Étiquette : Afrique du Nord

Libya’s Fragmentation: Structure and Process in Violent Conflict

Cette recension a été publiée dans le numéro d’été de Politique étrangère (n° 2/2020).
Jalel Harchaoui propose une analyse de l’ouvrage de Wolfram Lacher
, Libya’s Fragmentation: Structure and Process in Violent Conflict (I.B. Tauris, 2020, 304 pages).

Consacré à la Libye post-Kadhafi, l’ouvrage de Wolfram Lacher est certain de devenir une référence incontournable sur le pays nord-africain. Le livre retrace des pans entiers du conflit civil qui s’est ouvert sur les soulèvements du 15 février 2011, et dure encore. Plusieurs épisodes significatifs y sont relatés avec une rigueur rare. Les maints séjours effectués en Libye par l’auteur depuis 2007 lui donnent accès à un large éventail de témoignages et de détails factuels. Certains moments clés sont même restitués presque heure par heure.

L’Afrique du Nord après les révoltes arabes

Cette recension a été publiée dans le numéro d’été de Politique étrangère (n° 2/2020).
Denis Bauchard propose une analyse de l’ouvrage de Luiz Martinez, L’Afrique du Nord après les révoltes arabes (Presses de Sciences Po, 2019, 224 pages).

Paradoxalement, l’Afrique du Nord, dont les liens historiques avec la France sont forts, est moins couverte que le Moyen-Orient par les chercheurs qui s’intéressent au monde arabe. La contribution de Luis Martinez est ainsi bienvenue pour la connaissance de cette région qui nous est proche à bien des points de vue.

Les enjeux du chaos libyen

Suite au sondage réalisé sur ce blog, nous avons le plaisir de vous offrir l’article du numéro d’été 2015 de Politique étrangère que vous avez choisi : « Les enjeux du chaos libyen », par Archibald Gallet.

couv pe_2-2015Depuis la révolution de 2011, la Libye s’enfonce dans une spirale destructrice ayant des conséquences en Afrique du Nord, dans le Sahel et toute la Méditerranée. Le conflit a fait près de 30 000 victimes[1], et depuis le début de l’année 2015, le pays se constitue en base régionale du djihadisme. La production et l’exportation du pétrole, qui représente la quasi-totalité des exportations libyennes, ont chuté de plus de 80 % par rapport aux niveaux d’avant guerre. Les déplacés et réfugiés se multiplient, à l’intérieur du pays[2] et dans les pays voisins, et l’absence d’État offre un terrain privilégié à des organisations criminelles, qui contrôlent parfois des portions entières de territoire et se livrent au trafic de drogue, d’armes et de migrants – dont le nombre est en constante augmentation. Continuer la lecture sur Cairn.info.


[1] Source : Libya Body Count.

[2] Près de 287 000 en octobre 2014 (Agence des Nations unies pour les réfugiés).

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Afrique du Nord – Moyen-Orient

Article issu de Politique étrangère (4/2011), paru le 21 décembre 2011, portant sur l’ouvrage Afrique du Nord – Moyen-Orient : révolutions civiques, bouleversements politiques, ruptures stratégiques (éd. 2011-2012) dirigé par Frédéric Charillon et Alain Dieckhoff (La Documentation française, 2011, 146 pages). L’article qui suit a été rédigé par Denis Bauchard.
Retrouvez Denis Bauchard et Frédéric Charillon dans le prochain numéro de PE (1/2012), dans un dossier sur les soulèvements arabes.

Depuis la disparition du regretté Rémy Leveau, la direction de l’ouvrage collectif publié annuellement par La Documentation française sur l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient a été reprise conjointement par Frédéric Charillon et Alain Dieckhoff. Il apporte chaque année une analyse des événements les plus marquants qui secouent ces régions pleines de turbulences. La livraison de cette année fait une large place au « printemps arabe » et à ses conséquences géopolitiques.

