Cette recension a été publiée dans le numéro d’hiver de Politique étrangère (n° 4/2017). Krzysztof Soloch propose une analyse de l’ouvrage de Stanislaw Parzymies, Polityka Zagraniczna Francji Po Zimnej Wojnie (Wydawnictwo Akademickie Dialog, 2017, 600 pages).
Historien des relations internationales et spécialiste de la France, Stanislaw Parzymies propose une somme appelée à devenir un ouvrage de référence sur la politique étrangère française depuis la fin de la guerre froide jusqu’au mandat de François Hollande. L’auteur rappelle les défis auxquels la France était confrontée avec la disparition du monde bipolaire et met en évidence les constantes et les variables de sa politique étrangère conduite au nom de la multipolarité. Le concept qui, selon l’auteur, a guidé la diplomatie française depuis les 25 dernières années.
Dans son premier chapitre, il décrit avec minutie le processus de prise de décision de politique étrangère, privilégiant le rôle primordial à ses yeux du triangle Élysée-Matignon-Quai d’Orsay. Les deuxième et troisième chapitres traitent respectivement des États-Unis et de l’Allemagne, Stanislaw Parzymies rappelant que la France, puissance moyenne aux ambitions globales, a dû accepter la suprématie américaine dans le monde et celle de l’Allemagne en Europe. Ce qui n’a pas empêché Paris de développer une « nouvelle version de l’entente cordiale » avec la Grande-Bretagne et de mener une politique active en Méditerranée. L’auteur réussit à synthétiser la complexité des politiques arabes et africaines, destinées à entretenir des zones d’influence traditionnelles. Dans son chapitre sept, il éclaire le caractère sinusoïdal des relations avec la Russie. Malgré l’agressivité de la politique extérieure russe, qu’illustre notamment l’annexion de la Crimée, Paris a toujours veillé à ne pas créer un sentiment d’humiliation dans ses contacts avec Moscou. C’est d’ailleurs cette approche qui a parfois compliqué les relations franco-polonaises. Varsovie, principal allié de la France en Europe centrale, s’est avéré un partenaire exigeant, notamment au sein du Triangle de Weimar. L’auteur regrette d’ailleurs que ce format ne soit guère exploité, dans l’Union européenne (UE), à l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) ou à l’Organisation des Nations unies (ONU). Dans son neuvième chapitre, Stanislaw Parzymies rappelle l’importance que l’Europe centrale et les Balkans ont toujours eue dans la politique étrangère française.
Traditionnellement, l’Asie n’est pas une priorité de la politique étrangère française. Mais au regard de son essor rapide, la France a dû redéfinir son attitude, notamment à travers une offensive économique dont l’auteur décrit tenants et aboutissants dans son dixième chapitre. Le chapitre onze est particulièrement intéressant dans la mesure où il analyse l’influence de la globalisation, du multilatéralisme et de la multipolarité dans l’élaboration de la politique étrangère française. L’auteur rappelle à juste titre que la France a usé du concept de multipolarité pour valoriser son rôle dans les relations internationales et pour marquer son indépendance par rapport au leadership américain. Les douzième et treizième chapitres analysent la politique de Paris à l’égard de l’UE et de l’OTAN. L’auteur se livre également à un examen critique de la politique européenne de la France. En évoquant sa contribution essentielle au processus d’intégration européenne, il souligne que la France a pourtant parfois donné l’impression de sacrifier l’intérêt de la communauté au profit des intérêts nationaux.
Dans le quatorzième et dernier chapitre, l’auteur met en valeur le caractère exceptionnel de la diplomatie culturelle française, qui contribue à la stratégie d’influence et au rayonnement mondial du pays.
Voici sans conteste un ouvrage de référence pour quiconque s’intéresse à la politique étrangère de la France, et qui mériterait une traduction française.
Krzysztof Soloch
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