Cette recension a été publiée dans le numéro d’hiver 2021-2022 de Politique étrangère (n° 4/2021). Hans Stark, conseiller pour le Comité d’études des relations franco-allemandes (Cerfa) de l’Ifri, propose une analyse de l’ouvrage de Katrin Böttger et Mathias Jopp (dir.), Handbuch zur deutschen Europapolitik (Nomos Verlag, 2021, 704 pages).
Katrin Böttger et Mathias Jopp publient une deuxième édition, révisée, de leur ouvrage collectif consacré à la politique européenne de l’Allemagne. Le projet est largement celui de l’Institut de politique européenne de Berlin (Institut für Europäische Politik) que Mathias Jopp a dirigé pendant de longues années et dont Katrin Böttger est l’actuelle directrice.
Pour comprendre les caractéristiques de la politique européenne de l’Allemagne, cet ouvrage est incontournable. Il comprend 32 contributions, chacune d’entre elles d’une bonne vingtaine de pages. L’ouvrage n’a pas été conçu pour « rendre hommage » à la politique européenne de Berlin : dans la bonne tradition des instituts de recherche allemands qui sont financés par l’État allemand tout en pouvant se montrer critique à son égard, les analyses
passent en revue l’ensemble de la politique européenne de l’Allemagne tout en observant une distance critique et objective.
L’ouvrage s’organise en six grands chapitres. L’introduction (ou premier chapitre), ainsi que le chapitre deux étudient les principes de base et les
grandes orientations de la politique de construction européenne de la République fédérale, son ancrage dans la Loi fondamentale, l’emprise du droit européen sur le système politique allemand et le bénéfice économique que l’Allemagne tire de son appartenance à l’Union européenne (UE). Le chapitre trois analyse l’interaction entre la politique intérieure et la politique européenne de l’Allemagne, en analysant le processus de prise de décision européenne au sein du gouvernement allemand, l’implication du Parlement
européen et de la chambre des Länder dans ce même processus, le rôle de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe, la dimension européenne présente dans
les programmes des partis, l’action des lobbies allemands gravitant autour de Berlin et Bruxelles, ainsi que le poids de l’opinion publique dans la définition de la stratégie européenne du gouvernement fédéral.
Les chapitres quatre et cinq étudient les grands enjeux de la politique européenne, mettant à chaque fois en évidence le positionnement allemand : pour le chapitre quatre il s’agit des politiques budgétaires et des politiques de redistribution financière, de la politique monétaire (zone euro), du marché intérieur, de la protection du consommateur, ainsi que des politiques climatiques, environnementales, sociales et sécuritaires (sécurité intérieure) ; le chapitre cinq étudie les politiques extérieures de l’UE et le
positionnement allemand : politique commerciale, politique étrangère et de
défense commune, élargissement à l’Est, politique de voisinage et politique
méditerranéenne. Le chapitre six présente quatre visions de la politique
européenne de l’Allemagne, venues de pays voisins (France, Royaume-Uni,
Italie et Pologne). Enfin, le chapitre sept propose une conclusion qui analyse la politique allemande vis-à-vis de l’UE sous l’angle de la théorie des relations internationales. Une chronologie et une très vaste bibliographie sont présentées en fin d’ouvrage.
Le Handbuch zur deutschen Europapolitik est une source inépuisable d’informations sur tous les aspects de la politique européenne de l’Allemagne. Voici donc un ouvrage aussi peu léger qu’indispensable.
Hans Stark
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