F. Charillon, qui l’introduit sur le thème des « révolutions civiques, bouleversements politiques, ruptures stratégiques », essaie de dégager quelques conclusions provisoires à partir de plusieurs constats. Il souligne en particulier la « nature à la fois populaire, consensuelle et spontanée » des mouvements observés. Il remarque que les doctrines d’ensemble face à cette situation sont trop larges. Une « doctrine Powell », comme une « politique arabe » trop globalisante, ne sont plus utilisables. Une approche plus pragmatique, plus au coup par coup, lui paraît à juste titre indispensable. La principale leçon est sans doute celle de la nécessité de la « révision totale d’un certain nombre de concepts ou de référents qui avaient marqué par le passé la relation de l’Europe avec les États arabes ». Ainsi recommande-t-il des « recompositions diplomatiques ». L’Union pour la Méditerranée (UPM) avait fait du président Hosni Moubarak un partenaire majeur pour mettre sur les rails ce projet ambitieux. À l’évidence, la situation actuelle définit une nouvelle donne, qui oblige l’Europe, et plus précisément la France, à adapter ses outils de coopération avec les pays méditerranéens du Sud. Pour les États-Unis, qui ont choisi de soutenir les révolutions arabes, la situation n’est pas sans risques. L’Arabie Saoudite n’a pas caché sa désapprobation sur la façon dont le président Barack Obama a « lâché » le président Moubarak, comme par le passé le président Jimmy Carter avait abandonné le Shah. Pour les acteurs régionaux eux-mêmes, arabes ou non arabes, comme Israël, la Turquie et l’Iran, l’évolution des événements devrait conduire à une adaptation, voire à une redéfinition, de leur politique étrangère.

L’ouvrage aborde successivement les situations de l’Égypte, de la Tunisie et des Territoires palestiniens avant d’analyser le développement préoccupant des activités d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) et d’évoquer, plus largement, la place et le rôle de l’islam dans les sociétés arabes.

S’agissant de l’Égypte, Vincent Romani, professeur à l’université du Québec à Montréal, rappelle que la révolution a été précédée dès 2004 de multiples signes annonciateurs, de mouvements sociaux mais aussi d’une contestation politique de plus en plus forte. Il souligne le caractère essentiel des enjeux pour l’armée, qui entend tout à la fois « organiser à son avantage et au plus vite son retrait de la scène politique tout en maintenant son pouvoir économique et politique ». L’évolution récente montre la difficulté pour l’armée de poursuivre ces objectifs largement contradictoires et de gérer la situation en alternant répression et conciliation, tout en s’efforçant de contrôler une épuration qu’elle entend réduire au strict minimum. Elle y réussit pour l’instant au prix d’une dégradation de son image. Quant aux Frères musulmans, qui ont su récupérer la révolution, ils restent à l’évidence un acteur incontournable dans le processus politique qui se précise.

L’évolution de la situation tunisienne, évoquée par Flavien Bourrat, montre à quel point le passage d’un État policier à un État de droit est délicat ; si l’armée se veut gardienne des institutions, son jeu est ici plus clair que celui du Conseil supérieur des forces armées (CSFA) égyptien. Mais en Tunisie aussi, les islamistes entendent récupérer la révolution : s’ils « peinent à définir un projet politique lisible et cohérent », ils demeurent des acteurs inévitables, avec lesquels les révolutionnaires devront compter. Un consensus semble se dégager pour mettre en place des garanties afin d’éviter le retour d’un pouvoir despotique. À cet égard, l’évolution de la Tunisie mérite d’être particulièrement suivie. Plus que tout autre pays arabe, elle détient les atouts pour bâtir une véritable démocratie.

Cet ensemble de contributions reste pertinent à la lumière des évolutions récentes : il donne des clés intéressantes pour la compréhension d’événements parfois déroutants. Si certains traits sont communs à l’ensemble du monde arabe, chaque pays témoigne d’une spécificité qui laisse penser que les révolutions arabes connaîtront sans doute des évolutions et des destins fort différents.

Pour vous abonner à la revue Politique étrangère, rendez-vous sur le site de la Documentation française.

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