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La guerre de trois mois : l’intervention militaire française au Mali en perspectives

À lire ci-dessous : l’article de Michel Goya « La guerre de trois mois : l’intervention militaire française au Mali en perspectives », paru dans Politique étrangère 2/2013. Cet article, diffusé également sur le site Diploweb, a fait l’objet d’une note sur le blog de Phillipe Chapleau, journaliste à Ouest-France sur les questions de défense et de politique étrangère.
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Résumé – L’intervention au Mali a permis de réduire significativement le potentiel des djihadistes opérant au Sahel. Ce succès a été rendu possible par la conjonction d’une prise de décision politique claire et d’un dispositif militaire efficace. Cette opération a toutefois révélé des carences, notamment capacitaires, et mis en avant la nécessité d’apporter un soutien durable à l’armée malienne qui ne pourra faire face, même appuyée par une force onusienne, à une possible reconstitution des groupes djihadistes.

00-PE-2-2013-CVsmallDevant l’urgence des événements au Mali, la France a rompu avec des années d’hésitations dans l’emploi de la force, pour frapper directement et violemment un ennemi clairement identifié. Contrairement aux idées alors admises, il s’avérait donc que l’action unilatérale était encore possible, dès lors qu’existait une volonté politique permettant d’engager des troupes au sol et de prendre des risques. La victoire militaire au Mali, pour brillante qu’elle soit, est cependant encore incomplète et surtout limitée. La France a gagné une bataille.

Le Lashkar-e-Taiba

Cette recension d’ouvrage est issue de Politique étrangère (1/2012). Laurent Gayer propose une analyse de l’ouvrage de Stephen Tankel, Storming the World Stage. The Story of Lashkar-e-Taiba (Londres, CUP/Hurst, 2011, 354 pages).

Révélé sur la scène internationale par les attaques de Bombay de novembre 2008, le Lashkar-e-Taiba (l’« armée des purs » [LeT]) est une des organisations salafistes-djihadistes les plus actives du sous-continent indien. Fondée à la fin des années 1980 par des vétérans pakistanais du djihad afghan, l’organisation s’est initialement focalisée sur la libération du Cachemire indien, avant d’étendre son djihad à l’Inde tout entière.
Affilié au courant minoritaire des Ahl-e-Hadith, variante sud-asiatique du wahhabisme, le LeT s’est rapidement singularisé dans le paysage islamiste régional par ses opérations fedayin spectaculaires, d’abord au Cachemire puis dans les grandes villes indiennes. Et tandis que l’État pakistanais prenait ses distances avec la plupart des organisations djihadistes de la région au lendemain des attaques du 11 septembre 2001, le LeT a conservé le soutien de l’armée et de ses puissants services de renseignement (en particulier de l’Inter-Services Intelligence [ISI]), qui continue de voir en lui un proxy aussi loyal que performant.
Storming the World Stage est le premier ouvrage entièrement consacré au LeT, depuis sa formation jusqu’à sa réinternationalisation au contact des militants d’Al-Qaida. C’est précisément sur ce point – l’évolution du LeT vers le djihad global – que l’ouvrage est le plus stimulant. Stephen Tankel démontre ainsi que le LeT – ou tout au moins certains de ses cadres – s’est internationalisé au cours des dernières années, à travers des « vacations » (freelancing) pour le compte d’Al-Qaida, des Talibans afghans ou des djihadistes irakiens. En sens inverse, le LeT a mis son expertise au service de groupes étrangers, tout en servant de point d’entrée en « AfPak » aux volontaires du djihad en provenance d’Europe ou des États-Unis.
Cette évolution, qui d’une certaine manière constitue un retour aux origines (aux dires de l’organisation elle-même, les premiers militants du LeT auraient combattu dans les Balkans, dans le Caucase ou encore en Asie du Sud-Est), est cependant restée incomplète. Outre la barrière de la langue (la plupart des recrues du LeT sont des Pakistanais ourdouphones ou pendjabiphones, ce qui handicape leur déploiement hors de l’Asie du Sud), les militants du LeT tentés par l’aventure du djihad global ont dû compter avec une hiérarchie restée attachée à une stratégie très indocentrée, sans doute en grande partie sous l’influence de ses patrons militaires pakistanais.
En dépit de cette réflexion innovante sur l’extraversion hésitante d’une organisation djihadiste restant finalement très stato-centrée, l’ouvrage de S. Tankel laisse sur sa faim. On peut éventuellement comprendre que l’auteur ait souhaité anonymiser les militants du LeT interrogés mais il aurait fallu présenter quelques éléments biographiques permettant de les distinguer les uns des autres, de les situer dans le paysage social et religieux du Pakistan et de percevoir les séquences successives de leurs parcours militants. Plus surprenante est la négligence des sources vernaculaires, en ourdou notamment.
L’auteur évoque la « propagande » du LeT et ses nombreuses publications mais l’intégralité des références bibliographiques est… en anglais. Des travaux antérieurs avaient pourtant ouvert la voie à une analyse de cette littérature militante en ourdou, de l’étude de Mariam Abou Zahab[1] sur les testaments de martyrs du LeT à celle de Choudhri Mohammed Naim sur l’ouvrage Ham Maen Lashkar-e-Taiba ki[2] (« Nous les mères du Lashkar-e- Taiba »).
La singularité de cette entreprise à la fois terroriste et humanitaire qu’est le LeT méritait un travail plus approfondi, par exemple en prolongement des interrogations de Faisal Devji sur le « terroriste en quête d’humanité », autre contribution récente mais d’une tout autre ampleur sur les transformations idéologiques et stratégiques du terrorisme à l’heure de la globalisation[3].

