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L’énergie et l’économie mondiale

Par Jacques de Larosière, directeur général du Fonds monétaire international (FMI) de 1978 à 1987  (Politique étrangère 3/1980)

RÉSUMÉ : L’évolution probable de l’offre et de la demande d’énergie aura des répercussions sur la croissance de l’économie mondiale. Les actuels déficits de la balance des paiements courants des pays importateurs de pétrole risquent de se révéler plus durables qu’en 1974. Ils s’expliquent par le renchérissement du prix du pétrole depuis 1978, mais surtout par le niveau élevé de la consommation d’énergie. Deux principes devront guider notre politique énergétique : réduire le volume de la composante pétrole d’une part, stimuler la production d’énergie fossile et hydro-électrique et développer les énergies de remplacement d’autre part. Les effets de la situation pétrolière toucheront particulièrement les pays en développement. Face à ce nouveau contexte, le FMI est appelé à relever plusieurs défis. Son action devra se déployer à trois niveaux. Premièrement, celui du financement et de l’ajustement : le Fonds devra prêter des montants plus importants et sur une période plus longue. Deuxièmement, celui du recyclage : le FMI doit pouvoir s’engager dans des actions de recyclage proprement dit, c’est-à-dire emprunter auprès de ceux qui sont susceptibles de prêter. Troisièmement, celui de la gestion des réserves : le FMI devra améliorer le système des liquidités internationales en lui donnant un caractère multilatéral et en élargissant le rôle du DTS.

Après le quadruplement des prix du pétrole en 1973, les pays industrialisés avaient réussi à rééquilibrer leur balance des paiements courants grâce notamment à une baisse des prix réels du pétrole. Mais les déficits massifs de la balance des paiements courants que connaissent aujourd’hui, à la suite des nouvelles hausses décidées par TOPEP, les pays importateurs de pétrole, risquent de se révéler plus persistants. Nous pouvons en effet nous attendre à ce que les tensions sur les prix persistent plus longtemps et à ce que les excédents pétroliers soient plus durables qu’après 1974.
Si le renchérissement du pétrole depuis la fin de 1978 est la cause immédiate des nouvelles difficultés que traverse l’économie mondiale, la cause fondamentale en est le niveau élevé de la consommation d’énergie. Or la structuration actuelle de la consommation énergétique mondiale, axée à 51 % sur le pétrole, reflète en grande partie les faibles prix réels du pétrole pratiqués au cours des années 1960. Les niveaux actuels de la consommation pétrolière dépassent de beaucoup les taux de production qui semblent pouvoir être maintenus à long terme. Tout le monde a certes à l’esprit les nouvelles réserves économiquement exploitables qui ont été découvertes au cours des dernières années (Mexique, mer du Nord, etc.). Mais à la longue, les possibilités de découvertes importantes ont inévitablement une probabilité de moins en moins grande. La réduction de la consommation de pétrole est donc un impératif à long terme. Elle est aussi un impératif à moyen terme, dans la mesure où un grand nombre de pays ne pourront plus longtemps financer des déficits des paiements aussi considérables.
Face à cette nouvelle situation, le Fonds monétaire international est appelé à relever trois défis :
— celui de contribuer à fournir les volumes et les types de ressources dont les pays membres pourront avoir besoin dans les années à venir ;
— celui d’aider ces pays à exécuter les programmes d’ajustement nécessaires ;
— enfin celui de faciliter pour les pays à excédents de capitaux la solution des problèmes que leur pose la gestion de leurs réserves dans un système de taux flottants.

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1 an après Fukushima : 3 questions au directeur général adjoint de l’AIEA

Denis Flory est directeur général adjoint de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), dont il dirige le département de sûreté et de sécurité nucléaire. Il a rédigé un article intitulé  » Coopération internationale et sûreté nucléaire  » paru dans le n° 4/2011 de Politique étrangère. Il répond à trois questions, en exclusivité pour politique-etrangere.com.

Comment expliquer la catastrophe de Fukushima ?

