La rédaction a le plaisir de vous offrir à lire ce second article du numéro d’été 2022 de Politique étrangère (n° 2/2022), « Guerre en Ukraine : Schumpeter au pays des Soviets », écrit par Michel Goya, ancien colonel de l’armée de Terre et historien militaire.

Dans leur forme, les opérations militaires en Ukraine ouvertes le 24 février 2022 relèvent de l’« industriel tardif ». Les armées sont proches, dans leur organisation et leurs méthodes, de l’optimum de la fin de la Seconde Guerre mondiale – avec un volume des forces plus faible et quelques nouveautés qui n’annoncent pas forcément de révolution. En maîtrisant moins que prévu l’art industriel de la guerre, les forces russes n’ont pas réussi à utiliser à fond leur potentiel, contrairement à celles de l’Ukraine qui sont aidées par une puissante coalition de soutien.
Après une phase dynamique, où les Russes ont bénéficié de l’avantage initial de la puissance et de la surprise, les opérations se sont donc stabilisées sur un front rigide, à la manière des combats en Belgique et en France en 1914. Comme à l’époque, les moyens employés ont rapidement connu des rendements opérationnels décroissants, ce qui est la définition d’une crise schumpetérienne. Pour sortir de cette impasse, il n’est pas d’autre solution que de rompre l’équilibre des forces par l’engagement massif de ressources nouvelles, et surtout par l’innovation.
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