Le 11 juin dernier, Frédéric Lemaître a publié dans Le Monde un article consacré à la relation européenne avec l’Asie, et notamment la Chine. Il cite à cette occasion le dossier du numéro d’été de Politique étrangère (n° 2/2021), « L’Asie de l’Est face à la Chine » et plus particulièrement l’article de Sophie Boisseau du Rocher, chercheuse associée au Centre Asie de l’Ifri, « Chine et Asie du Sud-Est: les jeux sont-ils faits ? ».

On espérait un dialogue. Ce ne fut qu’une succession de monologues chinois. Organisé simultanément à Chongqing et à Rome le mardi 8 juin, le cinquième « séminaire Chine-Europe sur les droits humains » a fait un flop. Aucun officiel européen n’y a participé. Prévu pour se tenir cette année en Italie, ce rendez-vous, pour lequel les Chinois consacrent des moyens considérables, s’est tenu en duplex avec Rome. Pourtant, aucun membre du gouvernement Draghi n’y a fait la moindre apparition. Même le consul italien à Chongqing n’a pas daigné y faire un saut.

Tout juste a-t-on eu droit à quelques élus locaux de la Péninsule, venus dire que la Chine était un pays formidable et qu’elle le serait encore davantage si elle autorisait les Chinois à faire à nouveau leurs emplettes à Rome et Milan. Il est vrai que, de leur côté, les Chinois n’avaient pas fait le moindre effort. Le thème retenu pour la rencontre le prouve : le Covid-19 et la garantie du droit à la vie et à la santé. Les uns après les autres, les Chinois ont expliqué que, grâce à Xi Jinping, la Chine avait sauvé d’innombrables vies durant l’épidémie. Et comme la vie est le premier des droits de l’homme, la Chine respecte donc ceux-ci. CQFD. On l’a compris : ni le Xinjiang ni Hongkong n’étaient à l’ordre du jour.

« Il faut parler avec la Chine »

Depuis le 22 mars et l’annonce par Pékin de sanctions contre des responsables politiques européens, l’Union ne sait quelle attitude adopter face à la Chine. « Les conditions politiques d’un dialogue de ce type ne sont pas réunies », expliquent les Européens pour justifier leur absence au séminaire. Mais, ajoutent-ils aussitôt, « il faut parler avec la Chine ». Juste avant la visite de Joe Biden au G7, Charles Michel, le président du Conseil européen, a une nouvelle fois défendu l’accord sur les investissements conclu fin décembre 2020, même si celui-ci semble mort-né. […]

Le constat s’impose encore davantage à ses voisins. Traditionnellement, le Japon, la Corée du Sud mais aussi les pays de l’ASEAN, notamment Singapour, les Philippines, la Thaïlande, la Malaisie et l’Indonésie, sont dans la sphère d’influence américaine. Mais comme le montre le dossier que vient de publier la revue Politique étrangère, tous ces pays sont écartelés entre leur crainte de l’expansionnisme de la Chine et l’irrésistible attrait de son marché.

« A terme, ce que vise Pékin, c’est substituer un système référentiel chinois au système américaine, et convaincre les pays de la région de l’intérêt et de la logique naturelle d’une communauté de destin, y compris sécuritaire », explique Sophie Boisseau du Rocher, chercheuse à l’Institut français des relations internationales. […]

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Lisez l’article de Sophie Boisseau du Rocher, « Chine et Asie du Sud-Est : les jeux sont-ils faits ? » ici.

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