Il faudra plusieurs années pour tirer toutes les leçons de l’accident survenu à la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi. Pour mémoire, il a fallu six ans pour évaluer l’état du combustible à l’intérieur du réacteur de la centrale de Three Mile Island [suite à l’incident de 1979]. Des premières leçons à caractère global sont cependant déjà disponibles, tirées des rapports du gouvernement et de la commission d’enquête japonais, des rapports des trois missions internationales envoyées par l’AIEA au Japon et des diverses communications des autorités et des experts nippons.
La première leçon est que, pour des raisons d’organisation générale de la sûreté au Japon, les connaissances récentes sur le risque sismique et les tsunamis associés, disponibles au sein de la communauté scientifique japonaise, n’ont pas été prises en compte. Au Japon, seuls les enregistrements sismiques récents (limités au XIXe siècle) ont été utilisés par l’exploitant TEPCO pour définir le séisme et le tsunami contre lesquels la centrale devait être protégée, contrairement aux normes de sûreté édictées par l’AIEA, qui demandent de remonter jusqu’à l’ère préhistorique et d’étudier les caractéristiques géologiques. L’absence d’un contrôle indépendant et fort de l’autorité de sûreté sur cette évaluation a conduit à sous-estimer la hauteur et la force du tsunami. Par ailleurs, la conception de la centrale (élévation au-dessus de l’eau des générateurs de secours et de leurs connections, absence d’étanchéité des portes des bâtiments, etc.) a conduit à perdre simultanément toutes les protections par un effet  » falaise « , une fois que la protection contre le tsunami a été débordée. À cela, il faut ajouter le faible niveau de préparation à la gestion des accidents graves au sein de la centrale de Fukushima et plus largement au niveau national.

Comment la coopération internationale en matière de sûreté nucléaire a-t-elle évolué depuis l’accident de Fukushima ?

L’accident de Fukushima a créé un choc en rappelant qu’un accident nucléaire est toujours possible. La communauté internationale s’est fortement mobilisée pour renforcer la sûreté au niveau mondial sur deux axes : rendre nettement plus improbable la survenue d’un accident dans une centrale nucléaire et renforcer la préparation des États et des exploitants nucléaires à la gestion d’un accident, afin d’en minimiser les conséquences pour l’homme et l’environnement s’il survenait.
La majorité des États dotés de centrales nucléaires a entamé un processus d’évaluations complémentaires de sûreté (stress tests), afin d’estimer la résistance de leurs centrales à des événements extrêmes, combinés, tels que la perte totale et prolongée de l’alimentation électrique ou du refroidissement.
Les services d’examen par les pairs organisés par l’AIEA, que ce soit pour évaluer l’efficacité des autorités de sûreté, la sûreté en exploitation des centrales nucléaires et leur conception, la sûreté des sites, ou encore le niveau de préparation à la gestion des situations d’urgence radiologique, ont été renforcés depuis l’accident. Ils font l’objet d’une attention et d’une demande accrue de la part des États membres de l’AIEA.
Enfin, la coopération entre l’AIEA et les organisations intergouvernementales compétentes (transport, météorologie, réseau de mesures de radioactivité, etc.) ou encore avec l’association mondiale des exploitants de centrales nucléaires a été renforcée.

Un nouveau Fukushima est-il possible ?

Les 152 États membres de l’AIEA ont adopté en septembre 2011 un ambitieux plan d’action sur la sûreté nucléaire dont la mise en œuvre va renforcer le cadre global de la sûreté, à tous les niveaux : national, régional et international. Ce plan concerne les États, les autorités de sûreté, les exploitants nucléaires, les organismes scientifiques de sûreté… de fait, toutes les parties prenantes de l’énergie nucléaire.
Les domaines pris en compte par ce plan d’action couvrent les normes internationales de sûreté, le cadre légal international, la formation et le maintien des compétences, la préparation à la gestion des situations d’urgence, la communication et la transmission des informations.
L’un des éléments les plus importants de ce plan d’action est le renforcement de la transparence sur les missions d’évaluation par les pairs, qui est un puissant levier pour une amélioration continue de la sûreté.
Je suis convaincu que la sûreté sort renforcée des leçons tirées de l’accident de Fukushima. Il ne faudra surtout pas les oublier ; seule une amélioration constante de la sûreté peut éviter la survenue d’accidents aux conséquences dommageables pour l’homme et l’environnement.

