logo_lacroix Le dossier « La Russie au Moyen-Orient » de Politique étrangère 1/2013 est présenté dans la Croix par Jean-Christophe Ploquin dans son article « La Russie a de nombreux fers au feu du Moyen-Orient ». À lire ci-dessous.

La Russie a de nombreux fers au feu du Moyen-Orient

En Europe, aux États-Unis et dans le monde arabe, Moscou est perçu comme le principal rempart du régime de Bachar Al Assad, en Syrie. Le bon dossier que la revue Politique étrangère consacre à « La Russie au Moyen-Orient » permet de mieux appréhender la stratégie du Kremlin dans la région.
« La Russie se perçoit comme une civilisation ayant des liens privilégiés avec l’Occident et le monde islamique qui doivent être préservés si elle veut rester une entité cohérente aux plans culturels et politique », explique Andreï Tsygankov, Professeur de relations internationales à San Francisco. « Pour sa propre survie, elle doit s’attacher à saper ce qu’elle voit comme les tendances extrêmes des systèmes et pratiques politiques de l’islam et de l’Ouest – l’islamisme et l’occidentalisme. » Selon cette analyse, l’occidentalisme est un courant radical et ethnocentrique de l’Occident qui présente son système de valeurs comme supérieur aux autres et qui affirme la légitimité d’actions militaires pour l’imposer.
La stratégie de la Russie sur son flanc sud sera dès lors d’apparaître comme une puissance stabilisatrice et de se doter de moyens d’influence dans tous les États, y compris lorsqu’ils ont des intérêts antagonistes. La qualité des relations qu’elle entretient à la fois avec Israël et avec l’Iran est l’exemple le plus éclatant de ce jeu diplomatique.
Moscou et Tel-Aviv développent une importante coopération dans des secteurs de pointe : nanotechnologies, spatial, drones… La Russie est en même temps le fournisseur de l’industrie nucléaire civile iranienne !
En Syrie, le soutien au régime de Damas est déterminé notamment par des contrats d’armement réactivés à partir de 2005 : artillerie, défense antiaérienne et antinavires, stations d’écoute radar, entretien de la base navale de Tartous, pièces de rechange pour les chars et l’aviation… La complexité de certains systèmes d’armes est telle qu’elle nécessite la présence constante de « formateurs » russes auprès des servants syriens.
« La Russie ne permettra pas d’intervention étrangère en Syrie », prévient Frédéric Pichon, spécialiste de la région. Le prix de cet engagement est le refroidissement des relations avec la plupart des pays arabes, notamment l’Arabie saoudite et l’Égypte. Moscou considère en effet les Frères musulmans comme des « islamistes » extrémistes et se trouve donc en porte-à-faux par rapport aux évolutions du monde arabo-musulman.

Jean-Christophe Ploquin

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