Étiquette : relations civilo-militaires

Le déclin de l’armée française

déclinCette recension d’ouvrage est issue de Politique étrangère (2/2014). Antoine d’Évry propose une analyse de l’ouvrage de Catherine Durandin, Le déclin de l’armée française (Paris, François Bourin Éditeur, 2013, 266 pages).

Écrit par une historienne à l’heure des débats entourant la rédaction du nouveau Livre blanc sur la défense, Le déclin de l’armée française entend sensibiliser le lecteur aux problématiques militaires. Derrière un titre accrocheur, on attendait un tableau présentant – chiffres à l’appui – la déliquescence qualitative et quantitative des forces. Si l’auteur ne masque évidemment pas les nombreuses difficultés que celles-ci rencontrent – des retards pour le renouvellement d’équipements majeurs jusqu’au désastre du système de paiement des soldes –, elle se place plutôt dans une approche didactique qui vise à démontrer le besoin d’une défense efficace. Ainsi, la baisse des budgets et des effectifs de la Défense depuis une trentaine d’années l’amène à se demander si l’armée française ne s’approcherait pas d’un point de rupture.

Cherchant à faire connaître ce corps atypique que la disparition de la conscription contribue à marginaliser avec le temps, Catherine Durandin réalise une étude à dominante anthropologique. Avec force détails, elle nous fait découvrir le monde des soldats : leurs motivations, leurs contraintes, leur sens du service et de l’honneur, mais aussi leur état d’esprit face à des réformes permanentes qui érodent le moral de la troupe. Nourri de nombreux entretiens avec des officiers supérieurs – en activité ou investis dans de multiples associations proches de l’institution – l’ouvrage met en avant les préoccupations de la Grande Muette. Au premier rang d’entre elles figurent l’interrogation sur sa capacité à assumer efficacement ses missions ou encore sa relation avec la société civile, avec le risque d’une incompréhension croissante entre l’armée et la nation, d’une dérive des médias vers toujours plus d’émotionnel, d’une inhibition des combattants face à la judiciarisation de l’action militaire.

L’auteur ne délaisse pas pour autant le volet plus politique de la réflexion sur l’emploi de la force, qui reste intimement lié à la protection des intérêts des États et au respect de leurs engagements internationaux. Elle revient sur la place de la dissuasion dans la stratégie française, sur la nécessaire recherche d’une légitimité pour toute intervention, sur l’obligation d’identifier des buts de guerre atteignables et celle de conserver dans la durée le soutien de l’opinion publique, sur le rôle potentiel des réserves pour compenser des effectifs insuffisants ou encore sur le débat toujours inabouti concernant la « privatisation » de la guerre.

NATO in Afghanistan. Fighting Together, Fighting Alone

NATOCette recension d’ouvrage est issue de Politique étrangère (2/2014). Alice Pannier propose une analyse de l’ouvrage de David P. Auerswald et Stephen M. Saideman, NATO In Afghanistan. Fighting Together, Fighting Alone (Princeton, NJ, Princeton University Press, 2014, 280 pages).

L’objectif de l’ouvrage de David Auerswald et Stephen Saideman est de nous expliquer les variations dans les participations des États aux opérations en Afghanistan sur la période 2006-2010. Cet ouvrage est une contribution à la littérature à la fois sur les alliances, sur les relations civilo-militaires et sur le lien entre politique intérieure et politique étrangère. Il est d’une grande richesse empirique et vient compléter de manière originale et utile le corpus existant sur le conflit afghan et l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN).

Les auteurs nous éclairent d’abord sur la manière dont s’exerce le contrôle national sur les forces militaires, démontrant que les interventions alliées se jouent dans les capitales des États participants, « plus qu’à Bruxelles ou à Kaboul ». Les auteurs utilisent l’approche du principal-agent, c’est-à-dire qu’ils étudient la relation entre le détenteur de l’autorité et le ou les acteurs(s) à qui celle-ci est déléguée, en l’occurrence le commandant des opérations et/ou le ministre de la Défense. Selon cette approche, l’Alliance et les États constituent autant de « principaux », le premier collectif, les autres individuels, ce qui donne lieu à des relations principal-agent « hybrides ». La simplicité de la relation à l’État lui assure la prééminence sur le principal collectif, la Force internationale d’assistance et de sécurité (FIAS) : les décisions nationales importent donc plus que celles de l’OTAN.

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