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[Les grands textes] Problèmes et perspectives du ravitaillement de l’Europe en pétrole

Fondateur de l’ENI – qui a largement contribué à combattre l’oligopole des sept majors du pétrole –, Enrico Mattei a œuvré à une répartition des profits plus favorable aux Etats producteurs qu’aux compagnies pétrolières. Dans cet article, publié dans Politique étrangère no 5/1957 juste après la crise de Suez, il insiste sur le rôle fondamental du Moyen-Orient dans l’approvisionnement de l’Europe en pétrole – donc dans sa compétitivité – et sur la nécessité de redéfinir les rapports entre pays producteurs et firmes concessionnaires. Il explique en particulier que l’ENI et la National Iranian Oil Company ont conclu, au-delà d’un simple contrat d’exploitation, un véritable accord d’association servant leurs intérêts mutuels – le souvenir de la nationalisation de l’Anglo-Iranian Oil Company en 1951 est alors encore récent. Une relecture utile au moment où les besoins énergétiques des puissances émergentes connaissent une forte croissance.

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Le problème énergétique italien

La principale cause du développement limité de l’industrie italienne durant le siècle dernier, a été le manque de charbon et de minerais de fer. A l’heure actuelle notre pays en ressent encore les effets malgré les changements survenus dans les domaines de la technique et de l’économie. Dans l’Italie du Nord, le manque de charbon a été compensé en partie par l’existence de ressources hydro-électriques considérables, mais déjà presque entièrement exploitées.

Cette situation de fait est à l’origine de la grande importance des hydrocarbures dans le bilan italien de l’énergie. Les premières recherches d’hydrocarbures eurent lieu en Italie dès la fin du siècle dernier. Mais l’on n’y consacrait que de faibles moyens, si bien que les initiatives prises finirent par s’enliser. L’Etat intervint entre 1911 et 1925 au moyen d’appuis financiers et de facilités qui n’eurent pas néanmoins l’efficacité voulue, jusqu’à ce qu’en 1926, une fois constatée l’insuffisance de l’initiative privée, il décida la constitution de l’Azienda Generale Italiana Petroli (AGIP).

Durant les années suivantes, l’AGIP conçut, et réalisa un plan bien ordonné de recherches sur tout le territoire national, alors que les particuliers concentraient surtout leurs efforts dans l’exploitation à des profondeurs limitées des gisements de méthane découverts dans le Polesine. Après une série de découvertes d’intérêt mineur, l’AGIP put vérifier pleinement, en mars 1946, la grande importance du gisement de Caviaga. D’autres découvertes se succédèrent à un rythme rapide, ouvrant les perspectives les plus brillantes à la production d’hydrocarbures dans la vallée du Pô. On se trouva placé devant un choix : laisser aux compagnies privées, dont l’intérêt s’était éveillé après le succès de l’AGIP, l’exploitation des ressources en hydrocarbures de la plaine du Pô, ou réserver cette activité à l’Etat qui, à travers sa propre entre prise, avait mené à bonne fin les recherches dans cette zone.

Le législateur adopta la seconde solution, en attribuant à l’ENI, organisme de droit public, l’exclusivité dans la vallée du Pô de la recherche et de l’exploitation des gisements d’hydrocarbures, ainsi que de la construction et de l’exploitation des pipe-lines pour leur transport.

 

La contribution de l’ENI

Les résultats obtenus au cours des années suivantes confirmèrent pleinement la sagesse de cette décision. La production de gaz naturel, qui était de 17 millions de mètres cubes en 1938 et de 64 millions en 1946, s’éleva à 4.465 millions en 1956, dont 4.159 fournis par l’ENI. On prévoit que dans l’année en cours, elle atteindra 5.000 millions de mètres cubes, dont 4.700 produits par l’ENI.

L’apport en pourcentage du méthane au bilan italien de l’énergie— ainsi qu’il ressort du tableau statistique qui figure en annexe — est passé de 0,6 % en 1948 à 13 % en 1956, résultat d’autant plus appréciable que la consommation d’énergie a plus que doublé entre-temps.

