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Les autres ne pensent pas comme nous

Cette recension a été publiée dans le numéro d’hiver 2022 de Politique étrangère (n° 4/2022). Dominique David, co-rédacteur en chef de notre revue, propose une analyse de l’ouvrage de Maurice Gourdault-Montagne, Les autres ne pensent pas comme nous (Bouquins, 2022, 396 pages).

On voyage beaucoup avec Maurice Gourdault-Montagne : dans le temps – la carrière fut étendue –, dans l’espace – au fil des postes et des missions –, dans l’État – des premiers engagements après le concours d’Orient jusqu’aux sommets de la décision.

C’est la force et l’intérêt de ces « mémoires » que de n’en être pas : mais plutôt une succession de réflexions et de témoignages illustrant le « métier de diplomate ».

La France face à son image, Stanley Hoffmann (1986)

En cette période de confinement liée à l’épidémie de coronavirus, la rédaction de Politique étrangère vous offre de (re)lire des textes qui ont marqué l’histoire de la revue. Nous vous proposons aujourd’hui un article de Stanley Hoffmann, professeur de civilisation française et président du Centre d’études européennes à l’université de Harvard, intitulé « La France face à son image », et publié dans Politique étrangère en 1986.

L’image de la France à l’étranger est multiple et contradictoire depuis longtemps. Dans les années 30, au temps où naquit cette revue, la France était encore « la grande Nation » démocratique et généreuse, le pays de Michelet et de Jaurès, aux yeux de beaucoup de ses fidèles, en Europe orientale ou aux États-Unis ; mais bien des Anglais lui reprochaient son « nationalisme étroit » de l’immédiat après-guerre, et les nazis la voyaient corrompue, molle et décadente. Aujourd’hui, certains la respectent pour sa volonté de résister à l’emprise des superpuissances, mais beaucoup d’autres l’accusent de prétentions sans commune mesure avec ses moyens. Ils s’offusquent des « airs » qui agacent ses voisins (lesquels savent à quoi s’en tenir sur sa puissance véritable) et qui, à la fin, ne trompent qu’elle. Certains la voient encore comme terre d’asile et comme championne des aspirations des nouveaux États qui cherchent – comme elle l’avait fait elle-même – à se constituer en nations ; d’autres l’accusent de matérialisme sans principes ni hauteur et sont prompts à découvrir bien des signes de racisme et de chauvinisme.

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