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Une sélection d’articles publiés en texte intégral, et en accès libre.

Trump II : le choc des idéologies

Le numéro d’automne 2025 de Politique étrangère (n° 3/2025) vient de paraître. La rédaction vous offre à lire l’un des articles du dossier : « Trump II : le choc des idéologies », écrit par Laurence Nardon, responsable du programme Amériques de l’Ifri.

Depuis janvier 2025, l’administration Trump II semble avoir renoué avec le style et le rythme de l’administration Trump I entre janvier 2017 et janvier 2021. Elle produit un flot incessant d’actualités, faites d’annonces radicales sur les sujets les plus divers mais aussi d’imprécations et de revirements. Au-delà des apparences, elle part sur des bases bien différentes de celles du premier mandat : celles d’un projet politique beaucoup plus résolu sur le fond, mieux préparé et mieux exécuté. D’abord grâce à l’imposante feuille de route que constituent les 922 pages du Project 2025, le programme coordonné par la Heritage Foundation ; ensuite grâce aux responsables triés sur le volet nommés en début d’année.

Haïti 1825-2025 : géopolitique de la dette

À la suite du sondage réalisé sur ce blog, nous avons le plaisir de vous offrir en libre accès et en avant-première l’article du numéro d’automne 2025 de Politique étrangère (n° 3/2025) que vous avez choisi d'(é)lire : « Haïti 1825-2025 : géopolitique de la dette », écrit par Jean Marie Théodat, directeur du département de Géographie de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

L’année 2025 aura été la pire de la lente et continuelle descente aux enfers que vit Haïti depuis plusieurs décennies. Cette assertion revient comme un refrain dans la chronique des malheurs que traverse ce pays de la Caraïbe. À force de la répéter, on finirait par croire que le bilan de chaque année sonne comme la prophétie de celle qui va suivre.

Depuis le terrible séisme de 2010 qui fit plus de 200 000 morts et disparus à Port-au-Prince, le pays est devenu un paradigme de déshérence de l’État. Sous les divers aspects de l’environnement, de l’économie, des institutions, des droits fondamentaux de l’individu, de la santé publique etc., la faillite est patente. Plus de la moitié de la population (12 millions d’habitants) est menacée de famine ; on compte plus de 3 000 personnes assassinées depuis le début de l’année, plusieurs milliers d’autres enlevées et libérées contre rançon ; 1,3 million de personnes ont dû fuir leurs demeures sous la menace des bandits armés qui sèment la terreur dans la capitale ; l’espérance de vie (62 ans) est la plus faible de tout l’hémisphère américain, et 85 % des Haïtiennes et Haïtiens titulaires d’un diplôme supérieur ou égal à un master vivent à l’étranger. Le tableau est si sombre que le pays confine à un trou noir dans la Caraïbe.

La catastrophe de 2010 avait soulevé une onde d’empathie sans égale dans le monde. Haïti reçut alors plus de 10 milliards de dollars d’aide internationale et une commission spéciale (la Commission intérimaire pour la reconstruction d’Haïti, avec à sa tête les experts les plus chevronnés, dont l’ex-président américain Bill Clinton et l’ex-Premier ministre Jean-Max Bellerive) fut créée pour remédier aux multiples carences de l’État. La mission était double : gérer l’urgence et préparer l’avenir.

Quinze années plus tard, force est de constater que la médication n’a pas eu l’effet escompté : le pays moribond survit dans une convalescence convulsive dont on ne perçoit pas la fin. Le centre-ville de Port-au-Prince est à l’abandon, vidé de ses habitants par la violence des gangs, les principaux bâtiments démolis par le séisme n’ont pas été reconstruits, les bidonvilles prolifèrent comme chancres sur les terres arables, la conurbation de Port au-Prince à Léogâne concentre plus du quart de la population nationale avec des densités de population supérieures à 30 000 au kilomètre carré. Sans adduction d’eau, d’électricité, sans services en tous genres, ces nouveaux quartiers fonctionnent comme des dortoirs et des zones de non-droit où seule règne la logique des gangs.

À la différence de l’émotion planétaire suscitée par la catastrophe de 2010, en 2025, la lente descente aux enfers se poursuit à bas bruit. La tragédie haïtienne ne semble plus intéresser personne. Hors médias locaux et réseaux sociaux qui font leurs choux gras des assauts de brigands, des récits de femmes violées et de maisons incendiées par les bandits, nul ne prête attention à ce qui se passe en Haïti. Or les gangsters contrôlent désormais les points névralgiques du territoire et l’essentiel de la zone métropolitaine. Les principaux axes qui conduisent de la capitale vers les villes de province sont sous leur contrôle. Ils rançonnent et font payer des taxes inopinées aux quelques rares commerçants qui s’aventurent encore sur les marchés, tandis que les grandes maisons de commerce et les principales usines ne fonctionnent que sous peine de verser aux rançonneurs qui contrôlent les rues.

Cette manière de tenir sous la menace la population civile et de lui extorquer de l’argent coïncide, comme en écho (à une autre échelle, mais de façon tout aussi désastreuse pour la population), avec la commémoration de l’épisode de 1825, où le baron de Mackau exigeait 150 millions de francs-or des Haïtiens pour reconnaissance de leur indépendance.