Laurent Gayer

1. M. Abou Zahab, « I Shall Be Waiting at the Door of Paradise: The Pakistani Martyrs of Lashkar-e-Taiba (Army of the Pure) », in A. Rao et al. (dir.), The Practice of War. Production, Reproduction and Communication of Armed Violence, New York, Berghahn Books, 2007, p. 133-158.
2. C. M. Naim, « The Mothers of the Lashkar », Outlook (Delhi), 15 décembre 2008.
3. F. Devji, The Terrorist in Search of  Humanity: Militant Islam and Global Politics, Londres, Hurst, 2008.

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America’s Secret Campaign against Al Qaeda

Cette recension d’ouvrage est issue de Politique étrangère (1/2012). Barthélémy Courmont propose une analyse de l’ouvrage de Eric Schmitt et Thom Shanker, Counterstrike: The Untold of America’s Secret Campaign against Al Qaeda (Times Books, 2011, 324 pages).

Dans les jours qui suivirent les attentats du 11 septembre 2001, les États-Unis se lancèrent dans une « guerre contre le terrorisme » aux multiples conséquences. Dix ans et deux guerres plus tard, la mort d’Oussama Ben Laden offre l’occasion de dresser un bilan de cette gigantesque « contre-attaque », sur laquelle s’attardent ici deux journalistes renommés du New York Times. Eric Schmitt et Thom Shanker insistent sur le caractère brutal de cette contre-attaque et sur la territorialisation de la lutte contre le terrorisme, en Afghanistan puis en Irak.
Les deux journalistes ne se limitent cependant pas à la description des faits ni à une critique de la lutte contre le terrorisme post-11 septembre. Ils opèrent une intéressante comparaison entre la lutte contre Al-Qaida et les théories de la dissuasion élaborées par Thomas Schelling dans les années 1960 et démontrent dans quelle mesure les mécanismes hérités de la guerre froide furent remis au goût du jour et adaptés au nouvel ennemi de Washington. Ils constatent ainsi que la méthode a évolué en une décennie, en particulier après la réélection de George W. Bush et plus encore après l’arrivée de Robert Gates au Pentagone en 2007.
L’erreur des premières années de la lutte contre Al-Qaida fut, selon les auteurs, de trop territorialiser la guerre contre le terrorisme (en Afghanistan puis en Irak), oubliant au passage les fondamentaux, comme le renseignement et l’identification des causes du terrorisme.
On remarque ainsi, au fil des pages, que la coordination de la guerre contre le terrorisme était mal assurée après les attentats de New York et de Washington et surtout qu’il était difficile de savoir qui dirigeait véritablement les opérations, à la Maison-Blanche ou au Pentagone.
Depuis 2005, la lutte contre le terrorisme s’est considérablement adaptée et s’est servie de cette territorialisation, étendue à d’autres pays, pour responsabiliser des États hébergeant des groupes terroristes et ne luttant pas suffisamment activement, selon le Pentagone, contre ce fléau. L’équation, inaugurée sous l’administration Bush et perpétuée après l’arrivée au pouvoir de Barack Obama, est simple : tout État ne renforçant pas ses dispositifs pour identifier et détruire les cellules terroristes tombe sous le coup d’une nouvelle dissuasion, en étant potentiellement la cible de représailles (celles-ci pouvant être de diverse nature, allant des sanctions économiques à l’usage de la force).
