Mois : juillet 2012 Page 3 of 4

Internet, outil de puissance (VIDEO)

Dominique David, rédacteur en chef de Politique étrangère, présente le dossier « Internet, outil de puissance »  de PE 2/2012, lors de la conférence du dernier numéro de la revue, qui s’est déroulée le 28 juin 2012 à la librairie du Citoyen de la Documentation française.


Internet, outil de puissance par Ifri-podcast 

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Révolution 2.0

Cette recension d’ouvrage est issue de Politique étrangère (2/2012), dont le premier dossier est consacré à « Internet, outil de puissance ». Marc Hecker, chercheur au Centre des études de sécurité de l’Ifri, propose une analyse de l’ouvrage de Wael Ghonim, Révolution 2.0 (Paris, Steinkis, 2012, 384 pages).

Révolution 2.0 devrait contribuer à mettre un terme aux controverses sur le rôle des médias sociaux lors des soulèvements arabes en montrant que, comme souvent, la vérité se trouve dans la nuance. Wael Ghonim est un spécialiste d’Internet : dans sa jeunesse, il a créé l’un des premiers portails Web dédié à l’islam avant de faire des études d’informatique, puis de se faire embaucher par Google. Sa vie bascule en juin 2010 lorsqu’il découvre sur le Web le visage ensanglanté de Khaled Saïd, un jeune homme battu à mort par deux policiers.
Les violations des Droits de l’homme sont monnaie courante dans l’Égypte de Hosni Moubarak et les affaires de ce type sont généralement étouffées. Wael Ghonim décide de faire bouger les choses et de créer anonymement une page sur Facebook en hommage à Khaled Saïd.
Les internautes affluent rapidement : en une heure, ils sont déjà 3 000 à avoir rejoint la page « Kullena Khaled Saïd ». C’est sur cette page que sont lancés les premiers appels à manifester pour demander justice pour Khaled Saïd. Plusieurs protestations silencieuses sont ainsi organisées dans différentes villes d’Égypte. Face à l’ampleur de la contestation, le régime finit par lâcher du lest : les deux policiers responsables du meurtre sont arrêtés.
L’éviction du président tunisien Zine el-Abidine Ben Ali amène Wael Ghonim à penser que les dictateurs ne sont pas indétrônables et le pousse à intensifier son militantisme en ligne. Au début de l’année 2011, la page « Kullena Khaled Saïd » compte 300 000 membres. Un appel à manifester pour le 25 janvier – date à laquelle est célébrée la journée de la police – y est lancé. Les principaux Web activists comprennent que le passage du virtuel au réel n’est pas chose aisée et que l’organisation d’une manifestation de masse ne peut reposer seulement sur Facebook. Ils prennent alors contact avec l’opposition politique organisée, avec les clubs de supporters des principales équipes de football et avec des imams, pour toucher un public qui n’utilise pas Internet. La tactique s’avère payante : la manifestation du 25 janvier est un succès et marque le vrai début de la révolution égyptienne.
Les autorités réalisent tardivement l’importance des réseaux sociaux et tentent de bloquer l’accès à Internet. Elles organisent aussi des contre-manifestations. Rien n’y fait : les opposants au régime tiennent bon et continuent d’exiger la démission de H. Moubarak. Wael Ghonim, de son côté, ne participe pas aux manifestations : le 27 janvier, il est arrêté par la police, soupçonné de travailler pour une « puissance étrangère » et accusé de trahison. Il ne sort de sa cellule que 11 jours plus tard, alors que le régime vacille. Pendant sa détention, sa qualité d’administrateur de la page « Kullena Khaled Saïd » a été révélée au public, si bien qu’il est accueilli comme un héros sur la place Al-Tahrir. Il est invité à s’entretenir avec le nouveau ministre de l’Intérieur de H. Moubarak, puis avec le Premier ministre. Il refuse de transiger : le départ du raïs n’est pas négociable. Quelques heures plus tard, le président égyptien annonce sa démission. La révolution 2.0 a eu raison du « pharaon ».

