Cette recension d’ouvrage est issue de Politique étrangère (4/2014). Julien Brault propose une analyse de l’ouvrage de Benoît Mafféi et Rodolphe Greggio, Le pétrole. Le troisième choc et la malédiction pétrolière (Economica, 2014, 202 pages).
Cet ouvrage étudie la composante pétrolière de la crise qui sévit depuis 2008, « troisième choc » après ceux de 1973 et 1979. Conjoncturellement, Benoît Mafféi et Rodolphe Greggio relient ce choc à la réduction de l’écart de production de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et à l’opacité de la production russe. Ses causes de long terme sont, elles, à chercher dans le sous-investissement dans le secteur des pays développés pendant le contre-choc pétrolier (1986-2003), dans la forte hausse de la demande asiatique et dans les crises arabes depuis l’invasion de l’Irak. Ce choc actuel n’entraînera pourtant pas une fin accélérée du pétrole. Les hydrocarbures de l’Arctique et du Groenland, le gaz de schiste et les gaz non conventionnels repousseraient la fin des réserves à 40 ans. Les États-Unis, productifs et offensifs, chercheraient à s’attribuer le maximum de gisements restants. L’Europe, consommatrice et dépendante d’espaces périphériques, prendrait quant à elle le risque de s’arrimer à ces derniers par des liens gaziers renforcés, notamment germano-russes.
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