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L’article « Aux origines des désaccords transatlantiques » a été écrit par l’ancien diplomate Gabriel Robin, dans le numéro 4/1982 de Politique étrangère.
Le sommet de Versailles, en juin dernier, passait pour avoir rétabli l’harmonie atlantique. Il a suffi de quelques jours pour que, sous le vernis du trompe-l’œil, reparaissent les vieilles lézardes et, avec elles, des questions vingt fois ressassées : pourquoi ces divisions ? S’agit-il de malentendus ou de désaccords ? D’une simple « querelle de famille », comme veut le croire Ronald Reagan, ou d’un « divorce progressif » comme paraissait le craindre, au mois de juillet, Claude Cheysson ?
Il est vain de chercher, dans les données immédiates de la crise ou dans les arguments échangés, de quoi départager les deux thèses. La dispute est de celles que l’on minimise ou dramatise à volonté. Selon les besoins de la cause, il est aussi aisé de l’élever à la hauteur d’un débat de principe que de la réduire à une affaire de gros sous ; aussi tentant de mettre l’accent sur la passion des acteurs que de rappeler les limites de l’enjeu ; aussi légitime, enfin, de se laisser impressionner par la vigueur des prises de position que d’observer, des deux côtés, un égal refus des extrémités déchirantes. Les optimistes ont sans doute raison de parier qu’après quelques éclats de voix, les frères ennemis se jureront à nouveau une loyauté éternelle. Les pessimistes n’ont pas tort de prévoir qu’avant longtemps une autre querelle aura mis fin à cette… éternité.
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