Cette recension d’ouvrage est issue de Politique étrangère (4/2012). Clément Therme propose une analyse de l’ouvrage d’Anne-Laure Dupont, Catherine Mayeur-Jaouen et Chantal Verdeil, Le Moyen-Orient par les textes : XIXe-XXIe siècle (Paris, Armand Colin, 2011, 448 pages).
Les auteurs présentent ici une sélection de textes qui sont autant d’éclairages sur les grands moments de rupture dans l’histoire régionale, couvrant une période allant du début du XIXe siècle à la première décennie du XXIe siècle.
L’ouvrage se divise en deux grandes parties dont la première, organisée de manière chronologique, se subdivise en quatre chapitres. Le premier, intitulé « Le temps des réformes », couvre le XIXe siècle ; le suivant traite de la période allant de la Première Guerre mondiale à la succession de l’Empire ottoman ; le troisième chapitre propose un choix de textes consacrés aux constructions étatiques et nationales, jusqu’à la proclamation de l’État d’Israël (1948) ; enfin, le dernier chapitre de cette partie propose une série de textes éclairant la période allant de 1948 à nos jours, que les auteurs ont résumée sous le titre « Affirmation des États, crises et conflits ».
La seconde partie du livre est organisée thématiquement. Les auteurs abordent en quatre chapitres les transformations économiques, sociales, religieuses et culturelles du Moyen-Orient. Sont étudiés ici la diversité de l’islam, les mutations démographiques et économiques,les changements de modes de vie, ainsi que la place des juifs et des chrétiens dans des sociétés majoritairement musulmanes. Enfin, le dernier chapitre s’intéresse aux « sociétés en guerre », qu’il s’agisse du conflit israélo-palestinien ou de la première guerre du Golfe (1980-1988).
L’une des principales forces de cet ouvrage est de donner la parole à différents types d’acteurs, offrant ainsi une pluralité de regards sur les principales mutations du Moyen-Orient depuis le début du XIXe siècle. Ainsi le lecteur découvre-t-il des points de vue originaux et contradictoires sur les principaux événements qui ont marqué le Moyen-Orient contemporain. On lit avec un grand intérêt des textes présentant aussi bien des points de vue des monarques (Nasseredin Shah, le roi Hussein de Jordanie, la shahbanou d’Iran, etc.) que ceux de simples militants révolutionnaires (Sakiné, militante khomeyniste, mais aussi des militants de la révolution égyptienne de 2011, par exemple). Au-delà de cette diversité des témoignages humains sur les grands événements et les grandes transformations sociologiques, les auteurs ont sélectionné de nombreux textes traduits du persan, de l’arabe et du turc, qui mettent au centre de l’histoire les populations étudiées.
La réunion d’un ensemble de documents officiels et diplomatiques connus et de textes de témoignages souvent inédits font de cet ouvrage une somme indispensable pour comprendre les forces profondes sous-jacentes aux turbulences que traverse la région depuis les débuts du « printemps arabe ». Fruit d’un travail d’enseignement et de recherche universitaire de près de 20 ans, cet ouvrage restera une référence pour les années à venir. Il nous reste à espérer que des universitaires spécialistes d’autres zones géographiques (Afrique, Asie centrale par exemple) se saisissent de cette idée – des textes qui racontent l’histoire – pour poursuivre cette tâche de compilation des documents majeurs qui éclairent l’histoire contemporaine d’une région.
Clément Therme
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