Cette recension a été publiée dans le numéro d’hiver de Politique étrangère
(n° 4/2018). Matthieu Chillaud propose une analyse de l’ouvrage de Julian Hernandez, Relations internationales (Dalloz, 2018, 728 pages).
Faire le compte rendu d’un manuel récent consacré aux relations internationales signé par Julian Fernandez, jeune professeur de Paris II et directeur du centre Thucydide dans la même université, est un exercice d’autant plus intéressant que les juristes internationalistes qui s’intéressent aux relations internationales sont peu nombreux. D’ailleurs, comme le note Serge Sur dans la belle préface de cet ouvrage, les manuels de relations internationales les plus récents, signés par des publicistes, sont essentiellement des rééditions de classiques. Héritier d’une école ancienne de juristes français spécialistes des relations internationales, Julian Fernandez ne cache d’ailleurs pas l’optique juridique de son ouvrage.
De larges sections sont ainsi consacrées aux acteurs des relations internationales (les États, les organisations internationales, les organisations non gouvernementales, etc. – autant de sujets du droit international public), tandis qu’un chapitre est même consacré aux
« fonctions du droit international public ». Il y a peu de développements sur les différentes doctrines, même si l’auteur s’y intéresse sans que, pour autant, cela n’éclaire véritablement ses propos.
Largement analysée, la puissance est considérée comme « la matrice des relations internationales ». Cette vision finalement assez classique, dans laquelle domine un certain réalisme libéral, ne trahit pas forcément le juriste qu’est Julian Fernandez, très conscient du poids dominant des politiques juridiques au sein des relations internationales. Ainsi, lorsque l’auteur s’interroge sur les effets des phénomènes de transnationalisation, en analysant le rôle croissant, d’une part des opinions publiques et des croyances religieuses, et d’autre part des « acteurs subversifs » (criminels internationaux et terroristes), on comprend qu’il n’entend pas s’enfermer dans une conception purement réaliste qui voit les relations internationales comme ne pouvant être dictées que dans une logique interétatique, et comprises qu’à l’aune de l’anarchie et des intérêts nationaux.
Cet ouvrage est très éclectique dans son fond, et ne s’adresse évidemment pas à ceux qui conçoivent les relations internationales comme étant l’apanage d’une discipline académique en particulier. En outre, c’est incontestablement un manuel, et en cela il remplit largement son rôle, puisque les étudiants pourront y trouver l’alpha et l’oméga du champ que recouvre à l’université le programme de relations internationales.
Mais il est aussi plus que cela : on peut y trouver, à bien des égards, les aspects d’un essai, notamment dans le chapitre 3 « La fragmentation du monde ». L’auteur tente d’y dégager les grandes tendances politiques contemporaines affectant les équilibres stratégiques internationaux. Avec un tel exercice, Julian Fernandez donne une plus-value didactique à son ouvrage, qui n’est ni un répertoire où seraient étudiés successivement et sans lien entre eux les divers points d’un programme universitaire, ni (seulement) une œuvre de réflexion personnelle sur les relations internationales.
Matthieu Chillaud
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