam Benraad propose une analyse de l’ouvrage de Haroro J. Ingram, Craig Whiteside et Charlie Winter
, The ISIS Reader: Milestone Texts of the Islamic State Movement (Hurst, 2020, 328 pages).

Signé par trois auteurs reconnus dans leurs domaines, cet ouvrage se veut une étude pionnière sur l’État islamique, à travers l’analyse des « mots » employés par ses membres. Basé sur la mobilisation critique d’un vaste échantillon de textes, documents, discours et vidéos (traduits de l’arabe ou directement adressés à des publics anglophones), il a pour ambition d’évaluer dans quelle mesure le langage en lui-même a structuré toute l’évolution de cette mouvance, appréhendée par phases, de la fin des années 1990 jusqu’à la période la plus récente. L’objectif est d’offrir au lecteur clarté et nuances quant aux transformations historiques et stratégiques de ce groupe, par un recours méthodologique aux sources primaires et leur exploitation systématique, exercice qui a souvent fait défaut par le passé.

The ISIS Apocalypse

Cette recension est issue de Politique étrangère (1/2016). Jean-Loup Samaan propose une analyse de l’ouvrage de William McCants, The ISIS Apocalypse: the History, Strategy, and Doomsday Vision of the Islamic State (New York, St. Martin’s Press, 2015, 256 pages).

ISIS  Apocalypse_MECH_01.inddEn l’espace de deux ans, l’État islamique (EI) a généré une abondante littérature. Cet ouvrage propose de mettre en lumière une dimension peu ou mal comprise de l’organisation : sa rhétorique apocalyptique. McCants prend soin de souligner la particularité tant idéologique qu’opératoire de l’EI : le groupe est en effet le premier acteur depuis la chute de l’Empire ottoman à prétendre au statut de califat.

Il en ressort plusieurs clés de compréhension de l’EI. Tout d’abord, si l’EI est bien un descendant d’Al-Qaïda en Irak, sa stratégie s’en est dès le début distanciée. Ainsi, rappelle l’auteur, Ben Laden et Zawahiri ne proclamèrent jamais un califat qui devait, à leurs yeux, n’advenir qu’une fois les musulmans rassemblés contre l’impérialisme occidental. De plus, les attaques visant directement des musulmans en Irak et Syrie étaient jugées contre-productives par les leaders d’Al-Qaïda. L’EI, pour sa part, n’hésite pas à conquérir ses territoires par une campagne de terreur, et non de séduction, des populations.

Cela nous conduit à un phénomène particulièrement intéressant vers 2013-2014. L’émergence de l’EI et son ralliement par de nombreux djihadistes d’Al-Qaïda ont été entourés de débats internes et de controverses relayés par les réseaux sociaux, comme jamais cela n’avait été le cas dans l’histoire du terrorisme islamiste. Alors qu’Al-Qaïda prenait soin de contrôler les dissensions internes, les allégeances à Daech et les critiques à l’égard des autres mouvements (Jabhat Al-Nusra notamment) furent largement diffusées et discutées sur la toile. Il s’agit là aussi d’une dimension fondamentale de l’EI : son attention méticuleuse apportée à la propagande de masse.

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