Cette recension a été publiée dans le numéro d’hiver de Politique étrangère (n°4/2016). Florence Faucher propose une analyse de l’ouvrage dirigé par Émilie van Haute, Green Parties in Europe  (Routledge/Université libre de Bruxelles, 2016, 338  pages).

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L’écologie politique et électorale a plus de 40 ans, et les partis qui l’incarnent sont bien installés dans l’espace politique européen. Ils sont entrés au Parlement européen, dans les parlements nationaux, dans les conseils locaux et régionaux avec une grande diversité de labels, de projets et d’alliances. Ils ont également participé à des gouvernements de coalition dans neuf pays de l’Union européenne. Pourtant, la question de l’unité de la famille politique verte demeurait peu expliquée systématiquement, en partie parce que l’on ne disposait pas de données comparatives suffisantes. Émilie van Haute a réuni une équipe d’experts internationaux, familiers pour certains de ces organisations depuis plus de 20 ans, pour proposer un bilan des savoirs sur les partis verts. Leur travail démontre l’existence d’une famille partisane nouvelle à part entière.

Le travail éditorial et de direction est remarquable. Introduction et conclusion encadrent de manière stricte et concise des chapitres eux-mêmes assez courts, qui donnent un panorama synthétique des évolutions, mais aussi réflexif et analytique mettant en lumière les points névralgiques des organisations considérées. L’ouvrage est divisé en deux parties. La première comprend dix études de cas portant sur un seul parti (comme EELV ou Die Grünen), ou comparant deux ou trois partis (les partis belges, scandinaves ou d’Europe du Sud), ou le groupe du Parlement européen. Bruno Villalba analyse ainsi les tensions internes aux Verts français et leurs difficultés à construire l’unité du mouvement politique. Niklas Bolin interroge l’apparent succès des écologistes suédois et finlandais qui partagent des visions très proches mais dont les succès sont étroitement dépendants des contextes institutionnels dans lesquels ils évoluent (le parti suédois est contraint par les résultats du partenaire social démocrate ; les Finnois ont participé à plusieurs gouvernements de coalition et l’élection présidentielle a pu leur servir de vitrine).

Les quatre chapitres de la deuxième partie présentent des précisions précieuses pour qui aspire à une vision d’ensemble de cette famille. Ils analysent par exemple les entrées et sorties des coalitions, mettent en lumière la nécessaire phase d’apprentissage institutionnel qui permet de négocier alliances électorales, portefeuilles ministériels et concessions politiques. Ils soulignent les traits identitaires des écologistes et leurs difficultés à conserver à la fois leur autonomie, leurs différences (y compris en tant qu’organisations résistant à la professionnalisation politique). Benoît Rihoux analyse l’institutionnalisation des rebelles d’autrefois, en s’attachant particulièrement aux effets sur les implications organisationnelles.

Au final, cet ouvrage est un excellent exemple de travail cumulatif et comparatif. Il est plus qu’une collection de chapitres disparates et est à la hauteur de son ambition : passer l’écologie politique européenne au crible de la science politique. On regrettera néanmoins l’absence d’un chapitre sur les effets de ces partis sur les systèmes partisans et sur les programmes électoraux de leurs adversaires et partenaires de coalition. Peut-on attribuer à l’écologie électorale le verdissement (modeste) des partis de gouvernement ? Si cet impact existe, est-il lié aux nécessités de la compétition électorale, ou à la capacité des Verts à négocier des accords de gouvernement ?

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