La production nationale de pétrole brut, quoique loin de satisfaire les besoins italiens, est elle aussi, en continuel développement. Après la découverte du gisement de Cortemaggiore par l’AGIP en 1948, d’autres découvertes de pétrole ont été faites au cours de ces dernières années dans les Abruzzes et en Sicile, tant par des entreprises privées, que par l’ENI. La dernière en date est celle du gisement de Gela par l’ENI : le premier puits donne 200 tonnes par jour de pétrole brut, deux autres puits sont presque terminés et 5 en cours de forage.

Malgré les progrès accomplis dans le développement des res sources italiennes en matière d’énergie, la couverture totale des besoins dépend, en attendant que l’énergie nucléaire puisse être utilisée, de l’importation d’hydrocarbures.

L’organisme que j’ai l’honneur de présider a en programme, pour les années à venir, une activité intense pour le développement de l’énergie nucléaire, ainsi que pour les recherches d’hydrocarbures à l’étranger. J’estime qu’il est nécessaire d’illustrer ici brièvement les résultats que nous avons déjà obtenus à l’étranger.

En Egypte, la production dans les gisements d’El Belayim et d’Abu Rudeis, atteint un million de tonnes par an, et continue de s’accroître. On prévoit pour 1958 une production de deux millions de tonnes et de trois millions en 1959.

Depuis le mois de juillet de cette année, des chargements de pétrole extrait par l’ENI en Egypte ont commencé a affluer dans les ports italiens à une cadence d’environ 60.000 tonnes par mois qui passeront en 1958 à 100.000-120.000 tonnes ; dans très peu de temps, donc, cette source constituera une contribution importante à la couverture des besoins pétroliers de l’Italie.

Des possibilités encore plus étendues sont offertes par l’accord réalisé par l’ENI avec la Société Nationale iranienne du pétrole (NIOC) dont je parlerai plus loin d’une manière plus détaillée, et qui permettra à l’Italie d’effectuer des recherches pétrolières dans 3 zones intéressantes couvrant au total une superficie d’en viron 23.000 kilomètres carrés. Des initiatives analogues seront entreprises également dans d’autres Etats et d’autres territoires, si la possibilité nous en est offerte et si nous les estimons susceptibles de développements intéressants.

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[L’actualité revisitée] Il y a 25 ans : Tchernobyl

 

Nous republions, à l’occasion du 25ème anniversaire de l’accident nucléaire de Tchernobyl et quelques semaines après la catastrophe de Fukushima, un article paru dans Politique étrangère en 1986. Cet article, intitulé « Tchernobyl et le problème des obligations internationales relatives aux accidents nucléaires« , a été écrit par Pierre Strohl, alors directeur général adjoint de l’agence de l’OCDE pour l’énergie nucléaire.


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Si un moralisateur avait voulu donner une leçon de coopération internationale aux hommes, il aurait pu imaginer l’accident du réacteur de Tchernobyl : le plus grave que l’électronucléaire ait connu, le seul qui ait provoqué une contamination radioactive dans plusieurs pays autres que celui où il est survenu et dont les effets, pour y mettre le comble, aient traversé la frontière politique entre l’Europe socialiste et l’Europe libérale. Bref, le premier qui ait brutalement mis à l’épreuve ce que l’on peut appeler « le droit nucléaire international », c’est-à-dire l’ensemble des accords, directives, normes, recommandations, guides et codes de pratiques que les Etats ont élaborés, notamment pour prévenir les accidents nucléaires et faire face à leurs conséquences.

