Suite au sondage réalisé sur ce blog, nous avons le plaisir de vous offrir avant la sortie officielle du numéro d’automne de Politique étrangère (n° 3/2017), l’article que vous avez choisi d'(é)lire : « Forces nucléaires françaises : quel renouvellement ? », par Corentin Brustlein, responsable du Centre des études de sécurité de l’Ifri.

« Sous la présidence d’Emmanuel Macron, une série de jalons majeurs devront être franchis en vue de pérenniser les forces nucléaires françaises dans leur format actuel. Le cycle de renouvellement, amorcé au cours du mandat de François Hollande, va être amené à s’accélérer au cours des prochaines années. L’intention de l’Élysée quant à l’avenir de la dissuasion nucléaire française laisse, dans le principe, peu de place au doute. Le président de la République avait annoncé lors de la campagne électorale sa volonté de la pérenniser dans ses deux composantes, sous-marine et aéroportée, et a réaffirmé, depuis son élection, l’importance de la dissuasion dans la stratégie française. Cet effort de renouvellement, s’il s’inscrit dans la pleine continuité de la posture française, survient toutefois à un moment charnière.

Depuis 2011, l’environnement stratégique dans lequel la France et l’Europe évoluent a été durablement et profondément déstabilisé. Les suites des révoltes arabes et le déclenchement de guerres civiles sur le pourtour méditerranéen et au Levant, l’emprise croissante de groupes djihadistes dans la bande sahélo-saharienne, et bien sûr la campagne d’attaques terroristes subie par la France constituent des défis sécuritaires à la fois distincts et connectés. Pour y faire face, Paris a multiplié les opérations extérieures et, depuis 2015, intérieures, au point d’atteindre de manière permanente, voire de dépasser, les niveaux d’engagement opérationnel que le Livre blanc de 2013 avait fixés aux forces armées. L’annexion de la Crimée et la déstabilisation de l’est ukrainien par la Russie sont, en parallèle, venues rappeler depuis 2014 que le terrorisme, même soutenu par un proto-État, était loin de représenter la totalité du spectre des menaces pesant sur la France et l’Europe, et réaffirmer la nécessité du maintien d’une posture de défense ambitieuse et équilibrée.

La pérennisation des forces nucléaires devra donc être menée à bien dans un contexte difficile, voyant l’aggravation des menaces mettre en tension une posture de défense affaiblie par le sous-financement chronique depuis près de deux décennies. Pour rester fidèle au principe de « stricte suffisance » qui a depuis l’origine orienté ses décisions en matière d’armement nucléaire, la dissuasion française doit ainsi concilier des contraintes de format et de financement avec l’impératif d’adaptation des forces. […] »

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