Cette recension a été publiée dans le numéro d’été 2021 de Politique étrangère (n° 2/2021). Hugo Le Picard, chercheur au Centre Energie & Climat de l’Ifri, propose une analyse de l’ouvrage de Robert M. Clark, Geospatial Intelligence: Origins and Evolution (Georgetown University Press, 2020, 368 pages).

Robert M. Clark a à son actif une carrière de plus de cinquante ans dans le milieu du renseignement américain. Ancien lieutenant-colonel de l’US Air Force (USAF), il a été chef de groupe responsable du développement de nouvelles techniques analytiques à la Central Intelligence Agency (CIA). Ingénieur de formation, Robert M. Clark est passé par le Massachusetts Institute of Technology (MIT) et a fait sa thèse de doctorat en génie électrique à l’université de l’Illinois.

Après avoir prolongé sa carrière dans le privé, en fondant son entreprise destinée à enrichir l’écosystème du renseignement américain, il est aujourd’hui professeur adjoint à l’université Johns Hopkins. Ce retour dans la sphère académique va de pair avec la publication de nombreux ouvrages. Il a écrit ces dernières années plus d’une demi-douzaine de livres dédiés au renseignement. Dans ce dernier ouvrage Robert M. Clark revient sur l’histoire du renseignement géospatial (GEOINT) et nous introduit aux concepts fondamentaux de ce domaine.

L’ouvrage commence par un retour aux origines du GEOINT : la cartographie. Il nous montre comment le GEOINT s’est construit et a progressé au fil des siècles grâce aux nouvelles découvertes scientifiques et technologiques, mais aussi en bénéficiant de l’apport de nombreux domaines comme la géographie ou encore la géopolitique. L’auteur développe les aspects spécifiques des outils qui composent le GEOINT, tout en replaçant son sujet dans un contexte historique, avec par exemple des chapitres très détaillés sur l’imagerie multispectrale et radar, en passant par le système d’information géographique (sig). Ces chapitres sont parfois techniques et s’adressent donc avant tout au lecteur ayant quelque intérêt pour les sciences. Cependant, l’auteur fait preuve de beaucoup de pédagogie et de clarté lorsqu’il développe ces aspects techniques, ce qui en facilite grandement la compréhension. De même, le livre est structuré de telle façon que le lecteur puisse piocher directement à son aise les parties qui l’intéressent. Tous les chapitres sont aussi remplis d’exemples, ou d’anecdotes, détaillant les idées, les inventions, ou encore les chercheurs qui ont eu une influence sur le développement du GEOINT, et rendent la lecture plus vivante. Enfin l’auteur nous montre comment l’utilisation GEOINT a profondément impacté de nombreux domaines en dehors du secteur militaire. L’utilisation du GEOINT est en effet de plus en plus utile aux entreprises, aux administrations, ou aux organisations non gouvernementales.

L’ouvrage est très probablement l’un des livres les plus complets qui existe sur le GEOINT. Il s’adresse à la fois à des professionnels du milieu qui voudraient avoir une vision plus profonde du développement du renseignement géospatial, et à des étudiants de second cycle, étant écrit et organisé comme un manuel. Enfin, par la clarté d’écriture et la pédagogie de l’auteur, il peut aussi toucher un public plus large. Chaque chapitre, bien qu’accessible, demande pourtant un incontestable investissement en temps. Ce livre s’adresse donc avant tout à des lecteurs studieux voulant acquérir ou approfondir une expertise sur le renseignement géospatial.

Hugo Le Picard

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