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Un monde nouveau en manque d’Amérique

SerfatyCette recension d’ouvrage est issue de Politique étrangère (2/2014). Yves Gounin propose une analyse de l’ouvrage de Simon Serfaty, Un monde nouveau en manque d’Amérique (Paris, Odile Jacob, 2014, 176 pages).

Deux évidences circulent couramment sur l’état du monde. La première : si le xxe siècle a été marqué par l’envol de la puissance américaine et sa victoire par K.-O. face à l’Union soviétique, le xxie siècle sera celui de son inexorable déclin, d’ores et déjà annoncé par les événements du 11 septembre 2001, le fiasco irakien et le krach financier de 2008. La seconde : sur les décombres du monde bipolaire de la guerre froide et une fois refermée la parenthèse du « moment unipolaire[1] », émerge un système multipolaire dont les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) constitueront les principales puissances.

Simon Serfaty bat en brèche ces deux ponts aux ânes. Cet observateur aiguisé de la relation transatlantique, qui scrute depuis 40 ans la puissance américaine et ses manifestations, nous invite à reconsidérer le monde nouveau issu de la guerre froide et du 11 septembre.

Premier contresens : l’inexorable déclin américain. Son évocation répétée négligerait la capacité des États-Unis « de se renouveler chaque fois qu’ils semblent au bord de l’épuisement ». Ils jouissent d’une démographie dynamique (à la différence de l’Europe, de la Russie, du Japon et même de la Chine, qui vieillissent). Premier producteur mondial de gaz devant la Russie, ils s’apprêtent à prendre à l’Arabie Saoudite la place de premier producteur mondial de pétrole en 2017. Leur industrie a rebondi. Leur rayonnement culturel est toujours aussi intense. Il y a belle lurette que l’anglais est devenu l’espéranto du commerce mondial.

The Empire Trap – Strategic Capitalism

Cette recension d’ouvrage est issue de Politique étrangère (2/2014). Jérome Marchand propose une analyse des ouvrages de Noel Maurer, The Empire Trap. The Rise and Fall of US Intervention to Protect American Property Overseas, 1893-2013, (Princeton, NJ, Princeton University Press, 2013, 568 pages), et de Richard D’Aveni, Strategic Capitalism. The New Economic Strategy for Winning the Capitalist Cold War (New York, NY, McGraw-Hill, 2012, 304 pages).

Ces deux titres sont à recommander aux chercheurs spécialisés dans les questions économiques et diplomatiques, ainsi qu’aux responsables d’associations patronales. Chaque ouvrage traite des interactions entre le monde des affaires américain et les milieux dirigeants de Washington, en cherchant à déterminer d’abord dans quelle mesure la perception spontanée ou construite des menaces externes (États spoliateurs et États compétiteurs) influence la conduite de la politique étrangère et ensuite de quelles manières les États-Unis peuvent atténuer les fuites d’hégémonie et leurs retombées en cascade.

EmpireLe lecteur averti ne s’arrêtera pas à ce résumé. Par-delà les considérations de souveraineté et de prééminence, il faut avant tout s’intéresser aux grilles d’analyse mises en place par les deux auteurs, ainsi qu’aux mesures adaptatives et curatives dont ils dressent le tableau. The Empire Trap, ouvrage historique, cherche à déterminer comment la protection extérieure des investissements privés a pris le pas sur les considérations de haute politique dès le début du xxe siècle, puis montre en quoi le développement des systèmes institutionnels d’arbitrage international a permis au pouvoir d’État de conserver une certaine indépendance face aux lobbies. Tout n’est pas d’égale valeur dans cette fresque. Les passages traitant des années 1898-1945 sont bien menés. Ceux consacrés à l’après-Seconde Guerre mondiale sont inégaux, voire décevants pour la période qui va des années 1980 à nos jours. Il faut cependant souligner que l’auteur a mobilisé une masse considérable de données quantitatives en les insérant dans un récit cohérent, rédigé dans une langue vivante. Ce qui n’est pas un mince tour de force.

Fortifying China. The Struggle to Build a Modern Defense Economy

Cette recension est issue de Politique étrangère (4/2013). Yves-Heng Lim propose une analyse de l’ouvrage de Tsai Ming Cheung – Fortifying China. The Struggle to Build a Modern Defense Economy (Ithaca, NY, Cornell University Press, 2009, 296 pages).

80140100558080MS’il existe aujourd’hui une abondance d’ouvrages sur les forces armées chinoises et la modernisation rapide de ces dernières, plus rares sont ceux qui s’intéressent aux moyens industriels que se donne la Chine pour concrétiser de telles ambitions. L’ouvrage de Tai Ming Cheung vient donc combler un certain vide dans la littérature existante en traitant de la question de l’organisation de ce qu’il conviendrait sans doute d’appeler le complexe militaro-industriel (CMI) chinois. La principale interrogation traversant l’ouvrage porte sur l’évolution de la capacité du CMI chinois à produire et absorber l’innovation.

Les deux premiers chapitres proposent un rapide historique de l’organisation et des capacités du CMI chinois durant la période maoïste et des réformes engagées par Deng Xiaoping, rappelant notamment la différence d’organisation – donc de capacité à innover – entre les secteurs conventionnel et nucléaire (période maoïste) et les difficultés à sortir d’une logique d’« imitation duplicative », en dépit des réformes mises en places par Deng.

Chine, le nouveau capitalisme d’État

Cette recension est issue de Politique étrangère 3/2013. Norbert Gaillard propose une analyse de l’ouvrage de Marie-Claire Bergère, Chine, le nouveau capitalisme d’État (Paris, Fayard, 2013, 312 pages).

00-BergèreLe présent ouvrage analyse l’évolution récente de l’économie chinoise en montrant la forte imbrication entre milieux d’affaires et élites politiques. Le premier chapitre rappelle qu’à chaque génération de dirigeants a correspondu une série de réformes particulières. Dans les années 1980, Deng Xiaoping lance la modernisation du monde rural. Dans la décennie suivante, Jiang Zemin accélère l’industrialisation et l’urbanisation du pays. Dans les années 2000, Hu Jintao intègre la Chine dans le concert des grands exportateurs mondiaux tout en s’efforçant de développer les régions intérieures.

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