Cette recension a été publiée dans le numéro de printemps de Politique étrangère (n°1/2017). Thomas Gomart, directeur de l’Ifri, propose une analyse croisée de l’ouvrage de James G. McGann, The Fifth Estate: Think Tanks, Public Policy, and Governance (Brookings Institution Press, 2016, 230 pages), et de l’ouvrage dirigé par Donald E. Abelson, Stephen Brooks et Xin Hua, Think Tanks, Foreign Policy and Geo-Politics: Pathways to Influence (Routledge, 2016, 208 pages).

The Fifth Estate

L’élection de Donald Trump à la Maison-Blanche soulève bien des questions sur la production, le positionnement et l’avenir des think tanks, non seulement aux États-Unis mais aussi en Europe. La très grande majorité d’entre eux n’a pas anticipé sa victoire, remportée en dépit – ou plutôt à cause – du peu d’attention portée aux faits. Donald Trump a construit sa victoire sur une dénonciation systématique des élites politiques, médiatiques et intellectuelles traditionnelles et donc, indirectement, des think tanks. À Washington, la traditionnelle revolving door entre l’Administration et les think tanks est complètement perturbée. Plus profondément, le rôle des think tanks est directement remis en cause dans un environnement post-truth où les fake news et les déclarations mensongères semblent ouvertement assumées par le 45e président des États-Unis d’Amérique, pays qui a érigé la liberté d’expression individuelle en principe constitutionnel. À la veille de son investiture, The Washington Post publiait une tribune résumant bien les interrogations en la matière : « Trump pourrait causer la disparition des think tanks tels que nous les connaissons. »