Cette recension a été publiée dans le numéro d’hiver 2024 de Politique étrangère (n° 4/2024). Dominique David, rédacteur en chef de la revue, propose une analyse de l’ouvrage de Nicole Gnesotto,Choisir l’avenir. 10 réponses sur le monde qui vient (CNRS Éditions, 2024, 248 pages).
Sous une étrange couverture mêlant immeuble ravagé et ballons d’espoir, Nicole Gnesotto nous entraîne dans le « chaos planétaire » : celui qui, après la glaciation de la guerre froide, semble s’imposer avec l’installation d’un « monde fluide et fragile ».
Cette recension a été publiée dans le numéro d’hiver 2024 de Politique étrangère (n° 4/2024). Gilles Boquérat propose une analyse de l’ouvrage de Maleeha Lodhi (dir.),Pakistan: The Search for Stability (Hurst, 2024, 472 pages).
Employer la notion de « polycrise » au sujet de la situation au Pakistan n’est pas usurpé. Maleeha Lodhi, qui pilote cet ouvrage après avoir été notamment la première femme à diriger les représentations diplomatiques pakistanaises à Washington, à Londres et aux Nations unies, l’utilise face à des crises convergentes qui se renforcent mutuellement, rendant leur résolution encore plus insoluble. Autant de défis politiques, économiques, sociétaux, environnementaux et diplomatiques à relever, explorés dans dix-neuf essais par des experts pakistanais, praticiens comme universitaires.
Cette recension a été publiée dans le numéro d’hiver 2024 de Politique étrangère (n° 4/2024). Pierre Buhler propose une analyse de l’ouvrage de Christian Lequesne,Le Diplomate et les Français de l’étranger. Comprendre les pratiques de l’État envers sa diaspora (Presses de Sciences Po, 2024, 176 pages).
Après son Ethnographie du Quai d’Orsay (Paris, CNRS Éditions, 2017), fruit d’une enquête de terrain, Christian Lequesne renoue avec sa méthode pour observer avec une rigueur d’entomologiste la relation du « diplomate » avec les Français de l’étranger. En près de 90 entretiens, de Tokyo à Londres, de la Côte d’Ivoire à Israël, l’auteur comble une lacune des sciences sociales françaises. En sept chapitres et une conclusion, le tableau se dégage, clair et net, de pratiques encore largement ignorées par la littérature. Il est éclairé par les rappels du contexte historique – celui de l’ancienneté de la fonction de protection consulaire –, par une mise en regard comparée des approches adoptées par d’autres États, et par une exploitation des archives diplomatiques. Les témoignages et anecdotes recueillis lors de l’enquête de terrain permettent d’entrevoir les coulisses de ce monde.
Le périmètre de cet ensemble composite est difficile à cerner, tant s’y logent des catégories très différentes : expatriés, binationaux – près d’un tiers des Français de l’étranger –, émigrés qualifiés au retour incertain, étudiants ou encore retraités en quête de soleil. Si les registres consulaires, sur lesquels l’inscription est facultative, comptent 1,7 million d’inscrits, certaines estimations évaluent le total des Français de l’étranger au double de ce chiffre.
Au-delà des statistiques, l’angle exploré par l’auteur est celui de la relation entre l’État – le « diplomate » – et ses citoyens dispersés autour du monde. Un premier constat est celui d’une intégration forte de cette communauté, définie juridiquement par un statut de « Français établis hors de France », dans l’ensemble national. Les racines plongent loin, dans le passé colonial, lorsque les colonies étaient dotées d’une représentation dans les institutions de la République. À la protection consulaire prévue par le droit international se superpose une « culture unitaire de la citoyenneté nationale garantie par l’État : les droits accordés à la diaspora doivent être les mêmes que ceux des individus vivants à l’intérieur des frontières du pays ».
Moyennant quoi la France garantit à ses citoyens de l’étranger un ensemble de services que ne fournit aucun autre État. Outre la représentation par des sénateurs, députés et conseillers, élus au suffrage universel, direct ou indirect, on y trouve des services d’état civil – qui font ressembler un consulat à une « mairie installée à l’étranger » –, des « lycées français », certes largement ouverts à des élèves non français, des bourses scolaires et des aides sociales, accordées sous conditions de nationalité et de ressources – que les intéressés paient ou non leurs impôts en France. Cet ensemble de prestations relève de la « tradition pastorale du pouvoir », selon la formule de Michel Foucault.
Le second constat dressé par l’auteur est que, contrairement à certains pays, notamment du Sud, qui instrumentalisent leurs diasporas au service de l’intérêt national, la France, imprégnée d’une culture régalienne, reste, dans l’ensemble, réfractaire à la mobilisation de sa communauté dans le déploiement de sa diplomatie d’influence. Symptomatiquement, cette communauté est d’ailleurs absente, relève l’auteur, dans la « feuille de route de l’influence » publiée en 2021 par le ministère.
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