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PE 3-2015 en librairie !

Le numéro d’automne de Politique étrangère (3-2015), consacré à l’Algérie, vient de paraître !

PE 3-2015_CouvertureDans un environnement en feu, l’Algérie semble étrangement calme, mais les orages s’approchent : chute du prix des hydrocarbures dans une économie très dépendante, baisse d’une rente qui assure la paix sociale, blocage du système politique, déstabilisations du Maghreb (Tunisie, Libye…) et du Sahel (Mali…). Alger se retrouve face à des choix difficiles. Comment régler la succession du président Bouteflika, avec une société de plus en plus dépolitisée mais qui conteste l’opacité du régime ? Est-il possible de diversifier enfin une économie toujours structurée par la rente ? Comment se garder des désordres extérieurs ? Principale puissance militaire de la région, l’Algérie a choisi depuis des décennies le non-engagement extérieur, une option qui n’est plus viable. Au plan interne et au plan externe, le régime va devoir démontrer une souplesse qui lui permette de gérer des situations nouvelles et potentiellement très dangereuses.

Éditorial PE 3/2013 – Les guerres de demain

Éditorial de Politique étrangère 3/2013.

000-cv1_PE-3-2013Oubliée, omniprésente : la guerre. Oubliée, ou presque, chez nous. Au nom d’une période de paix inédite dans l’histoire des hommes, depuis le second conflit mondial. Du fait d’un déséquilibre des forces, et d’une supériorité industrielle et technique qui semblent renvoyer nos adversaires potentiels à leur impuissance. Le tout produisant une sorte de désarmement psychologique, qui s’achève avec la professionnalisation des armées des pays développés et transfère la problématique de sécurité du niveau collectif national à celui du groupe, de la communauté ou du corps individuel.
La guerre résiste, pourtant.

[L’actualité revisitée] La spécificité tunisienne en question

Dix mois après la chute de Ben Ali, les Tunisiens étaient appelés aux urnes dimanche 23 octobre pour élire une Assemblée constituante. Avec une participation de plus de 70%, cette élection est déjà présentée comme un « triomphe« . Pourtant, le score important du parti islamiste Ennahda suscite des inquiétudes, tant en Tunisie qu’au sein de la communauté internationale.

C’est dans ce contexte que nous vous invitons à (re)lire un texte publié dans Politique étrangère en 1995 : « La spécificité tunisienne en question« , écrit par Nicole Grimaud, spécialiste du Maghreb.

 

 

Depuis 1988, l’Algérie se débat dans une crise tout à fait atypique qu’un pouvoir divisé a aggravée par ses nombreuses manipulations. La Tunisie a géré de façon infiniment plus réfléchie une menace islamiste déjà présente à la fin de la présidence Bourguiba. Son originalité, depuis 1989, est d’avoir élaboré et expérimenté une formule globale susceptible de faire régresser l’islamisme en s’attaquant à ses causes profondes. Proche voisine de Algérie, elle ne peut éviter certaines incursions sur son territoire, mais la politique suivie lui confère une relative immunité qui devrait limiter les effets de contagion.

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« Que deviendrait la Tunisie si cette Algérie indépendante était dominée par des extrémistes et non par des nationalistes modérés ? ». En ce début de 1995, la situation périlleuse de l’Etat algérien et l’attaque du petit poste frontière de Tamerza, le 11 février, revendiquée par un Groupe islamique armé (GIA) donnent un regain d’actualité à l’inquiétude qu’en février 1958, Habib Bourguiba confiait à Georges Gorse, alors ambassadeur de France à Tunis.

En effet, pour la Tunisie, dont toute la stratégie est de contenir fermement ses propres opposants islamistes, la montée du phénomène à travers le Moyen- Orient, et tout particulièrement chez sa voisine de l’ouest, aggrave un défi déjà bien présent. Aussitôt, se profile l’hypothèse d’un possible effet de domino, ou de tâche d’huile plus insidieuse. A l’examen, on ne peut privilégier l’idée d’incidences à sens unique. Dans un contexte de proximité aussi marqué, des rapprochements s’imposent entre des évolutions similaires parfois décalées dans le temps ; mais comment mesurer de réelles interférences ? Les cerner au plus près dans leurs dimensions interne, régionale et internationale fournit un angle d’approche inédit, susceptible d’éclairer une réalité parfois confuse.

Une sécurité extérieure compromise ?

Petit pays qui, au fil des découvertes pétrolières, s’est révélé infiniment moins bien doté que ses deux grands voisins de l’ouest et de l’est, la Tunisie s’est toujours trouvée contrainte de penser sa sécurité d’abord en termes de relations de proximité.

Tel était déjà le cas quand, au moment de la colonisation, elle apparaît coincée entre l’Algérie occupée par la France, en 1830, et la Province tripolitaine reprise en mains par les Ottomans, en 1835. On sait ce qu’il advint et comment la France, en 1881-1883, presque subrepticement, sous prétexte de réformes modernisatrices, étendit son protectorat sur la Tunisie.

