Lisez l’article de Sophie Boisseau du Rocher ici.
Retrouvez le sommaire du numéro 1/2022 de Politique étrangère ici.
Cette recension a été publiée dans le numéro d’hiver de Politique étrangère (n° 4/2017). Aurélien Denizeau propose une analyse de l’ouvrage de Kaya Genç, Under the Shadow: Rage and Revolution in Modern Turkey (I.B. Tauris, décembre 2016, 240 pages).
Le soulèvement d’une partie de la jeunesse turque lors du mouvement dit « de Gezi » (du nom du parc dont la destruction programmée avait entraîné les premières manifestations) en 2013, a profondément marqué la société turque. Il a révélé les failles d’un pouvoir qui semblait jouir d’un soutien relativement consensuel, et les profondes divisions qui traversent la Turquie contemporaine. Analyser ces lignes de fracture à travers le regard et les témoignages de citoyens à l’histoire personnelle et au positionnement idéologique variés, c’est le défi que s’est lancé l’écrivain et essayiste Kaya Genç. Paru en 2016, au lendemain du coup d’État manqué du 15 juillet, l’ouvrage se nourrit de ces fragments de vie pour comprendre les ressorts profonds du malaise, pas toujours apparent, de la jeunesse turque.
Auteur de l’article « La Turquie, entre coup d’État et référendum » paru dans le numéro d’été 2017 de Politique étrangère (2/2017), Ahmet Insel, chroniqueur au quotidien Cumhuriyet et ancien professeur à l’université Galatasaray d’Istanbul, répond à trois questions en exclusivité pour politique-etrangere.com.
1) Quelles ont été les grandes étapes de la vie politique turque depuis le coup d’État de juillet 2016 ?
La proclamation de l’état d’urgence, quatre jours après le coup d’État avorté, a ouvert la voie au règne général de l’arbitraire. Le gouvernement, en violant les limites que la Constitution impose au champ de compétence de l’état d’urgence, utilise depuis lors ce pouvoir exceptionnel pour purger massivement l’administration des éléments indésirables, et fermer des écoles, des universités, des journaux, des fondations et des associations par simple décision administrative, sans aucun recours possible. La seconde étape a été le projet d’amendement constitutionnel, préparé à la va-vite avec le soutien inattendu du leader du parti d’extrême droite, le Parti d’action nationaliste (MHP), qui instaure un régime hyper-présidentiel et donne au président élu tous les pouvoirs, y compris le contrôle de la justice et la possibilité de gouverner par décrets.
Fièrement propulsé par WordPress & Thème par Anders Norén
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.