In an extraordinary about-turn, the invasion of Ukraine has forced Germany to abandon its “culture of restraint” and to increase its defense spending dramatically. Berlin has even abandoned its principles of not exporting arms to countries at war and has announced that it is sending thousands of anti-tank and anti-aircraft weapons to Kyiv, to be followed by tanks and rocket launchers.
On August 31, 2021, after twenty years of war against the Taliban, American troops withdrew from Afghanistan. This brought an end to the longest conflict ever waged by the United States (US), and marked the final phase of disengagement of the US’s military resources, which had been deployed on a massive scale in the Middle East since 2001. It indicated an operational change in the fight against terrorism, now no longer an open declared war, but once again a covert war. Most commentators drew a line under the event as an end to the sequence that began on September 11, 2001. But on a more fundamental level, the withdrawal from Afghanistan signaled an end to the policy of military interventionism pursued by the West since 1991.
Cette recension a été publiée dans le numéro d’hiver 2022 de Politique étrangère (n° 4/2022). Laure de Roucy-Rochegonde propose une analyse de l’ouvrage d’Ingvild Bode et Hendrik Huelss, Autonomous Weapons Systems and International Norms (McGill-Queen’s University Press, 2022, 196 pages).
Les normes internationales existent précisément pour fixer les standards en matière d’usage de la force. Cependant, avertissent les auteurs, l’émergence de systèmes d’armes autonomes – capables d’identifier une cible et d’ouvrir le feu sans intervention humaine – met en péril cette architecture normative. D’une part, ces standards sont conçus pour les humains, ce qui laisse planer le doute quant à leur compréhension et leur application par des machines. D’autre part, les essais, le développement et le déploiement de systèmes d’armes dotés de fonctionnalités autonomes donnent lieu à de nouveaux usages, qui influent également sur l’évolution des normes éthiques et légales.
Compte tenu de l’actualité, nous vous offrons également à lire en avant-première cette recension, par Michaël Levystone, chercheur au Centre Russie/NEI de l’Ifri, de l’ouvrage de David Teurtrie, Russie, le retour de la puissance(Armand Colin, 2021, 224 pages). Cette recension sera publiée dans le numéro de printemps 2022 de Politique étrangère (n° 1/2022) qui paraîtra le 8 mars prochain.
La Russie est-elle toujours cette « puissance pauvre » évoquée en 1993 par Georges Sokoloff, aux visées hégémoniques très supérieures à ses moyens réels ?
Engluée dans un humiliant déclassement avant la relative prospérité de la décennie 2000, la Russie reprend sa place parmi les puissances majeures du globe au tournant des années 2010. Ce « retour » tient en particulier au renouveau de son armée qui, sous Vladimir Poutine, a fait l’objet d’une refonte structurelle et bénéficié d’un effort budgétaire contrastant avec les sous-investissements chroniques des années 1990. Auréolé d’un prestige militaire retrouvé, dont témoigne la mise au pas des indépendantistes tchétchènes, Moscou fait à nouveau figure de puissance hégémonique crédible. D’un côté, la Russie consolide son leadership dans son étranger proche : création de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) avec l’Arménie, la Biélorussie, le Kazakhstan, le Kirghizstan et le Tadjikistan ; déstabilisation du Donbass en Ukraine par un soutien officieux aux séparatistes pro-russes. De l’autre, elle étend son influence au Moyen-Orient, où son intervention en Syrie lui permet de garder la concession des bases navale de Tartous et aérienne de Hmeimim, mais aussi en Afrique, avec le déploiement des mercenaires de la société privée Wagner en Centrafrique et en Libye.
La politique de résilience conduite par Vladimir Poutine depuis son arrivée au Kremlin en 2000 a d’autres résultats notables. Décidée en réponse aux sanctions économiques édictées par les États-Unis et l’UE pour punir la Russie d’avoir fait main basse sur la Crimée en 2014, la substitution aux importations de la production nationale (importozameŝenie) permet à Moscou de développer une puissante industrie agricole et de s’imposer comme l’un des principaux exportateurs mondiaux de céréales – avec 20 % du commerce mondial de blé. L’État cherche à dupliquer cette stratégie de développement (astucieusement qualifiée par l’auteur de « substitution des exportations ») dans l’industrie extractive, où la montée en gamme annoncée dans la transformation et les productions à plus forte valeur ajoutée que la simple exportation de matières premières peinent encore à se concrétiser.
Par ailleurs, ayant considéré très tôt le soft power comme un élément complémentaire du hard power, Moscou a une longueur d’avance sur nombre de pays, notamment européens, dans le domaine du numérique, où sa stratégie est à la fois défensive – préserver la souveraineté de l’internet russe (RuNet) face à l’influence occidentale – et offensive – déployer une diplomatie d’influence à l’étranger. Les nombreuses solutions numériques russes (le moteur de recherche Yandex, le réseau social VKontakte, les plateformes de commerce en ligne Ozon et Wildberries, ou encore la messagerie électronique Mail.ru) garantissent l’autonomie de l’État dans un secteur jugé stratégique.
Le « retour de la puissance russe » ne doit pas faire oublier ses défis intérieurs. Ce pays, dont le produit intérieur brut nominal ne dépasse pas celui de moyennes puissances, reste tributaire de sa rente pétro-gazière dans un contexte de décarbonation des économies. De plus, en dépit de mesures natalistes et contre l’alcoolisme et le tabagisme, la démographie russe s’effrite, tendance aggravée par le coronavirus. Et la question de « l’après- Poutine » est toujours sans réponse à l’heure où est publié cet excellent état de l’art sur la Russie.
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