Plus près de nous, la lutte de libération de l’Algérie a soumis à rude épreuve la toute neuve indépendance tunisienne. L’enjeu était double : éviter de se laisser entraîner contre son gré dans une guerre avec la France et entraver la collusion de l’Armée de libération nationale (ALN) algérienne avec les partisans de Salah Ben Youssef, rival malheureux mais très actif d’Habib Bourguiba. Ces préoccupations sont liées, car partageant le point de vue de Nasser, en faveur d’un embrasement général du Maghreb pour hâter le dégagement de l’Algérie, Salah Ben Youssef s’offrait comme allié aux nationalistes algériens. Très sensible à ce danger, Habib Bourguiba assortira donc de conditions et contrôles l’assistance accordée à l’ALN implantée sur son sol. Malgré le sentiment de solidarité fra ternelle animant le peuple tunisien, une aussi longue cohabitation forcée ne pouv ait échapper à des périodes de tension conflictuelle, les Algériens avouant qu’alors ils ne pouvaient s’empêcher d’être « un tantinet yousséjistes »…

Malgré la célébration symbolique de l’incident de Sakiet Sidi Youssef (sans équivalent du côté marocain), il est demeuré un malaise de part et d’autre. Cette contribution des Tunisiens à la guerre d’Algérie s’inscrit dans la mémoire nationale assortie d’une connotation mitigée. Traités de façon souvent cavalière par des hôtes imbus du caractère épique de leur révolution, les Tunisiens regrettent surtout le peu de reconnaissance que leur a valu leur hospitalité. Les lendemains de l’indépendance algérienne ont été marqués par une vingtaine d’années de relations teintées de méfiance, Ben Bella puis Boumediene appréciant peu l’orientation pro -occidentale de Bourguiba. La dernière séquelle en est le coup de Gafsa, en janvier 1980, où des « boumediénistes » sont impliqués dans une entreprise de déstabilisation montée par Kadhafi. Mais c’est aussi un point final. L’ère Chadli est l’occasion d’un nouveau départ. Le véritable rapprochement survient en 1983, prolongé par le geste du chef d’Etat algérien, rassurant, à sa demande, Bourguiba malade en 1984, jusqu’à devenir un quasi-allié de la Tunisie contre la Libye. Lors de la crise de l’été 1985, l’Armée nationale populaire (ANP) a prêté main forte à Tunis. La menace libyenne est aujourd’hui considérée à son plus bas niveau, par contre, de force protectrice, l’Algérie est devenue une cause de perturbation.

Lire la suite de l’article sur Persée (PDF)

[Revue des livres] Le Mystère de Gaulle. Son choix pour l’Algérie (B. Stora)

Article issu de Politique Etrangère volume 75, n°1, paru au printemps 2010, portant sur l’ouvrage Le Mystère de Gaulle, Son choix pour l’Algérie, de Benjamin Stora (Paris, Robert Laffont, 2009, 270 pages). L’article qui suit a été rédigé par Pierre Vermeren, Maître de conférences en histoire du Maghreb contemporain à l’université de Paris I-Panthéon Sorbonne.

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Après une décennie consacrée aux exactions policières, militaires et judiciaires de la guerre d’Algérie, Le Mystère de Gaulle signe un retour à l’histoire politique du conflit. La riche bibliographie écarte la nouvelle école historique pour se focaliser sur les analyses politiques du conflit, et sur une impressionnante série de témoignages, qui constituent les archives primaires de l’ouvrage. L’auteur, passionné par la politique, n’a jamais quitté ce terrain de prédilection, comme en témoignent les sujets de thèses de ses doctorats. Mais dans ses travaux personnels, il s’était jusqu’alors consacré à deux axes particuliers, la constitution et le devenir du nationalisme algérien, et l’héritage mémoriel de la guerre d’Algérie.

Benjamin Stora s’attaque ici à l’acteur central, côté français, de la guerre d’Algérie, l’homme qui a suscité autant de haine que de vénération dans sa conduite du désengagement français : de Gaulle. Revenu au pouvoir du fait de cette guerre interminable, porté à la présidence de la République pour sauvegarder l’Algérie française, il devient l’acteur central de sa décolonisation. Dans cet essai court mais dense, l’auteur ne cache pas son admiration pour l’orfèvre d’une brillante stratégie politique, et pour sa qualité de tacticien hors pair. Du militaire au politique, la différence n’est ici pas de nature.

De la part d’un historien qui a vécu à 12 ans l’exode « pied-noir » de l’été 1962, avant de se lancer avec fougue dans l’aventure du trotskisme révolutionnaire, puis d’entrer dans la carrière universitaire sur les pas de Charles Robert Ageron, l’hommage n’est pas mince ! À la lecture de l’ouvrage, cette contradiction apparente s’éclaircit quand l’auteur, fidèle à ses écrits sur Messali Hadj et Ferhat Abbas, place la complexité humaine et l’expérience du Grand Homme au coeur de l’Histoire. Ici s’éclaire le discret hommage à la deuxième gauche, et les critiques des adeptes de l’histoire des masses, qu’ils soient marxistes ou nationaux/tiers-mondistes. Pour B. Stora, ce n’est pas une ruse de l’Histoire qui fait de l’homme du 13 mai l’acteur de la séparation d’avec l’Algérie, mais son intelligence des rapports de force, et son sens de l’Histoire. Le Grand Homme (même si l’auteur n’emploie pas cette expression) voit manifestement plus loin et plus vite que ses contemporains.

Cette réhabilitation du politique, à travers le volontarisme d’un homme et sa capacité d’entraînement, situe son auteur dans la première des deux écoles de l’histoire coloniale définies par Daniel Rivet en 1992 : l’une privilégie les hommes et leurs actes, quand la seconde s’intéresse aux structures et aux masses. Cet ouvrage apparaît à cet égard comme le point de fuite dans l’oeuvre de l’historien. Après avoir exploré les « tenants » nationalistes de cette guerre, et ses « aboutissants » mémoriels, il nous ramène au coeur du conflit qui a focalisé durant trois décennies son travail universitaire d’élucidation.

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