Deux cents ans après avoir dû plier sous la menace de la canonnière française, les Haïtiens redécouvrent, au milieu de leurs tourments, un pan entier de leur histoire et le partagent avec le monde comme une cause profonde de leur sous-développement et des avanies subies depuis des siècles. Il n’est jusqu’aux élites mafieuses haïtiennes, notoirement impliquées dans le naufrage du pays, pour chercher à se dédouaner, par cet alibi, de toute responsabilité dans le désastre national. Le souvenir douloureux de l’esclavage est insoluble dans les tourments de l’insécurité actuelle. Tous les torts semblent portés par Paris, dont les déboires en Afrique subsaharienne ravivent le souvenir de sa politique néocoloniale vis-à-vis d’Haïti, en contradiction ouverte avec les principes des droits de l’homme prônés par la diplomatie française et censés guider sa conduite.

Mais que savent les Français de la réalité haïtienne ? Au-delà des déclarations convenues sur l’importance de sa littérature et son apport crucial à la vivacité culturelle de la Caraïbe, rien ne vient témoigner d’une connaissance véritable ni d’une envie de savoir. Haïti demeure une mascotte
de la rubrique des faits divers, pimentant une actualité internationale en quête de sensation. La prodigalité du pays en matière d’enlèvements crapuleux, de trafic de drogue et d’organes étant légendaire, il faudra du temps pour diluer certaines images dans les représentations vernaculaires. […]

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Lisez en intégralité l’article de Jean Marie Théodat ici.

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(n° 3/2025) ici.

Naviguer sur l’océan multilatéral : lost in decomposition ?

Le numéro d’été 2025 de Politique étrangère (n° 2/2025) vient de paraître. La rédaction vous offre à lire l’un des articles du dossier : « Naviguer sur l’océan multilatéral : lost in decomposition ? », écrit par Frédéric Ramel, professeur en sciences politiques à Sciences Po et chercheur au CERI.

En déclin, déboussolé, voire aux portes du crépuscule : les pessimismes s’accumulent à l’endroit du multilatéralisme, amplifiés par l’entrée dans le second mandat de Donald Trump. Comme pratique diplomatique plus ou moins institutionnalisée commençant avec trois États, ce multilatéralisme peut revêtir une pluralité de formes, le long d’un continuum allant de la simple coordination entre États aux actions des organisations intergouvernementales dotées d’une personnalité morale, d’un siège et d’une bureaucratie. Le multilatéralisme est aussi et surtout une « technique normative de réalisation du droit international, qui concerne tant sa production que son application». La matière même de ce droit consiste à établir des liens de plus en plus serrés entre les États, par la formulation d’objectifs communs, la pacification des relations internationales ou encore l’universalisation des règles et des conduites. Né au XIXe siècle d’une gestion collective d’enjeux techniques variés comme les transports ou les communications, il a investi le champ de la guerre et de la paix à partir de 1919 avec la Société des Nations.

Quels que soient les objets de négociation diplomatique, ce multilatéralisme s’apparente à une politique du tissage ayant pour visée de faire converger les volontés à partir de frictions, de tensions, de compétitions entre les États. Que ce tissage se réduise à canaliser l’unilatéralisme ou qu’il promeuve des biens publics mondiaux de manière robuste, il renvoie bel et bien à l’idée de maillage au cœur de la société mondiale. Aujourd’hui, ce maillage s’est à la fois complexifié et relâché.

La complexité tient à la multiplicité des organisations multilatérales qui interagissent et à la présence de cadres multilatéraux hors de celles-ci. En résultent une tendance à la marginalisation des Nations unies et de son système d’institutions spécialisées dans l’archipel de la gouvernance mondiale, ainsi qu’un multilatéralisme qualifié de brouillon. Un autre aspect de la complexité réside dans l’entrelacement des enjeux mondiaux, dont la gestion ne peut plus être envisagée en silo : voir l’approche One Health, qui a pour ambition d’articuler les mesures relevant des santés environnementale, animale et humaine. D’où la question de la coordination de l’ensemble de ces acteurs multilatéraux. Quant au relâchement du maillage multilatéral, il renvoie à des conduites moins respectueuses des règles, voire à leur violation pure et simple, comme l’illustre l’agression de la Russie sur l’Ukraine en 2022. Quelles sont les conséquences de ces phénomènes sur le canevas multilatéral ?

De grandes puissances – y compris les États-Unis qui ont pourtant contribué à faire éclore le système des Nations unies – cherchent à se libérer de ce qui fait l’esprit même du multilatéralisme. Celui-ci n’est pas seulement prisonnier d’un système international « en transition ». Lorsque certaines représentations du monde, qui s’éloignent d’une conscientisation planétaire, façonnent les politiques étrangères, elles affectent le multilatéralisme conventionnel. L’Organisation des Nations unies (ONU) est alors fragilisée, bien qu’une énergie sociale se manifeste en vue de la réformer. En parallèle, les formes multilatérales souples, comme la diplomatie de clubs ou le minilatéralisme, exercent une attraction qui a pour résultat d’alimenter un polycentrisme décisionnel. D’autres tendances moins visibles se superposent à ce polycentrisme, mettant l’accent sur une recomposition complexe des manières de vivre le multilatéralisme contemporain. […]

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Lisez en intégralité l’article de Frédéric Ramel ici.

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(n° 2/2025) ici.

[CITATION] Éditorial PE 2/2025

Retrouvez l’éditorial du numéro 2/2025 ici.

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