Début octobre, la journaliste Jessy Périé a interviewé pour Le Grand Continent Sébastien Jean, auteur de l’article « Désaccords commerciaux internationaux : au-delà de Trump », dans le n° 1/2019 de Politique étrangère, numéro prospectif spécial publié en mars à l’occasion du 40e anniversaire de l’Ifri.


L’économiste Sébastien Jean (CEPII)

Donald Trump semble obnubilé par le déficit commercial américain avec la Chine (375 milliards de dollars en 2017, 479 milliards en 2018), et également envers d’autres puissances comme le Japon. Mais dans quelle mesure l’augmentation des taxes douanières a-t-elle  un impact sur le déficit commercial ?

Effectivement, pour Trump, il s’agit d’une obsession de longue date. En 1987 déjà, il dépensait 100 000 dollars de l’époque pour acheter des pleines pages dans des journaux afin de décrier les déficits commerciaux des États-Unis avec leurs alliés. Il considérait cela comme une sorte de traîtrise, une faute politique. On constate qu’il y a une vraie fixation sur ce sujet de sa part.

Maintenant, il faut voir ce qu’en dit l’analyse économique. Nous allons plutôt parler de solde courant, qui est une notion plus large que le solde commercial puisqu’il inclut le commerce de services et certains transferts internationaux. Il s’agit donc d’une grandeur macroéconomique qui reflète l’équilibre entre l’épargne et l’investissement de la nation ou bien, ce qui revient au même, l’équilibre entre sa consommation et sa production. Ainsi, les États-Unis ont un déficit courant important car ils n’épargnent pas assez par rapport à ce qu’ils investissent, ou ils consomment plus qu’ils ne produisent, ce qui revient au même.