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Crise, violence, dé-civilisation

Cette recension a été publiée dans le numéro d’été de Politique étrangère (n° 2/2019). Ami-Jacques Rapin propose une analyse de l’ouvrage de Hamit Bozarslan, Crise, violence, dé-civilisation (CNRS Éditions, 2019, 480 pages).

L’ouvrage de Hamit Bozarslan est un éloge de la « cité démocratique », traversé de part en part d’une sourde inquiétude. Elle imprègne chacune des trois notions qui lui donnent son titre et autour desquelles s’organise ce long essai de près de 500 pages. La crise, la violence et la dé-civilisation – ou plutôt le processus de dé-civilisation – sont assimilées à autant « d’angles morts de la cité », mais aussi des sciences sociales. L’affirmation peut surprendre en ce qui concerne ces dernières, auxquelles on ne saurait reprocher de ne pas traiter des deux premiers phénomènes, avec plus ou moins de réussite selon les approches. Elle s’explique dès lors que la réflexion de l’auteur vise précisément à articuler ces trois notions.

Géopolitique de la démocratisation. L’Europe et ses voisinages

Cette recension d’ouvrages est issue de Politique étrangère (2/2015). Jean-Arnault Dérens propose une analyse de l’ouvrage dirigé par Jacques Rupnik, Géopolitique de la démocratisation. L’Europe et ses voisinages (Paris, Presses de Sciences Po, 2014, 331 pages).

Géopolitique de la démocratisationCe livre, qui recueille de stimulantes études de cas, des Balkans au Caucase en passant par la Moldavie, part du constat que l’Union européenne traverse aujourd’hui une crise majeure : « une crise de confiance interne vis-à-vis de son projet et une crise externe marquée par la déstabilisation simultanée de ses voisinages à l’est comme au sud », comme le note Jacques Rupnik dans son introduction. Cependant, malgré les intéressantes approches comparatives que ce livre suggère, il n’engage pas de réflexion sur les causes de cette double crise.

Alors que l’objectif de paix est au cœur du projet européen, l’UE, pourtant lauréate en 2012 du Prix Nobel de la paix, ne sort pas d’une contradiction manifeste depuis le début des années 1990. Si elle peut effectivement se targuer d’avoir neutralisé les guerres sur son territoire, elle s’accommode toujours d’une dangereuse conflictualité à ses confins – hier dans les Balkans, aujourd’hui en Ukraine, au Sahel ou au Proche-Orient.

À relire. Recension du livre de Ulrich Beck, Non à l’Europe allemande

Le sociologue allemand Ulrich Beck est décédé le 1er janvier 2015. Nous vous proposons de relire la recension de son livre Non à l’Europe allemande. Vers un printemps européen? (Autrement, 2013) parue dans le n°2/2014 de Politique étrangère.

9782746734937FSL’universitaire Ulrich Beck semble briser un tabou avec son nouveau livre, qui critique une « Europe devenue allemande ». Sa cible favorite est Angela Merkel, chancelière fédérale réélue au moment de la publication du livre. Liant la théorie du pouvoir de Nicolas Machiavel à sa propre théorie de la société mondiale du risque, il dénonce le « merkiavélisme » dont la légitimité d’action est fondée sur l’urgence d’agir face au risque. La théorie de la « société du risque » avancée par l’auteur est celle d’une modernité échappant à tout contrôle. Il l’applique ici à la crise européenne et à celle de l’euro. Faute d’une gouvernance efficace au niveau européen, les gouvernements capitulent devant la crise et participent à l’avènement de cette Europe allemande « nationalisée ».

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Non à l’Europe allemande. Vers un printemps européen ?

9782746734937FSCette recension d’ouvrage est issue de Politique étrangère (2/2014). Katrin Rücker propose une analyse de l’ouvrage de Ulrich Beck, Non à l’Europe allemande. Vers un printemps européen ?  (Autrement, 2013, 176 pages).

L’universitaire Ulrich Beck semble briser un tabou avec son nouveau livre, qui critique une « Europe devenue allemande ». Sa cible favorite est Angela Merkel, chancelière fédérale réélue au moment de la publication du livre. Liant la théorie du pouvoir de Nicolas Machiavel à sa propre théorie de la société mondiale du risque, il dénonce le « merkiavélisme » dont la légitimité d’action est fondée sur l’urgence d’agir face au risque. La théorie de la « société du risque » avancée par l’auteur est celle d’une modernité échappant à tout contrôle. Il l’applique ici à la crise européenne et à celle de l’euro. Faute d’une gouvernance efficace au niveau européen, les gouvernements capitulent devant la crise et participent à l’avènement de cette Europe allemande « nationalisée ». Assurée de la puissance économique de son pays, Merkel a saisi l’occasion d’asseoir son pouvoir. Combiner souverainisme et construction de l’Europe, l’art de la tergiversation comme stratégie disciplinaire, le primat de l’éligibilité nationale et la culture allemande de stabilité – voilà les quatre composantes du merkiavélisme. Sociologue, Beck propose de renforcer la « société européenne des individus » et de surmonter le souverainisme à l’aide d’un contrat social européen à la Jean-Jacques Rousseau. Ses constats de crise sont connus mais justifiés. Il campe pourtant sur les positions dépassées de la génération de mai 1968, née pendant la guerre (1944 pour Beck, 1945 pour Daniel Cohn-Bendit) et – de gauche ou de droite – habituée à générer de la dette au profit d’États et de technocrates toujours plus présents.

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