Cette méthode associant main tendue et coercition a radicalement modifié la manière dont le problème du terrorisme transnational est appréhendé à Washington. On peut s’interroger, comme le font E. Schmitt et T. Shanker, sur ses effets dans l’élimination de Ben Laden au Pakistan. Mais on peut également s’interroger sur le risque de voir les groupes terroristes profiter de ces pressions parfois intenables pour des États faillis pour renforcer leur capacité de recrutement de nouveaux membres. En imposant la théorie de la dissuasion dans la lutte contre le terrorisme, les États-Unis mènent un combat global et sans limite. Mais ils jouent également le jeu du terrorisme transnational, qui s’alimente des problèmes rencontrés par des États en difficulté, pris entre la nécessité de renforcer le partenariat avec Washington et une population souvent majoritairement hostile à une présence américaine accrue. En d’autres termes, il est encore trop tôt pour savoir si cette nouvelle dissuasion sera couronnée de succès dans la durée.

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Dix ans de politique américaine au Moyen-Orient

Dix ans après le 11 septembre et le début de l’intervention en Afghanistan, huit ans après la deuxième entrée américaine en Irak, alors que les aspirations démocratiques s’affirment au sud de la Méditerranée, et que les Palestiniens tentent de contourner le blocage des négociations avec Israël, la région moyen-orientale est plus que jamais un champ ouvert aux rivalités locales et aux compétitions internationales.

A l’occasion de la sortie du numéro exceptionnel de Politique étrangère (3/2011) sur les Etats-Unis et le Grand Moyen-Orient, l’Ifri a organisé une conférence réunissant plusieurs auteurs de ce dossier, autour des enjeux les plus pressants du Moyen-Orient, en particulier le « Printemps arabe » et le conflit israélo-palestinien. Antoine Coppolani, (professeur à l’Université de Montpellier), Frédéric Encel (enseignant à Sciences-Po Paris), Yves Aubin de la Messuziere (ancien directeur Afrique du Nord Moyen Orient au ministère des Affaires étrangères) et Mansouria Mokhefi (responsable du programme Maghreb/Moyen-Orient à l’Ifri) sont intervenus lors de cette conférence présidée par Laurence Nardon, responsable du programme Etats-Unis de l’Ifri.

Voici les vidéos des interventions de ces auteurs, suivies de plusieurs extraits de leurs réponses aux questions de la salle :

– De Bush à Obama : Les Etats-Unis et le conflit israélo-palestinien (Antoine Coppolani)

 

– Les relations entre Israël et les Etats-Unis (Frédéric Encel)

 

– Les relations entre les Etats-Unis et la Palestine (Yves Aubin de la Messuziere)

 

– Printemps arabe et mouvements islamistes

 

– Wikileaks, la Tunisie et la France


 

 

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