Mois : mai 2014

Nacht über Europa. Kulturgeschichte des Ersten Weltkriegs

Cette recension d’ouvrage est issue de Politique étrangère (1/2014). Hans Stark propose une analyse de l’ouvrage de Ernst Piper, Nacht über Europa. Kulturgeschichte des Ersten Weltkriegs (Berlin, Propyläen, 2013, 592 pages).

Ernst PipecoverHistorien à l’université de Potsdam, Ernst Piper signe un ouvrage magistral consacré à l’histoire culturelle de la Première Guerre mondiale : « Nuit sur l’Europe ». Il n’entre pas dans la polémique sur le degré de responsabilité du Reich dans la crise de juillet 1914, mais se consacre entièrement aux ravages politiques, culturels et humains que ce conflit a provoqués. Il se focalise sur les destins individuels des peintres, écrivains, poètes, compositeurs, intellectuels et politiques qui ont combattu, et sur leurs souffrances. L’auteur, s’il ne revient pas sur la crise de juillet, consacre un chapitre à « l’esprit de 1914 » en Allemagne, qui ne laisse aucun doute sur l’attitude des représentants politiques et culturels du Reich. Avec la conviction d’avoir été attaqués, et donc du caractère « défensif » de leur action (alors que les troupes allemandes occupent la Belgique et le Nord-Est de la France), Max Weber juge la guerre « grande et magnifique », l’économiste Werner Sombart qualifie les Allemands de « peuple élu », tandis que pour Thomas Mann l’éclatement de la guerre constitue un « orage purificateur ».

Le dernier numéro de Politique étrangère « extrêmement intéressant » selon DSI

dsiSur le site du magazine Défense et Sécurité Internationale, le dernier numéro de Politique étrangère est mis à l’honneur (voir l’article original) :

La revue de l’Institut Français de Relations Internationale propose un numéro extrêmement intéressant, remettant en perspective la guerre de 1914 et la situation actuelle, en 2014. Il ne s’agit pas ici de revenir sur l’histoire de la Première Guerre mondiale mais plutôt de voir ses conséquences sur notre manière d’appréhender le monde et de la considérer, dans la première partie, comme un incubateur de mutations.

Celle de la théorie des relations internationales (Joseph Karas, Joseph Parent) mais aussi d’institutions internationales (Philippe Moreau Defarges) ou de tendances lourdes (Georges-Henri Soutou). Elle permet également de remettre en question la fameuse théorie suivant laquelle le commerce est facteur de paix (Jacques Fontanel).

La deuxième partie est d’ordre militaire : la redéfinition de la guerre (Hew Strachan) ou le cas de l’armée française (Michel Goya). La partie suivant permet d’en arriver à 2014 et à « L’Europe, entre guerres et paix », revenant sur le processus de démilitarisation (Etienne de Durand), la perception américaine de la démilitarisation de l’Europe (Klaus Larres), la place de l’Europe (Jean-Pierre Chevènement), l’évolution de la place des concepts de nation et de nationalisme (Pierre de Senarclens) ou encore le cas de l’Allemagne (Hans Stark).

Enfin, la dernière partie ouvre le débat, avec une question très pertinente de Yoon Young-kwan (« Le passé de l’Europe est-il l’avenir de l’Asie ? »), la balkanisation du Moyen-Orient (Georges Corm) ou le rapport de la Turquie au traité de Sèvres (Dorothée Schmid). Un très beau numéro à garder précieusement !

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Carte – Du traité de Sèvres à la Turquie moderne

Dans le n°1/2014 de Politique étrangère, l’article de Dorothée Schmid sur le syndrome de Sèvres était accompagné d’une carte. Dans la version papier de la revue, le rendu de ce document n’était pas optimal. Nous nous en excusons et vous offrons la possibilité de visualiser la carte ci-dessous :

Carte Turquie Bonne version

 

 

Griff nach der Weltmacht. Die Kriegszielpolitik des kaiserlichen Deutschland 1914/1918

Fritz FischerCette recension d’ouvrage est issue de Politique étrangère (1/2014). Nele Katharina Wissmann propose une analyse de l’ouvrage de Fritz Fischer, Griff nach der Weltmacht. Die Kriegszielpolitik des kaiserlichen Deutschland 1914/1918 (Düsseldorf, Droste Verlag, 1961 et 2009,  896 pages).

Publié en 1961 et réédité en 2009, ce livre, comme l’a écrit Jacques Droz, n’a pas seulement écrit l’histoire, il a fait l’histoire.

Fritz Fischer cherche à démontrer, en se fondant sur différents documents, que l’Allemagne avait dès 1914, et non pas seulement depuis l’ère du national-socialisme, de grandes ambitions de conquêtes et d’annexions aussi bien à l’est qu’à l’ouest et qu’elle ambitionnait de dominer le continent pour s’élever au rang de grande puissance mondiale.

La thèse centrale de ce livre est particulièrement importante : les dirigeants politiques et militaires allemands se seraient intentionnellement servi de la crise de juillet 1914 pour provoquer la guerre en Europe, afin de modifier le rapport de forces sur le continent. Le gouvernement impérial, qui parlait de « guerre défensive », aurait de surcroît, et ce dès le début des combats, été en possession d’un vaste programme de guerre. Theobald von Bethmann-Hollweg, chancelier impérial, a pu ainsi présenter dès 1914, au tout début de la bataille de la Marne, le fameux « programme de septembre ». Celui-ci prévoyait de soumettre politiquement et économiquement les autres nations européennes et envisageait des annexions territoriales considérables sur les voisins directs, notamment la Pologne et la France.

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