Hélas, l’événement a laissé l’impression inquiétante que les mécanismes internationaux n’ont pas, ou ont mal fonctionné. Dans tous les pays contaminés par la radioactivité émise par le réacteur de Tchernobyl — ceux qui produisent de l’électricité nucléaire ou envisagent de le faire, comme ceux qui voient des installations nucléaires fonctionner ou s’ériger à distance plus ou moins grande de leurs frontières —, l’opinion publique s’est posé les mêmes questions simples : quelles sont les obligations de prévenir immédiatement les autorités des pays voisins d’un risque de pollution radioactive à la suite d’un accident ? Quelles sont les dispositions prises pour organiser une assistance internationale en vue d’en limiter les conséquences ? Quelles sont les règles qui déterminent les mesures d’urgence à prendre afin de protéger les populations et l’environnement contre la contamination radioactive ? Existe-t-il des normes internationales de sûreté ayant pour objet de prévenir les risques d’accident dans les installations nucléaires ? Comment sont réparés les dommages qui ont été causés à une échelle internationale ? La conclusion s’est apparemment imposée que les réponses à ces questions ne sont pas très satisfaisantes. Sans remettre en cause l’utilité de l’énergie nucléaire et la possibilité d’en maîtriser les risques, les circonstances qui ont entouré l’accident de Tchernobyl et ses effets démontrent qu’il reste encore beaucoup de lacunes à combler sur le plan international pour que son développement soit mieux accepté. Les nombreuses initiatives qui ont été prises très rapidement en donnent la confirmation et permettent d’affirmer que la leçon a commencé à porter ses fruits. Nous reprendrons les principales questions qui se sont posées dans le cas de Tchernobyl afin d’y voir plus clair sur:

— l’élaboration et l’état des dispositions internationales conçues en vue des accidents nucléaires ;

— la manière dont le droit international peut s’appliquer à l’occasion de cet accident ;

— les directions vers lesquelles va s’orienter un droit international nucléaire rénové. Il est important que nous distinguions, au cours de l’exposé, les dispositions qui concernent les risques d’accident de celles qui réglementent le fonctionnement normal des installations.

Un droit conçu pour le développement de l’énergie nucléaire

Dans sa prime jeunesse, l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire a failli, un court instant, avoir la chance (ou courir le risque) d’être soumise à un régime de propriété et d’exploitation international : c’était le projet américain Lilienthal-Baruch présenté aux Nations Unies en 1946, dont l’objectif était de prévenir les utilisations militaires. Cette idée était sans doute trop utopique pour aboutir et les premières applications civiles ont, au contraire, vu le jour sur un plan purement national, entourées le plus souvent d’une politique du secret empêchant pratiquement le transfert de technologie et de combustibles nucléaires. Une coopération internationale particulièrement active et multiforme a cependant été lancée à la suite de la proposition d’un programme « Atoms for Peace » faite par le général Eisenhover en décembre 1954 et de la conférence de Genève de septembre 1955 où l’essentiel des informations techniques ont été échangées. Trois grandes organisations internationales intergouvernementales ont été créées presque simultanément en 1957-1958 : l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) à Vienne, à une échelle mondiale ; l’Agence européenne pour l’énergie nucléaire, à Paris, dans le cadre de l’Organisation européenne de coopération économique, c’est-à-dire pour l’Europe occidentale ; et la Communauté européenne de l’énergie atomique (Euratom). Elles existent toujours à l’heure actuelle avec des compositions élargies et des programmes qui ont évolué au fur et à mesure du développement de l’industrie nucléaire. Leur action est complétée par un grand nombre d’accords bilatéraux ou multilatéraux.

Les buts poursuivis par les gouvernements, dans les trois organisations que nous venons de mentionner, sont multiples, mais assez semblables d’après les textes ; comme elles ont mené leurs actions dans des espaces géographiques et des contextes politiques différents, chacune a trouvé sa vocation propre : l’AIEA a consacré ses princ ipaux efforts à la non-prolifération des armes nucléaires — domaine où le plus grand degré d’internationalisation a été atteint grâce surtout à une entente efficace entre les deux grandes puissances — ainsi qu’à l’assistance technique aux pays en voie de développement ; la vocation initiale de l’Agence européenne était la mise en commun des ressources techniques et financières par la création d’entreprises communes et elle a également joué un rôle de pionnier dans l’harmonisation des législations nucléaires ; dans le sens le plus large, l’objectif d’Euratom était de créer les conditions de développement d’une puissante industrie nucléaire dans la Communauté.

Les priorités de cette coopération ont également varié dans le temps. A partir de la première moitié des années 70, en parallèle avec le mouvement en faveur de la protection de l’environnement, l’accent a été mis davantage sur les questions de sûreté nucléaire et de radioprotection pour lesquelles les trois organisations ont reçu, dès le départ, des compétences étendues. Nous nous concentrerons sur ce type d’activité qui intéresse directement notre sujet.

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