Marc Hecker

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DarkMarket et cybercriminalité

Cette recension d’ouvrage est issue de Politique étrangère (2/2012), dont le premier dossier est consacré à « Internet, outil de puissance ». Julien Nocetti, chercheur associé au centre Russie/NEI de l’Ifri, propose une analyse de l’ouvrage de Misha Glenny, DarkMarket: Cyberthieves, Cybercops, and You (New York, Knopf, 2011, 304 pages).

Avant DarkMarket, les ouvrages sur la cybercriminalité se rangeaient en deux catégories. La première regroupe les auteurs – la plupart issus du milieu de la sécurité – se faisant un devoir d’alerter sur l’imminence d’un « Pearl Harbor numérique » ou d’un « cyber-Katrina ». La seconde, des experts informatiques et des chercheurs, qui optent pour une approche technique et des ouvrages au jargon impénétrable.
Une troisième catégorie émerge, composée d’ouvrages écrits par des journalistes et fourmillant d’enquêtes de terrain et de personnages décalés. Le résultat est concluant. Ces ouvrages narrent les histoires captivantes de hackers malfaisants (Kingpin, de Kevin Poulsen), d’enquêteurs au noble dessein (Fatal System Error, de Joseph Menn) et, dans le cas de DarkMarket, de batailles virtuelles où les affrontements se matérialisent. L’opus de Misha Glenny tente la biographie d’un obscur forum Web qui, entre 2005 et 2008, connectait acheteurs et vendeurs d’informations volées – généralement des données bancaires – et conseillait les programmes informatiques requis pour les subtiliser.
Sorte d’E-Bay de la cybercriminalité, DarkMarket était plus exclusif que son modèle : l’internaute devait préalablement obtenir un parrainage. Une communauté relativement vaste – 2 500 membres à l’apogée du site – a permis de voler plusieurs millions de dollars.
Puis vient cette révélation surprenante : pendant plus de deux ans, à l’insu de ses membres, DarkMarket a été administré par un agent du Federal Bureau of Investigation (FBI) sous couverture de l’identité d’un célèbre spammer polonais. Bien que nombre d’aspects de l’enquête du FBI restent drapés de mystère, les experts de l’agence s’avèrent plus créatifs qu’on ne pense. Coopérant avec ses homologues européens, le FBI parvient à arrêter la plupart des responsables de DarkMarket.
Journaliste d’investigation talentueux, M. Glenny a rencontré aussi bien les enquêteurs que les cybercriminels. Il dissèque l’histoire éphémère mais tortueuse de DarkMarket dans un style méticuleux, presque chirurgical. L’auteur, qui a publié des ouvrages sur l’Europe de l’Est avant de se consacrer au crime organisé puis à la cybercriminalité, est fort bien informé. Il dispose pour cela d’un casting impressionnant : agents du renseignement militaire turc, Tigres tamouls, membres de la famille royale saoudienne, frère d’un juge de la Cour suprême américaine, etc.
Plus que le simple récit, DarkMarket privilégie l’approche anthropologique de la communauté DarkMarket, élucidant ses motivations, ses procédés et sa philosophie anarchiste. Bien des cybercriminels optent pour ce milieu pour les mêmes raisons qui poussent la jeunesse désœuvrée du monde entier vers une criminalité plus classique. Désespoir et rejet de la pauvreté planent sur ce livre. C’est là un apport majeur de l’auteur : indépendamment des sommes d’argent dépensées par les États et par les entreprises pour leur sécurité informatique, la guerre contre la cybercriminalité ne sera pas vaincue sans qu’on appréhende pleinement la psychologie de ses adeptes.
DarkMarket ne cherche pourtant pas à replacer la disparition du site éponyme dans un contexte plus large. Le lecteur aimerait connaître la probabilité de l’émergence de successeurs ou savoir dans quelles autres formes d’activités peuvent s’engager les cybercriminels… En dépit de cette limite, l’ouvrage illustre remarquablement la façon dont la microhistoire d’Internet s’écrit sous nos yeux.

Julien Nocetti

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Internet : Les armées et les réseaux sociaux (vidéo Xerfi)

Xerfi a reçu Marc Hecker, chercheur au centre des études de sécurité (Ifri), à l’occasion de la parution de son article « Les armées doivent-elles craindre les réseaux sociaux » dans Politique étrangère 2/2012.

Xerfi Canal Marc Hecker Facebook, Twitter et… par GroupeXerfi

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