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Un Silence religieux. La Gauche face au djihadisme

Cette recension est issue de Politique étrangère (2/2016). Marc Hecker propose une analyse de l’ouvrage de Jean Birnbaum, Un Silence religieux. La Gauche face au djihadisme (Paris, Seuil, 2016, 240 pages).

Un silence religieuxJean Birnbaum signe ici un essai stimulant. Un Silence religieux part d’un constat : la gauche ne parvient pas à saisir le phénomène djihadiste et refuse d’en admettre la dimension religieuse. Ce refus se traduit notamment par un raisonnement répété par nombre d’élus socialistes : l’État islamique n’est pas islamique et le djihadisme n’a rien à voir avec l’islam. Ce raisonnement, que Birnbaum qualifie de « rien-à-voirisme », est considéré par l’auteur comme contre-productif. Au lieu d’affirmer que le djihadisme est étranger à la religion, mieux vaudrait « admettre qu’il constitue la manifestation la plus récente, la plus spectaculaire et la plus sanglante de la guerre intime qui déchire l’islam. Car l’islam est en guerre avec lui-même ». En essayant maladroitement de combattre l’amalgame entre musulmans et terroristes, les responsables politiques contribueraient au contraire à « alimenter l’ignorance dont se nourrit l’islamisme », et abandonneraient les « esprits critiques qui tentent, parfois au péril de leur vie, de soustraire l’islam aux fanatiques ». Birnbaum rend un vibrant hommage à ces esprits critiques – Arkoun, Meddeb, Benzine, Djaït, Bidar, Sedik ou encore Benslama –, qui analysent les liens entre islam, islamisme et djihadisme.

Paroles armées. Comprendre et combattre la propagande terroriste

Cette recension d’ouvrages est issue de Politique étrangère (1/2016). Marc Hecker propose une analyse de l’ouvrage de Philippe-Joseph Salazar, Paroles armées. Comprendre et combattre la propagande terroriste (Paris, Lemieux Editeur, 2015, 264 pages).

Paroles arméesPhilippe-Joseph Salazar, normalien, a étudié la philosophie et la science politique, avant de se spécialiser dans la rhétorique qu’il enseigne à l’université du Cap depuis 1995. Il a publié de nombreux ouvrages dont Mahomet. Récits français de la vie du Prophète (Klincksieck, 2005) et Paroles de leaders (François Bourin, 2011). Son dernier essai, Paroles armées, a obtenu le prix Bristol des Lumières 2015. Cet ouvrage a le mérite de considérer le califat proclamé par Abou Bakr Al-Baghdadi pour ce qu’il est : un puissant mouvement politico-religieux. À ce titre, Salazar démontre brillamment que la communication de cette entité politique vient en appui d’une stratégie de conquête et d’hostilité radicale à tous ceux qui s’opposent au projet califal.

Si cet essai est particulièrement stimulant, il dérange pour au moins trois raisons. Tout d’abord, Salazar décrit l’État islamique de manière séduisante. Ses membres apparaissent comme de valeureux soldats, répondant à l’appel d’un chef – à la fois imam, émir et calife – au charisme indéniable. Ils forment un « peuple djihadiste » uni autour d’un idéal commun. Le djihadisme, nous dit Salazar, est une fraternité. Une fraternité autrement plus solide que celle qui s’affiche sur le frontispice de nos bâtiments publics.

PE 1/2016 en librairie !

Le nouveau numéro de Politique étrangère (1/2016) vient de paraître ! Il consacre un dossier aux migrations en Afrique, sous un regard qui se veut à la fois novateur et différent, ainsi que de nombreux articles liés à l’actualité comme le retour de la question allemande, les rivalités entre l’État islamique et Al-Qaïda, le Brexit ou encore l’évaluation du poids de l’armée russe.

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Les déplacements des Africains concernent massivement…l’Afrique seule. Se préoccuper des migrations internationales, c’est donc porter le regard bien au-delà des conjonctures européennes. Ce numéro de Politique étrangère s’y attache, tentant de décrire (dans son dossier Migrations en Afrique : un regard neuf) les déterminants multiples des mouvements migratoires, les tentatives des États du continent noir pour gérer le problème majeur des déplacés internes, les difficultés d’intégration des migrants du travail dans les sociétés d’accueil, ou les faux-semblants des accords euro-africains de réadmission…

Dans une Europe confrontée à ses « polycrises », y a-t-il un retour de la question allemande ? – thème de notre rubrique Contrechamps – ? Sans doute oui. Non que l’Allemagne le souhaite, mais du fait de son poids propre, parfois de l’incertitude de ses choix, et surtout du doute fondamental, existentiel, des Européens sur eux-mêmes, sur les conditions de leur entente. Un doute qui valorise, dans les faits, les positions allemandes.

Le Moyen-Orient s’enfonce dans la tragédie, et cette livraison de Politique étrangère propose de multiples réflexions : sur les rivalités inter-djihadistes, les risques de contagion vers des pays encore vaguement stables, sur les rapports de force militaires sur le terrain, ou sur les logiques internes qui gouvernent l’acteur turc – joueur décisif dans toutes les hypothèses.

Avec, sous-jacente, une question qu’on avait en Occident chassée depuis vingt ans, et que l’actualité nous ré-impose : que vaut vraiment l’armée russe ?…

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« Défaire Daech : une guerre tant financière que militaire »

À la suite des attentats du vendredi 13 novembre 2015, nous vous invitons à relire l’article de Myriam Benraad, « Défaire Daech : une guerre tant financière que militaire », publié dans le numéro d’été 2015 (2/2015) de Politique étrangère.

couv pe_2-2015Organisation terroriste la plus médiatisée et la plus redoutée de la nébuleuse djihadiste mondiale, l’État islamique a largement bâti sa puissance militaire et politique sur le développement d’une véritable économie de guerre, à cheval entre l’Irak et la Syrie, passé graduellement d’activités de contrebande et d’extorsion diverses à un système dont chaque aspect a été méticuleusement pensé par ses concepteurs[1]. De par sa volonté de fonder un « État », qui confère tout son sens à son action au-delà des multiples débats sémantiques qui l’ont entouré, « Daech »[2] s’est doté de ressources qui, en 2015, en font toujours le groupe armé le plus fortuné au monde, avec près de deux milliards de dollars à son actif. Cette richesse se combine à un fonctionnement interne reposant sur une gestion millimétrée de revenus démultipliés à la faveur de l’absence de développement socioéconomique et de la déliquescence des institutions dans les territoires conquis ; revenus qui rendent compte de l’essor du djihad et de l’autonomisation de ses représentants par rapport à leurs promoteurs passés[3].

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